Vivre avec elle

 

Disclaimer : Le concept et les personnages de The sentinel sont la propriété de Danny Bilson, Pet Fly et Paramount. Je n'ai aucune intention de voler le copyright. Cette histoire et les personnages qu'elle contient sont la propriété exclusive de l'auteur excepté le personnage de Sarah MacLane qui est la propriété de son auteur Scilia

Style : Gen

Résumé : Suite de Killerman, où l'on apprend comment Blair, Jim et Sarah arrivent à cohabiter. La suite s'étend sur une trentaine d'années avec quelques rebondissements que je vous laisse découvrir.

Auteur : Je serais ravie de recevoir votre avis favorable ou non sur mon travail, n'hésitez pas : scilia

Note de l'auteur : J'ai écris cette suite "à cause" des filles de la ML Frenchsentinel qui voulait savoir comment Blair, Jim et Sarah pourraient cohabiter ensemble après le mariage de Jim et Sarah dans Killerman. J'y ai pris beaucoup de plaisir et me suis amusé à faire de ma bêta Raf, la petite amie de Blair. Autant pour lui faire plaisir, que pour la remercier pour les longues heures passées à m'écouter et avoir corrigé cette fic. Bonne lecture.

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Chapitre un

Blair frappa à la porte et entra. Il regarda tous les objets familiers, qui pourtant ne l'était plus vraiment. Il entendit des voix au premier. Il lança un " bonjour " auquel les voix répondirent en riant. Jim descendit les escaliers suivit de Sarah. Elle alla vers le coin-cuisine et leur prépara leur petit-déjeuner. Blair n'en revenait toujours pas, cela faisait cinq ans que ses amis étaient mariés. Non, quatre reprit-il mentalement. Ils n'avaient pas tenu à faire savoir qu'ils étaient mariés avant l'affaire Killerman. Leur relation officielle avait donc commencé quelques semaines plus tard. Tout le monde avait trouvé cela naturel, Jim ayant sauvé Sarah d'une mort certaine.

- Ca va Blair ? demanda Jim en servant le café
- Oui, je pensais juste à l'enquête
- Jim, m'en a parlé. Vous allez arrêter Rodriguez aujourd'hui ? intervint Sarah
- Oui, à condition notre indic ne nous ai pas menti, et que la cargaison d'armes arrive bien ce soir répondit Blair
- Tu n'as pas utilisé tes sens ? interrogea Sarah
- Si, il n'a pas menti, mais rien ne dit que Rodriguez n'a pas changé ses plans
- C'est toujours le risque dans ce genre d'affaires dit Sarah en posant le plat de pancakes sur la table

Ils continuèrent à parler de l'enquête, en mangeant. Sarah regrettait de ne plus être à la criminelle. Son mariage avec Jim, l'avait obligé à changer de service. Elle était désormais inspecteur à la brigade des mineurs. La transition n'avait pas été très facile, ses nouveaux collègues n'arrêtaient pas de la tester. Finalement, à force de travail, elle avait réussi à leur prouver qu'elle était un bon inspecteur. Sarah avait vraiment eu du mal à se remettre en question, à devoir refaire ses preuves alors qu'elle était flic depuis quatre ans. Jim l'avait aidé comme il avait pu, proposant même d'aller voir le capitaine Johnson, qui était un ami de Simon. Ce qu'elle avait refusé catégoriquement, Sarah MacLane était trop fière pour demander de l'aide. Elle avait gardé son nom de jeune fille, pratique courante quand deux policiers se mariaient, pour éviter les confusions.

- Merci pour ce fabuleux petit-déjeuner Sarah, dit Blair
- Oh toi, tu veux me demander quelque chose, répondit-elle en souriant
- Je ne peux même plus te faire de compliment ? dit-il d'un air innocent
- Si, bien sur. Mais je te connais Blair, alors qu'y a t il ?
- Eh bien, j'aimerais vous présenter ma dernière conquête, Rafaëla
- Tu vas l'adorer, ma chérie
- Tu la connais Jim ? Blair a une nouvelle petite amie et tu ne m'as rien dit ?
- Attention, terrain glissant dit Blair en riant
- Elle est venue le chercher au central, l'autre jour
- Il y a vraiment des moments où je regrette de ne plus travailler dit Sarah avec un soupir
- Ne t'inquiètes pas, c'est provisoire. En tout cas, je me disais qu'un petit dîner à quatre te tenterais peut être ?
- Oui, bien sur, mais hors de question que je cuisine en ce moment
- Je vous invite au restaurant
- Ca marche, tu verras avec ce monsieur pour une date, dit-elle en montrant Jim du doigt, puisque tout dépend de votre enquête
- En parlant d'enquête, il faut qu'on y aille grand chef.
- Tu as raison Jim. A ce soir, beauté dit Blair en faisant la bise à Sarah
- Hé, c'est à ma femme que tu parles là. Tu ne changeras jamais Blair, dit Jim en lui donnant une tape sur l'épaule

Blair se dirigea vers la sortie et alla attendre Jim près de la jeep. Il aimait laisser le temps à ses deux amis de se dire au revoir, qu'ils aient un peu d'intimité. Blair avait mis du temps à comprendre que ses peurs étaient injustifiées. Jim n'avait pas changé d'attitude vis à vis de lui, leur amitié était différente mais toujours aussi forte. Sarah avait fait tout son possible pour qu'il se sente bien avec eux, ou plutôt, pour qu'elle ne devienne pas une source de conflit. Elle ne s'était pas installé du jour au lendemain au loft. Elle avait pris le temps que Blair s'habitue à l'idée, en restant un jour ou deux par semaine avec eux. Jim n'avait pas voulu intervenir. C'est à la demande de Blair, que Sarah avait vendu son appartement pour s'installer avec eux.

- A ce soir, Sarah dit Jim en lui donnant un baiser
- Fais attention à toi, mon amour
- J'ai une raison supplémentaire de faire attention dit-il en souriant. Ne t'inquiètes pas, je serais prudent. Et puis, Blair veille sur moi.
- Je sais, mais j'ai un mauvais pressentiment
- C'est normal en ce moment. Tout va bien se passer, j'en suis sur
- Oui, sans doute dit Sarah d'une petite voix
- Viens là

Sarah se blottit dans les bras de son mari et poussa un soupir. Jim avait raison, elle devait chasser ce pressentiment. Ils restèrent un petit moment enlacés, profitant du bonheur d'être ensemble. Sarah le laissa partir à regrets. Elle regarda la porte se fermer et alla jusqu'à la baie vitrée qu'elle ouvrit. Elle monta sur le balcon et regarda les deux hommes monter dans la voiture. Elle leur fit un petit signe de la main, rituel du matin depuis que Sarah restait au loft. Elle rentra et se fit une deuxième tasse de thé. Pendant que l'eau chauffait, elle décida d'aller chez Blair, chercher le livre dont il lui avait parlé la veille. Elle traversa le salon et ouvrit la porte de communication entre les deux appartements. Celui de Blair était beaucoup plus petit que le loft, mais il était douillet. Cela faisait un peu plus de quatre ans, que Blair avait acheté l'appartement d'à côté.

Il était arrivé un soir au loft, avec un sourire béat et une bouteille de champagne. Jim et Sarah avaient été surpris quand il leur avait annoncé la nouvelle. Blair avait appris que leur voisine, Me Wilson, était décédée et sans héritier. Il avait été réussi à trouver le nom du notaire, qui s'occupait des affaires de la vieille dame, et lui avait fait une proposition pour l'appartement. Le notaire avait accepté et Blair leur avait montré l'acte de propriété à son nom. Il était fier d'avoir acheté cet appartement. Jim avait été un peu déçu qu'il ne lui ai pas fait part de ses projets, mais la joie de son ami lui avait vite fait oublier tout cela. Le déménagement avait été assez rapide, Blair ne possédait pas grand chose. Mais en chinant et avec l'aide de tous leurs amis, qui étaient ravi de se débarrasser de telle ou telle chose, Blair avait vite rempli l'appartement. Dans le fond, cela n'avait pas changé grand chose. Blair prenait toujours ses repas avec le couple. Au départ, il se servait de son appartement pour dormir. Puis, peu à peu, Blair avait espacé ses visites et profiter pleinement de son appartement. Tous les trois avaient néanmoins décidé de se réunir pour les petits-déjeuners, et au moins un soir par semaine.

Sarah trouva le fouillis habituel. Blair n'était plus anthropologue mais des piles de livres traînaient un peu partout, des masques étranges, des reliques de son passé. Elle trouva le livre qu'elle cherchait et se promit de revenir un peu plus tard, pour ranger l'appartement de Blair. Elle repassa la porte en essayant de se rappeler qui en avait eu l'idée, mais elle n'arrivait pas à s'en souvenir. Elle se servit son thé, s'allongea sur le canapé et ouvrit son livre. Et nous voilà reparti pour une journée de repos mon bébé dit-elle en passant la main sur son ventre rebondi. Elle se sentait un peu comme un cachalot affalé sur un banc de sable, mais le médecin avait été intransigeant. Repos obligatoire sous peine d'accouchement prématuré. Le bébé devait arriver le mois suivant. Sa chambre était déjà prête. Seul le lit manquait, Sarah avait refusé de l'acheter avant la naissance prétextant que cela portait malheur. Elle devait reconnaître que recycler l'ancienne chambre de Blair en nursery, ne lui avait pas déplu. La pièce était spacieuse et pouvait contenir des tonnes de jouets. Sarah étant condamnée au repos, tous leurs amis étaient venus l'aider à arranger la chambre à son goût. Simon, Joel, Brown, Rafe, … Ils avaient passé des week-ends mémorables, elle sourit en y repensant.

 

Chapitre 2

Il était midi. Jim et Blair attendaient leur indic dans un café sur Brenanstreet. Il devait leur confirmer, si possible, que les armes arrivaient bien ce soir. L'entretien ne dura que quelques minutes. Les deux hommes quittèrent rapidement le café, après avoir été délesté de cinquante billets.

- Apparemment rien n'a changé, dit Blair
- Non, j'espère qu'il n'essaye pas de nous avoir. On ne le connaît pas depuis longtemps.
- Je ne pense pas. Alors on le fait quand ce repas ? demanda Blair pour détendre l'atmosphère
- Tu es si impatient de présenter Rafaëla à Sarah ?
- Un peu, oui. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose de spécial entre elle et moi. Un peu …comme avec Maya
- Ne te fais pas de mal inutilement, grand chef. Maya a choisi sa voie et malheureusement, ce n'était pas la bonne.
- C'est vrai… Tu sais, reprit Blair, je vous envie beaucoup Sarah et toi. Vous avez l'air si heureux.
- Je croyais que ta vie de Don Juan te plaisais ?
- Oh c'est loin d'être désagréable c'est vrai mais… je vais avoir 33 ans et j'aimerais bien fonder une famille avant d'être vieux et tout ridé
- Comme moi tu veux dire ? demanda Jim en souriant
- Oui, c'est ça répondit Blair en plaisantant
- Je suis si vieux que ça ?
- Non, ce n'est pas ça. C'est juste que 40 ans, je trouve que c'est un peu tard pour un premier enfant.
- Tu n'as pas vraiment tort. J'aurais 60 ans quand il, ou elle, en aura 20, mais je l'aimerais autant que si j'en avais 30. Et puis, mon père n'était guère plus jeune que moi à la naissance de mon frère.
- J'imagine que ton père est content, tu ne m'en as pas parlé depuis un moment
- Il est souvent en déplacement en ce moment. Quand je l'ai appelé, il a été ravi de savoir que la famille allait enfin avoir un descendant.
- Ce sont ses mots ?
- Oui. Tu connais mon père, toujours aussi renfermé. Je suis sur qu'au fond de lui, il en piaffait de joie dit Jim en souriant

La sonnerie d'un téléphone retentit. Blair vérifia, ce n'était pas le sien. Jim prit son portable et décrocha.

- Ellison
- Vous êtes bien le mari de Madame Sarah Ellison ?
- Oui, qui êtes vous ?
- Le docteur Collins du General Hospital.
- Il y a un problème avec ma femme ?
- Effectivement, elle est ici. Ecoutez, je ne peux pas vous en parler au téléphone. Pourriez vous passer ?
- Je serais chez vous dans dix minutes.

Jim raccrocha et fit faire demi-tour à la jeep. Blair vit la mine inquiète de son co-équipier. Il ne posa aucune question. Le peu qu'il avait entendu, lui disait que quelque chose de grave c'était passé.

Jim avait peur, il était trop tôt pour que l'accouchement ait déjà eu lieu. De toute façon, le médecin l'aurait rassuré en lui disant que tout allait bien, si cela avait été cela. Il se passait quelque chose. Sarah, pourquoi ne m'as-tu pas appelé ? Elle n'a peut être pas pu le faire répondit une voix. Il accéléra, grillant un feu rouge. Il ne prit pas le temps de garer la jeep, il la laissa devant l'entrée des urgences. Jim courait presque dans les couloirs, Blair sur ses talons. Nous sommes venus ici la semaine dernière et tout allait bien, alors pourquoi cet appel ? Dire que tu as réussi à me convaincre de venir à tes cours d'accouchement, le souvenir fit sourire Jim. Sarah était une des seules personnes à pouvoir lui tenir tête. Elle était forte. Quoiqu'il ait pu se passer, elle arriverait à le surmonter. Pourvu que le bébé… Les pensées se bousculaient dans la tête de Jim. Ils arrivèrent enfin à l'accueil de la maternité.

- Je cherche Sarah Ellison, le docteur Collins m'a dit qu'elle était ici.
- C'est exact, je vais appeler le docteur. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
- Où est ma femme ? Pourquoi dois-je attendre le docteur ? dit Jim en sentant qu'il allait perdre son calme
- Je suis désolée monsieur Ellison, j'ai des consignes.
- Dites-moi, où elle est !!!
- Jim, calmes toi dit Blair en entraînant son ami vers la salle d'attente.

Plusieurs femmes enceintes étaient là, accompagnées ou non, toutes se demandèrent qui était cet homme. Jim les regarda et décida de se calmer, faire un scandale n'arrangerait rien. Ce n'est pas grave, je suis sur que ce n'est pas grave. Il se répétait cette phrase mais il savait que ce n'était pas vrai. Quelque chose de grave c'était produit, son bébé était mort. Cela ne pouvait être que cela. Le pressentiment de Sarah… j'aurais du rester avec elle. Le docteur arriva rapidement et les fit passer dans son bureau.

- Mr Ellison, ce que je dois vous annoncer est …
- Le bébé est mort, c'est cela ? le coupa Jim d'une voix blanche
- Non, vous avez une petite fille en parfaite santé.
- Alors pourquoi m'avoir appelé ?
- A cause de votre femme, elle …
- Elle, quoi ? le coupa Jim
- Madame Ellison est décédée, répondit le docteur désolé
- C'est impossible, je l'ai quitté ce matin et tout allait bien !
- Elle est arrivée en urgence ici, il y a deux heures. D'après les ambulanciers, c'est elle qui les a appelés. Elle perdait beaucoup de sang et…
- Non dit Jim en secouant la tête
- Je suis désolé, nous avons fait tout ce qui était possible. Nous avons pu sauver le bébé mais pas sa mère.

La salle d'attente était remplie du brouhaha des conversations habituelles, les infirmières et les sages-femmes vaquaient à leurs occupations quotidiennes. Le silence se fit d'un coup. Tout le monde avait entendu ce " NON ". Il faisait penser à une bête à l'agonie. La femme de l'accueil et quelques infirmières se regardèrent. Elles savaient qui avait crié et pourquoi. Blair aussi. Il regardait son ami, impuissant. Il n'arrivait pas à croire ce que venait de dire le médecin. Blair se rendit compte qu'il pleurait, il passa la main sur ses yeux. Jim ne disait rien, son dernier cri l'avait laissé vide. Il n'arrivait pas à croire que sa femme n'était plus. Il la voyait encore lui dire qu'elle s'inquiétait pour lui. Il sentait encore le parfum de ses cheveux quand il l'avait pris dans ses bras le matin même. Les mots sortirent péniblement.

- Je veux la voir
- Biens sur. Je vais vous conduire près de votre fille.
- Ma fille ? dit Jim ne comprenant pas
- Oui, vous avez une petite fille. Venez, je vous emmène.

Quand les trois hommes sortirent du bureau, le silence se fit immédiatement. Jim ne s'en rendit pas compte. Blair, voyant le regard triste des futures mamans, compris qu'elles savaient ce qui s'était passé. La naissance d'un enfant était un évènement joyeux, cela n'aurait pas du se passer comme cela. Le docteur Collins les conduisit devant la salle où l'on gardait les nouveau-nés. Il fit signe à une puéricultrice de montrer l'enfant Ellison. La jeune femme prit un bébé dans une des couveuses, l'enveloppa dans une couverture rose et le montra par la vitre. Jim ne regarda pas sa fille. C'était à cause d'elle que Sarah était morte, il ne voulait pas la voir, pas maintenant. Blair s'inquiéta de ce rejet mais se dit qu'il était peut être trop tôt. Jim avait besoin de temps pour surmonter cette épreuve. Il regarda l'enfant. Elle avait les cheveux roux de sa mère et les yeux bleu acier de son père. Le bébé lui fit un genre de sourire. Blair s'avisa que Jim et le docteur étaient déjà reparti. Il les rattrapa à l'ascenseur.

- Elle est très mignonne fit Blair

Jim ne l'écoutait pas. Il avait l'air hagard. Il suivit le médecin dans les couloirs, vers la salle de travail où était sa femme. Le médecin s'arrêta devant une porte. Blair laissa Jim entrer seul, il devait dire adieu à sa femme. La pièce avait été nettoyée. Sarah reposait sur la table, recouverte d'un drap vert. Son visage était serein. Jim avait l'impression qu'elle dormait, et qu'elle allait se réveiller d'un instant à l'autre. Au fond de lui, il savait que c'était impossible. Il lui prit sa main, elle était froide.

- Pourquoi ?

La pièce resta silencieuse. Il n'entendrait plus jamais le son de sa voix. Il ne la verrait plus sourire, il ne l'entendrait plus rire. Jim sentit une lame lui traverser le cœur. Une douleur intense prit possession de lui. Un râle franchit ses lèvres, il émanait des profondeurs de son âme.

Blair discuta avec le docteur Collins. Il lui expliqua que l'état dans lequel Sarah avait été amenée, ne permettait de sauver que la mère ou l'enfant. Blair s'étonna qu'il n'ait pas choisi Sarah. Il en fit la remarque au docteur. Collins lui répondit que Sarah avait signé une décharge, demandant à sauver son enfant avant elle. Blair se doutait que Jim n'était pas au courant, il ne l'aurait jamais laissé signer ce genre de papier. Il décida de laisser à Jim tout le temps qu'il lui fallait, et de prévenir les parents de Sarah. Il demanda au docteur où il pourrait trouver un téléphone, et son numéro au cas où Jim voudrait le rappeler plus tard. Blair composa le numéro. Il avait horreur d'annoncer ce genre de nouvelles, encore plus quand c'était quelqu'un qu'il aimait, qui partait.

- Allô ?
- Monsieur MacLane, c'est Blair Sandburg, l'équipier de Jim
- Ah tiens, comment allez-vous ?
- J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer
- Il est arrivé quelque chose au bébé ? demanda John MacLane, inquiet
- Non, c'est une fille. Elle va très bien.
- Alors qu'essayez-vous de… non, pas ma petite fille !

Blair entendit un bruit de verre brisé dans l'écouteur. Elisabeth, la mère de Sarah, venait d'entrer dans la pièce. Elle avait lâché sa tasse en entendant la dernière phrase prononcée par son mari.

- John, je suis désolé. Les médecins ont fait ce qu'ils pouvaient mais…
- Et Jim, comment va t il ?
- Mal. Il n'a pas voulu voir sa fille
- Nous allons prendre le premier avion pour Cascade
- Je crois que vous devriez attendre un peu. Vous pourriez rester un peu après l'enterrement ? J'ai peur que cela se passe mal avec la petite.
- Oui, bien sur. Nous allons prendre nos dispositions et vous rappellerons ce soir.
- Vous avez mon numéro ? Je ne pense pas que Jim sera…enfin vous comprenez.
- Oui, bien sur.

John MacLane se tourna vers sa femme qui venait de s'asseoir face à lui. Il lui prit les mains et lui annonça la triste nouvelle. Elle fondit en larmes dans les bras de son époux. Après un moment, Elisabeth se reprit. Elle téléphona à leur agence de voyage, pour réserver deux places sur le vol, San Francisco-Cascade, du lendemain. Elle décida d'attendre un peu pour appeler ses deux autres filles.

Blair était revenu voir Jim. Il était assis à côté de Sarah et lui parlait. Blair retourna vers le téléphone, il y avait quelqu'un d'autre à prévenir.

- Banks, j'écoute !
- Capitaine, c'est Sandburg.
- Un problème ?
- Oui, je suis au General Hospital avec Jim
- Sarah a eu son bébé ? C'est une bonne nouvelle ça !
- Simon… Sarah est morte
- Pardon ? Blair, si c'est une plaisanterie elle n'est pas drôle
- Je préférerais, mais c'est la vérité. Il y a eu un problème. Sarah avait demandé que son bébé soit sauvé en priorité. Elle a eu une petite fille mais elle ne la verra jamais
- Mon dieu ! Et Jim, comment …
- Il va mal, je crois qu'il vaut mieux annuler pour ce soir.
- Je vais mettre Taggart et Rafe sur l'affaire. Si vous avez besoin de quoique soit …
- Tout ce qu'il va falloir, c'est du temps dit Blair en raccrochant.

Cette fois, Blair entra dans la salle où reposait Sarah. Il s'approcha de Jim et lui posa la main sur l'épaule. La sentinelle ne fit aucun geste, comme si elle était seule. Blair ne savait pas quoi faire. Il ne pouvait forcer Jim à quitter sa femme, ni à prendre sa fille dans ses bras. Le guide n'avait pas de conseil pour ce genre de cas. Il était impuissant et il détestait cela.


Blair réussi à ramener Jim au loft. Ce fut une erreur, tout rappelait Sarah à son ami. Sa tasse restée sur la table basse, les photos posées un peu partout, son parfum qui flottait dans l'appartement. Blair décida de ramener Jim chez lui, il refusa. Il était 20h, ils n'avaient rien mangé de la journée. Blair chercha quelque chose dans le frigo et se mit à faire la cuisine. Jim était ailleurs. Il passa dans chaque pièce du loft. J'adorais la regarder se maquiller le matin pensa t il en passant dans la salle de bain. Il ignora la chambre d'enfant. Le coin cuisine, lui rappela ce jour où Sarah avait décidé d'essayer une nouvelle recette, un soufflé aux avocats. Le plat s'était révélé infect (1) et Jim avait fini par l'emmener au restaurant en bas de la rue. Le canapé, lui rappela les moments où ils étaient blottis l'un contre l'autre pour regarder la télévision ou discuter. La cheminée, le soir de son 35e anniversaire. Sarah lui avait préparé un festin, avait allumé la cheminée et l'avait attendu dans un déshabillé de satin noir. Ils avaient fait l'amour devant le feu qui crépitait. Tout dans le loft portait la marque de Sarah. Jim monta l'escalier qui menait à leur chambre. Le lit était défait et les draps portaient encore la trace de son corps. Il s'allongea et enfouit sa tête dans l'oreiller de sa femme. C'est un cauchemar. Tu n'es pas morte. Tu vas bientôt passer la porte du loft, me sourire et me demander comment s'est passé ma journée. Non, lui répondit sa raison, tu sais qu'elle ne reviendra pas. Il resta longtemps dans cette position, il ne bougeait pas, se contentait de respirer l'odeur de Sarah. Blair le trouva endormi quand il monta deux heures plus tard. Il le laissa et s'allongea sur la canapé. Il ne voulait pas que Jim affronte la journée du lendemain seul.

 

Chapitre 3

Les deux jours suivants passèrent dans un flou total pour Jim. Il s'occupa des formalités de l'enterrement avec son beau-père, choisit les derniers vêtements de sa femme avec sa belle-mère, passa une fois au central où une foule de gens lui présentèrent leurs condoléances. Il ne retourna pas à l'hôpital voir sa fille. Blair essaya de lui en parler, mais il se heurta à un mur à chaque fois. La seule chose qu'il réussit à obtenir de Jim, ce fut en se querellant avec lui.

- Ca suffit Jim, tu dois aller la voir !
- Laisses moi, Blair s'il te plait.
- Non, cela fait deux jours et ce bébé a besoin de son père !
- Elle a tué sa mère !
- Non, tu es injuste Jim. C'est Sarah qui a fait ce choix, pas ta fille.
- Qu'est ce que tu racontes ?
- Je ne voulais pas t'en parler avant l'enterrement mais … Sarah a signé une décharge à l'hôpital, pour qu'en cas de problème on sauve son enfant avant elle.
- Tu mens !
- Non, je suis désolé mais c'est la vérité !
- Elle n'aurait jamais fait cela, dit Jim en secouant la tête
- Tu en es vraiment sur ?
- Pourquoi aurait-elle fait ça ? demanda Jim incertain
- Parce qu'elle t'aimait, et que votre enfant était le plus beau cadeau qu'elle puisse te faire.
- Je me moque de cet enfant, c'est elle que je veux !
- Tu dois t'occuper de ta fille et pour commencer, tu pourrais lui donner un nom
- Un nom ?
- Oui, vous n'en aviez pas discuté tous les deux ?
- Si mais… Oh Blair, laisses moi je t'en prie.
- Non, il est temps de te réveiller de ta léthargie, de prendre soin du cadeau qu'elle t'a fait
- Mais tu ne comprends pas … je ne veux pas vivre sans elle cria Jim
- Ne dis pas de bêtises ! Tu as des responsabilités à assumer
- Tout cela ne veut plus rien dire sans elle

Jim s'assit sur le canapé. Il se balançait doucement en répétant cette dernière phrase. Tout cela ne veut plus rien dire sans elle. Blair s'approcha et s'assit à côté de l'homme qui lui avait fait découvrir ce qu'était une famille unie. Il le prit dans ses bras, Jim se laissa conter son guide. Il l'avait aidé à maîtriser ses sens, à être plus ouvert, à contrôler la douleur physique hélas, il pouvait rien pour lui en ce moment précis.

- Sarah, dit Jim lentement
- Pardon ?
- Elle s'appellera Sarah, comme sa mère
- C'est une très bonne idée, répondit Blair qui n'en était pas convaincu

Le troisième jour fut celui de l'enterrement de Sarah Amanda MacLane Ellison. Sa famille proche était là : John et Elisabeth, ses parents. Susie Willis, sa sœur, accompagné par son mari et ses deux enfants. Samantha O'Neill, sa demi-sœur qui avait eu son bébé six mois plus tôt, et son mari Jack. William et Steven Ellison étaient là aussi. Tous ses collègues, anciens ou nouveaux, étaient présents. Ses amies d'enfance, des voisins, …Tellement de monde en fait, que Jim se demandait si elle les avait vraiment tous connus. Il était debout, devant le trou qui allait devenir la dernière demeure de sa femme. Le cercueil était posé au dessus de la tombe. Des montagnes de fleurs témoignaient de l'amour que lui portait les gens qui étaient là, et ceux qui n'avaient pu venir. Jim fixait ce trou béant, le cercueil y descendait. Quelque chose lui disait que sa femme allait avoir peur, seule, là-dedans. Il entendait le prêtre parler mais ne saisissait pas ce qu'il disait. Tout ce qui retenait son attention était ce trou. Il ne réfléchit pas et se laissa tomber sur le cercueil. Personne n'osa bouger, même pas Blair, accompagné de Rafaëla, pensant que cela aiderait son ami à surmonter la disparition de Sarah. Le prêtre s'était arrêter de parler, il n'y avait que le silence. Des sanglots se firent entendre, ils provenaient de la tombe. Blair se sentit légèrement soulagé, sa sentinelle donnait enfin libre cours à son chagrin. Il fit signe à Steven et tous les deux allèrent chercher Jim. Il ne protesta pas quand les deux hommes l'éloignèrent du cimetière.

 

Chapitre 4

Cela faisait trois mois. Trois durant lesquels Jim n'avait pas daigné voir sa fille. Il ne s'était pas expliqué, n'abordait jamais le sujet. La petite Sarah était partie avec ses grands-parents à San Francisco. Elle grandissait et était très éveillée pour son âge. Elisabeth venait à Cascade un week-end sur deux, avec la petite, pour que Jim la voie. Evidement à chaque fois, il avait du travail et, n'avait pas de temps à consacrer à sa fille. Le bébé se retrouvait à chaque fois chez Blair et Rafaëla. La jeune femme aimait les enfants. Cela ne la dérangeait pas de s'en occuper mais, elle aurait préféré que son père le fasse. Elle n'osait rien dire à Jim, le connaissant depuis peu de temps.

Blair ne disait pas grand chose non plus, il avait un problème qu'il n'arrivait pas à résoudre : Jim n'était plus une sentinelle. Ils s'en étaient rendu compte à un moment, qui aurait pu être fatal à Jim. Un flag dans un entrepôt, les deux inspecteurs pensaient avoir tous les hommes en joue. Il y en avait un caché derrière des caisses. Jim ne l'avait pas entendu, Blair l'avait vu trop tard. L'homme avait déjà tiré et touché Jim à la jambe. L'inspecteur était arrêté pour un mois et au lieu de tourner comme un fauve en cage, il passait ses journées devant la télévision. Blair s'aperçut que Rafaëla lui parlait.

- Cela ne peut plus durer comme cela Blair ! dit-elle doucement
- Je ne sais plus quoi faire. J'ai essayé d'être dur, gentil, indifférent … rien ne marche avec lui
- Elisabeth va ramener Sarah ce week-end, tu penses que …
- Oh non, il ne la prendra pas.
- Cela ne me dérange pas de m'en occuper, elle est adorable.
- Je sais que tu l'aimes mais, bon sang, c'est à lui de s'en charger. Je t'aime Rafaëla, tu es tellement compréhensive, fit Blair en lui déposant un baiser sur le nez
- Je t'aime aussi, répondit la jeune femme en souriant
- Attends, tu as dis ce week-end ? Nous ne devions pas aller quelque part ?
- Si tu m'avais promis un week-end romantique au bord d'un lac, mais on ne peut pas laisser Sarah toute seule
- Non, nous ne renoncerons pas à ce week-end. Il faut que j'appelle Elisabeth

Rafaëla le regarda en se demandant ce qu'il voulait dire. Elle n'eut pas le temps de lui demander le téléphone sonna, le client dont elle redécorait les bureaux voulait la voir immédiatement. Rafaëla embrassa Blair et partit. Blair décida de passer voir Jim avant de se rendre au central. Il faisait équipe avec Joël pendant l'arrêt de travail de Jim. Il frappa et entra dans le loft. Il trouva Jim dans sa position habituelle, affalé sur le canapé, les yeux dans le vide. La télévision était allumée mais il était évident qu'il ne la regardait pas.

- Jim ?
- Tiens, mon ange gardien. Prends-toi une bière et viens t'asseoir, grand chef
- Il est dix heures du matin, Jim !
- Si tu le dis. Tu voulais quelque chose ?
- Juste savoir comment tu allais. Tu n'es passé nous voir depuis une semaine, depuis que tu es arrêté en fait.
- Je n'ai pas vu le temps passé
- Ce n'est pas vraiment étonnant, tu as vu ton état ? L'état du loft ? Il y a combien de temps que tu n'as pas pris un vrai repas ?
- Si tu es venu pour me crier dessus, tu peux repartir Sandburg !
- Je vois, à plus tard, dit Blair en claquant la porte du loft

Jim regarda la porte se fermer. Il savait que son guide avait raison. Avant cet accident, son travail l'empêchait de penser à Sarah et à sa fille. Blair pensait qu'il ne s'en souciait pas, il avait tort. Il aurait voulu avoir la force de la voir, la toucher mais dès qu'il y pensait, la douleur d'avoir perdu sa femme à cause de ce petit être revenait le hanter. Il se replongea dans l'émission que diffusait la télévision, pour oublier.

Le samedi suivant, Elisabeth MacLane prit l'avion et un taxi jusqu'à l'appartement de Blair et Rafaëla. Les parents de Sarah avaient eu beaucoup de peine à la mort de leur fille. Avoir la petite Sarah avec eux, leur avaient permis de surmonter plus facilement leur chagrin. Bien sur, s'occuper d'un nouveau-né n'avait pas été évident au début. Les nuits, la petite se réveillait au moins deux fois parce qu'elle avait faim et, à soixante ans, il n'était pas évident de tenir le rythme. Blair l'attendait en bas de l'immeuble. Il sortit les deux valises qui étaient dans le coffre du taxi.

- Vous avez fait bon voyage ?
- Oui, la petite a dormi pendant presque tout le vol. Rafaëla n'est pas là ?
- Elle nous attend à l'intérieur.
- Vous savez que vous avez trouvé une perle, Blair ?
- Je compte bien la garder, répondit-il avec un clin d'œil

Elisabeth sourit. La vie continuait son chemin malgré tout. Ils montèrent tous les trois à l'appartement et rejoignirent Rafaëla.

- Bonjour Elisabeth, bonjour ma choupette dit Rafaëla pour les accueillir
- Bonjour, vous avez l'air en pleine forme
- Merci. Vous avez pris le nécessaire ?
- Tout est là répondit Elisabeth en montrant les valises. John pense aussi que c'est la meilleure solution.
- Je crois aussi acquiesça Rafaëla J'espère seulement que tout se passera bien.
- Mais oui, ne vous inquiétez pas et partez tranquillement avec Blair.
- C'est bon dit Blair en revenant
- Alors allons-y, j'espère que nous ne faisons pas une erreur, dit Rafaëla inquiète.


Chapitre 5

Quelque chose réveilla Jim. Il ne comprit pas tout de suite ce que c'était. Il se redressa sur un bras et regarda son radio réveil Il indiquait 19h. Le bruit ne cessait pas, il se leva et descendit péniblement l'escalier. Blair avait raison, le loft était dans un état lamentable. Des papiers traînaient un peu partout, vieux journaux, brown bag, … Jim glissa sur le journal posé sur la dernière marche, et tomba lourdement sur le sol. Sa blessure revint subitement à la charge, lui rappelant que sa jambe n'était pas tout à fait guérie. Il se releva et vit ce qui l'avait réveillé : sa fille. Elle était dans son transat, deux valises et un lit pliant derrière elle.

- Blair tu n'as pas osé me faire ça ! rugit Jim en colère

Jim entra en trombe dans l'appartement de son ami et fut étonné de le trouver vide. Il y avait un mot sur la table.

" Nous sommes partis pour le week-end. Tu as assez de lait dans ton frigo pour Sarah. Un biberon toutes les 3/4h. Penses à la changer en même temps et donnes lui son bain le soir. "

Le mot était signé par Blair, Rafaëla, Elisabeth et John.

- A quoi pensent-ils ? Que je vais m'occuper d'elle parce qu'ils me l'ont laissé ? C'est hors de question, je vais bien trouver quelqu'un pour la garder ce week-end.

Ce que Jim ignorait, c'est que Blair avait prévenu tous leurs amis communs. Il leur avait dit que le seul moyen pour que Jim accepte sa fille, c'était qu'il passe un week-end seul avec elle. Il va s'en dire qu'ils avaient tous acceptés, le bonheur de la petite en dépendait.

Jim revint dans son appartement et examina le bébé. La petite était vêtue d'une jolie petite robe rouge et de petits chaussons assortis. Des petites larmes coulaient le long de ses joues, elle hurlait plus qu'elle ne pleurait.

- Ca va, j'ai compris

Jim regarda dans son frigo et prit un biberon. Il le posa sur les genoux du bébé qui hurla de plus belle.

- Quoi encore ? Tu as faim, prend ton biberon et mange !

Jim, excédé, prit le biberon, le mit dans la bouche du bébé qui l'agrippa. Il allait lui tourner le dos quand elle recommença à pleurer, elle l'avait lâché.

- Bon d'accord, tu as gagné mais c'est seulement parce que je ne supporte pas tes cris

Il prit Sarah et le biberon. Il ne savait pas trop comment la prendre et la tenait à bout de bras. Ils s'installèrent sur le canapé. Jim prit la petite sur ses genoux et lui donna son biberon. Sarah se jeta goulûment dessus, pour tout recracher sur la chemise de Jim.

- Bon sang, mais qu'est ce que tu as encore ? dit-il en posant la petite sur le canapé.

Il prit le biberon et renversa quelques gouttes sur sa main. Il était froid, il supposa que c'était la raison pour laquelle elle n'en voulait pas. Jim le mit quelques minutes au micro-onde et vérifia qu'il n'était pas trop chaud. Il reprit sa fille et lui donna son repas qu'elle ne refusa pas cette fois. Il était très raide au début, mais il se laissa aller au fur et à mesure que la petite buvait. Elle s'endormit dans ses bras une fois le biberon finit. Jim regarda sa fille. Elle avait les mêmes fossettes que sa mère, des cheveux roux bouclés, un petit nez à croquer. Elle souriait dans son sommeil. Jim se sentait plein d'amertume, ce bébé lui avait volé sa femme. Il la posa sur le canapé et s'éloigna, il ne voulait plus la voir. Blair allait en prendre pour son matricule, Rafaëla aussi, sans oublier ses beaux-parents. Jim prit le téléphone et appela toutes les personnes susceptibles de lui venir en aide. Toutes étaient soit occupés pour le week-end, soit absentes. A croire qu'ils se sont passés le mot dit Jim en raccrochant. Il regarda les affaires de Sarah.

- Je ne vais quand même pas les laisser dans le passage, bougonna t il en les montant à l'étage

Il installa le lit pliant à côté du sien et, bien évidemment, se coinça les doigts en l'ouvrant. Il étouffa un juron et décida de jeter un œil à ce qu'il y avait dans les valises. Il y trouva une lettre de sa belle-mère, qui lui donnait les grandes lignes pour s'occuper de Sarah. Pas un mot personnel, juste ce qu'il avait besoin de savoir. Jim referma les valises et les mis dans un coin. Il redescendit la lettre à la main, alla vers le frigo et l'ouvrit. J'aurais les idées plus claires après une bière. Il prit la bouteille et l'ouvrit. Jim s'adossa au plan de travail et examina le loft, un vrai capharnaüm. Il vida sa bouteille dans l'évier et décida de ranger un peu.

Rafaëla et Blair étaient installé à une table de restaurant. La jeune femme était contente d'être là mais, en même temps, elle n'arrêtait pas de se demander comment s'en sortait Jim. Blair la contempla à la lueur des bougies posées sur la table. Châtain, avec quelques mèches blondes qui éclaircissait son visage, de grands yeux marron cachés derrière de fines lunettes. Blair la trouvait divine, même en jean et pull à col roulé. Il l'avait rencontré durant l'enquête sur le suicide de son associé, qui en fait avait été assassiné. Elle leur avait servi de guide, et avait accepté de servir d'appât pour capturer le coupable. Blair, étonné par son courage et attiré par cette jolie femme, l'avait invité à dîner le soir même. Leur relation avait évolué et ils avaient fini par sortir officiellement ensemble, une semaine avant la mort de Sarah. Blair ne doutait pas que les deux femmes se seraient bien entendues, hélas le sort en avait décidé autrement. Blair avait proposé à Rafaëla d'habiter avec lui quelques semaines plus tard, il se sentait en confiance avec elle. La jeune femme avait d'abord refusé, pensant que Blair devait déjà régler le problème " Jim ". Elle le lui avait dit, et Blair en retour lui avait tout raconté. Sa rencontre avec Jim, leurs années de travail officieuses, la fac, la conférence de presse sur sa thèse, l'école de police, l'arrivée de Sarah, le mariage caché puis l'officiel, son déménagement dans l'appartement voisin, le bonheur de ses amis quand ils avaient appris qu'ils allaient être parents. Il lui avait avoué aussi qu'il était un peu jaloux de ne pas connaître le même bonheur, que sa solitude lui pesait de plus en plus, qu'il avait envie de fonder une famille,…Rafaëla avait compris tout cela et avait fini par accepter. Pourquoi reculer l'inévitable ? s'était-elle demandé. Elle l'aimait et Blair partageait ses sentiments.

- Tu crois que tout se passe bien ? demanda Rafaëla
- Mais oui, ne t'inquiètes pas. Je connais Jim. Il a l'air d'un ours mal léché mais au fond, il a un cœur d'artichaut
- Oui mais il ne saura jamais s'en occuper
- Rafaëla, tu sais comme moi que c'est le seul moyen pour qu'il fasse connaissance. Je sais que c'est difficile mais oublies-les un peu, profites de notre week-end.
- Tu as raison, dit la jeune femme en souriant, si nous allions faire un tour au bord du lac
- Une balade romantique au clair de lune ? Tu as lu dans mes pensées répondit-il en se levant

Ils sortirent du restaurant et essayèrent de profiter de leur promenade mais tous deux pensaient à Sarah et Jim.


Chapitre 6

Jim avait passé une nuit horrible. Pourtant la veille, il avait suivi les recommandations de sa belle-mère. Il avait donné son bain à Sarah dans le lavabo de la salle de bain, l'avait changé, lui avait mis un pyjama et lui avait donné un biberon à 23h. Elle s'était encore une fois endormie en le buvant, et Jim l'avait monté dans son petit lit. Il s'était couché aussi, il avait mal à la tête. Sarah s'était réveillé deux heures plus tard. Jim avait prié pour qu'elle arrête de pleurer, mais c'était peine perdue. Il avait recommencé le même cinéma, changement de la couche, biberon et phase de sommeil toutes les deux heures. Il était 8h et Sarah dormait à poings fermés. Jim n'arrivait pas à se rendormir et décida de se lever. Avant de descendre, il regarda l'enfant assoupi. Elle était sur le dos, son petit ours blotti au creux de son épaule droite, sa tétine était invisible. Jim supposa qu'elle était sous le bébé mais décida de la laisser. Il voulait profiter de ces quelques minutes de calme pour réfléchir. Il descendit, se versa une tasse de café et se posta devant la baie vitrée. La vue sur Cascade avait toujours eu le don de le rasséréner, il regarda la ville qui était déjà en mouvement. Il la connaissait de fond en comble, c'était " sa ville ". Il y avait découvert ses dons, trouvé son meilleur ami, sa femme. Jim avait vécu les cinq dernières années sereinement, tout s'était arrangé avec Blair qui était devenu un très bon flic. Sa relation avec Sarah était parfaite, à part peut être qu'ils auraient voulu un enfant un an ou deux avant. Sarah ne s'était jamais plaint, mais Jim voyait son regard quand elle regardait les enfants de leurs amis. La nature était capricieuse et n'avait exaucé leurs vœux que l'année dernière. Déjà, j'ai l'impression que c'était hier qu'elle me l'a annoncé. Jim ferma les yeux et se remémora la scène.

Jim était rentré tard, son enquête piétinait. C'était sur l'ordre de Simon, que Blair et lui avait décidé de partir. Blair n'avait pas voulu dîner avec lui, prétextant un coup de fil à passer à sa petite-amie. Jim avait ouvert la porte du loft, une odeur de cuisine lui avait aussitôt chatouillé les narines. Il avait appelé Sarah mais elle n'avait pas répondu. En avançant vers le salon, il avait trouvé un chemin de pétales de rose montant à l'étage. Intrigué, un sourire aux lèvres, il était monté et avait trouvé Sarah, assoupie sur leur lit. Des petites bougies étaient disséminées à travers la chambre, certaines étaient éteintes. Jim s'était assis sur le lit et l'avait réveillé en lui déposant un chapelet de baiser sur le visage.

- Tu rentres tard
- J'aurais du t'appeler, je suis désolé
- Ce n'est pas grave. J'ai quelque chose pour toi, avait dit Sarah en se redressant et en prenant un petit paquet sur la table de nuit.
- Qu'est ce que c'est ? avait demandé Jim étonné
- Il n'y a qu'un moyen de le savoir, non ? avait répondu Sarah avec un air mystérieux

Jim l'avait ouvert et n'avait pas tout de suite comprit ce que c'était. Il avait dans les mains, un objet qui ressemblait à un gros stylo blanc, une petite fenêtre à l'un des bouts montrait deux traits bleus. Il avait regardé Sarah, elle lui souriait et attendait sa réaction avec impatience.

- Qu'est ce c'est ?
- Tu n'en as pas une petite idée ? lui avait demandé Sarah, en se disant que les hommes étaient tous les mêmes, et ne voyait jamais l'évidence
- Non, je n'ai jamais vu ce genre de …

Jim avait soudain eut une illumination. Il avait tort, il avait déjà vu ce genre de stylo dans une publicité pour un test de grossesse.
- Sarah …tu es …
- Oui !!!

Elle s'était jetée dans ses bras, ne le laissant pas finir sa phrase. Sarah pleurait de bonheur tandis que Jim ne pouvait que répéter " c'est merveilleux ". Ils s'étaient regardé et avaient éclaté de rire en voyant leur réaction. Ils avaient fêté la nouvelle en dînant au lit et en faisant l'amour.

Jim rouvrit les yeux. Une larme glissait le long de sa joue, il l'essuya d'un revers de la main et finit sa tasse de café. Il regarda l'heure, 11h et la petite ne s'était toujours pas réveillée. Il trouva cela étrange et monta la voir. Elle était toujours dans la même position. Les lèvres entrouvertes, le teint pâle, elle semblait avoir du mal à respirer. Jim la prit. Elle ne se réveilla pas. Il mit la main sur son front. Elle était bouillante. Ne sachant que faire, il l'enveloppa dans une couverture et l'emmena à l'hôpital le plus proche, celui où sa femme était morte. Il déboula comme un fou aux urgences pédiatrique, où il trouva un docteur pour examiner l'enfant. Jim fut obliger de rester hors de la salle d'examen. Le médecin en sortit vingt minutes plus tard, il avait l'air inquiet.

- Comment va t elle ?
- Vous êtes son père ?
- Oui répondit Jim sans hésitation
- Elle a de la fièvre et est déshydratée. La fièvre annonce une maladie mais tant qu'elle ne s'est pas déclarée, on ne peut rien faire. Je vais lui prescrire des médicaments pour la faire baisser. Vous pouvez me dire, si vous avez remarqué quelque chose d'anormal pendant les deux derniers jours ?
- Non, je…je n'ai ma fille que depuis hier soir. Elle a très mal dormi cette nuit, se réveillant toutes les deux heures et ce matin, je l'ai trouvé comme cela.
- Je vois, je ne vous cache pas que les prochaines douze heures vont être déterminantes. Vous devriez prévenir sa mère, dit le docteur, pensant que Jim avait divorcé et venait d'avoir la garde de la petite pour le week-end
- Je ne peux pas
- Elle est en déplacement ?
- Non, elle est morte dans cet hôpital il y a trois mois dit Jim d'une voix blanche
- Je suis désolé, je ne savais pas répondit le docteur qui se sentait stupide face au veuf
- Vous ne pouviez pas savoir, je peux rester avec elle ?
- Oui bien sur, je l'ai fait installer dans une chambre. Je repasserais un peu plus tard.
- Merci, docteur … ?
- Ross, Douglas Ross. Si vous avez besoin de quoique se soit ,ou si vous voulez que je prévienne quelqu'un, dites-le-moi
- Non, je le ferais plus tard. Merci.

Le docteur Ross regarda Jim se diriger vers la chambre de sa fille. Il se dit qu'il avait, une fois de plus, mis les pieds dans le plat. Il comprenait l'inquiétude de ce père, il avait des jumeaux qu'il ne voyait presque jamais.

Jim resta au chevet de sa fille toute la journée. Le docteur et les infirmières passaient régulièrement. L'état de la petite Sarah s'était stabilisé, mais elle souffrait toujours de déshydratation. Jim repensa à sa conversation avec le médecin. Il avait été incapable de dire comment se comportait sa fille habituellement, car il ne s'en était pas soucié. Il l'avait ignoré, avait refusé de la voir, parce qu'il l'a croyait responsable de la mort de sa mère. Il venait de comprendre qu'il avait eu tort. La douleur lui avait voilé les yeux, il s'y était complu pendant trois mois. Trois mois, durant lesquels il aurait du prendre soin de sa fille, de la fille de Sarah. Il venait de comprendre le sacrifice qu'avait fait sa femme. En choisissant de sauver le bébé qu'elle portait, elle lui avait donné la plus belle preuve d'amour qu'elle pouvait, et il l'avait rejeté. C'est fini, je te promets de prendre soin de notre fille, murmura Jim. La petite Sarah du entendre sa voix car elle bougea. Jim se leva et la prit dans ses bras. Le bébé se blottit contre son père qui n'arrivait pas à empêcher ses larmes de couler.

- Mon bébé je suis désolé. Je n'aurais pas du te laisser. Je t'aime et ta maman, où qu'elle soit, t'aime aussi

Le docteur Ross vit la scène à travers la vitre. Il se faisait l'effet d'un voyeur, mais il enviait ce père qui venait de renouer les liens avec son enfant.

Blair et Rafaela venaient de rentrer chez eux. Les valises à peine posées, Blair avait passé la porte de communication et trouvé le loft vide. Rafaela et lui étaient inquiets. Elle appela Elisabeth et John à San Francisco, ils n'avaient pas de nouvelles de Jim. Blair songeait à appeler Simon pour lancer un avis de recherche, Rafaela lui demanda d'attendre un peu. Jim avait pu emmener la petite en promenade. Il était presque 21h, ils n'allaient pas tarder à rentrer. Les heures passaient et aucune nouvelle de Jim. Blair se réveilla à 9h, il avait fini par s'endormir sur le canapé avec Rafaela. Il se leva, en essayant de ne pas la réveiller, et retourna au loft, espérant trouver un indice de l'endroit où ils étaient. Il n'y avait rien. Il alla jusqu'à son ancienne chambre et regarda ce qu'elle était devenue. Des petits lapins et des chevaux couraient sur les murs, un coffre de jouets déjà rempli était posé dans un coin, une petite armoire beige sur laquelle était dessiné un éléphant lui faisait face, là une commode assortie à côté. Dire que tout cela ne servira jamais. Je n'aurais pas du laisser Sarah avec Jim, il a du arriver quelque chose.

Blair n'eut pas finit de prononcer ces mots que la porte d'entrée s'ouvrit. Jim portait Sarah contre lui, enveloppée dans la même couverture que la veille. La petite allant mieux, le docteur Ross avait permis à Jim de la ramener chez lui. La sentinelle n'aperçut pas son guide, qui était toujours dans la chambre d'enfant.

- Et voilà ma puce, nous sommes rentrés à la maison. Je vais t'habiller et nous irons voir si tonton Blair et tata Rafaela sont revenus

Blair en fut estomaqué. C'était bien Jim qui parlait ? Il entendit son ami monter l'escalier. Il en profita pour sortir de la chambre. Il prit soin de ne pas faire de bruit, et arriva rapidement à la porte entre les deux appartements.

- Blair, je sais que tu es là depuis que je suis rentré
- Comment tu l'as su ? demanda Blair qui ne bougea pas et fit exprès de parler bas
- Ils sont revenus dit simplement Jim

Blair traversa le salon et monta rejoindre son ami. Il le trouva entrain de changer la couche de sa fille. La petite ne bougeait pas, elle fixait son père de ses grands yeux bleus. Le tableau était touchant. Blair sentit une petite pointe de jalousie, c'est lui qui changeait Sarah d'habitude.

- Je vous en ai voulu à tous, tu sais, dit Jim en mettant son body au bébé
- Je sais. Je crois que nous n'avions pas d'autres solutions. Tu refusais de la voir, de t'en occuper, cela ne pouvait pas durer. Elle a déjà perdu sa mère, elle ne pouvait pas, en plus, perdre son père.

Jim finit d'habiller Sarah et proposa d'aller rejoindre Rafaela, qui devait s'inquiéter de leur absence. Ils redescendirent et allèrent rejoindre la jeune femme toujours endormie. Elle était allongée sur le dos, Jim posa Sarah sur elle. La petite essaya de se relever sans y parvenir en s'agrippant au pull de Rafaela. La jeune femme ouvrit les yeux et fut surprise de voir le visage du bébé.

- Sarah, qu'est ce que… Jim ?
- Bonjour, répondit celui-ci en souriant
- Vous avez l'air d'être passé sous un autobus, enchaîna la jeune femme, se mordant la lèvre d'avoir été aussi directe
- C'est un peu cela, j'ai passé la journée à l'hôpital.
- La petite est malade ? s'inquiéta Blair
- Elle va mieux. Elle a juste eu un peu de fièvre et… j'avoue avoir un peu paniqué
- James Ellison, paniqué ? dit Blair hilare
- Oh ça va, grand chef. Je ne connais rien au bébé figures toi, et si quatre personnes n'avaient pas déposé Sarah hier, et bien …
- Et bien ? insista Blair
- Je n'aurais pas réalisé que j'avais une fille qui avait besoin de moi. Je vous en ai voulu mais…merci dit Jim un peu gêné
- Je désespérais d'entendre ces mots là, dit Blair en prenant sa sentinelle dans ses bras. Je suis heureux que Sarah puisse enfin compter sur son père.
- Et moi, je suis heureux de vous avoir dans ma vie. D'ailleurs, j'ai quelque chose à vous demander à tous les deux. J'y ai pensé en revenant de l'hôpital et, je pense que c'est ce que Sarah aurait souhaité.
- De quoi parlez-vous ? demanda Rafaela intriguée
- Je voulais vous demander si vous acceptez de devenir le parrain et la marraine de ma fille.
- Pour Blair, je comprends vous le connaissez depuis longtemps mais moi …
- Je n'ignore pas que vous vous êtes occupée de Sarah c'est trois derniers mois la coupa Jim. S'il vous plaît, la petite vous adore. Je suis sûr que vous allez être une marraine parfaite.
- Il a raison dit Blair
- Si tu t'y mets aussi, je n'ai plus qu'à capituler

Jim et Blair éclatèrent de rire en voyant la mimique de la jeune femme. Sarah sembla l'apprécier aussi car elle sortit son premier rire à ce moment là.

Simon était à son bureau. Un brouhaha inhabituel dans la salle de la criminelle, l'amena à regarder par la baie vitrée de son bureau. Tous les membres de la crim était réunis en plein milieu de la salle. Simon se dit, qu'il allait encore devoir " jouer au chef " et se leva.

- Bon sang, qu'est ce que vous faites tous là ! cria t il en sortant de son bureau

L'effet fut aussi magique que d'habitude, tout le monde s'écarta, et Simon vit la cause de ce remue-ménage. Blair et sa petite amie, dont Simon avait oublié le nom, étaient là. Il n'était pas seul. Souriant et tenant sa fille dans ses bras, Jim le regardait. Le capitaine sourit, le plan de Sandburg avait marché.

- Tu ne crois pas qu'elle est un peu jeune pour venir ici, Jim ? dit Simon en mâchouillant son éternel cigare
- Pour l'instant si, mais tu verras qu'un jour, elle sera un meilleur flic que moi !
- J'espère bien qu'elle choisira un autre métier, fit Simon en souriant
- Avec deux parents flics ? Ca m'étonnerais, attends-toi à la voir débarquer dans ton bureau dans quelques années.
- Si je suis encore là. Je peux la prendre ?
- Bien sur, à une condition
- Qu'est ce que tu vas me demander, Jim ?
- Poses ton cigare, je ne veux pas que ma fille empeste, dit-il en souriant
- Adjugé !

Simon écrasa son cigare, prit la petite gauchement et la contempla. Sarah lui sourit et tendit sa petite main vers la cravate de Simon. Elle joua avec un moment.

- Simon, il faut que je te parle un moment
- Allons dans mon bureau. Le spectacle est fini, retournez travailler !
- Tu as une jolie petite poupée, Jim
- Merci, Joël
- C'est tout le portrait de … commença Rafe qui venait de se rendre compte de sa bévue
- Tu as raison, Rafe, c'est tout le portrait de sa mère, dit Jim en lui souriant
- On est content pour toi, vieux fit Brown en lui donnant une tape dans le dos

Jim le remercia en hochant la tête et rejoignit Simon qui était déjà dans son bureau avec Sarah.

- Gouzi gouzi, joli bébé

Jim regarda son ami et sourit, il ne l'avait jamais vu comme cela. Il restèrent une bonne heure dans le bureau, à essayer de voir comment Jim pourrait arranger ses horaires. Il avait l'intention d'élever Sarah et de la voir grandir. Ils trouvèrent un arrangement qui leur convint et Jim se sentit soulagé d'un grand poids. Il était inévitable qu'il devrait faire des planques ou rentrer tard certain soir, mais en contre-partie Simon lui octroyai des jours de récupération. Tout semblait s'arranger et Jim regrettait un peu d'avoir perdu les trois premiers mois de Sarah.

 

Chapitre 7

Pour le premier anniversaire de Sarah, Jim avait tenu à ce que tout ses proches soient là. John et Elisabeth étaient venus de San Francisco. Susie et son mari n'avaient pas pu venir, mais Jim n'appréciait pas trop la sœur cadette de sa femme. Elle voulait toujours lui donner des conseils inutiles. Il préférait de loin Samantha, son mari Jack et leur fille Lisa qui avait un an et demi. Simon et Darryl étaient aussi présents. Le jeune homme venait d'avoir 24 ans, et était déjà inspecteur dans l'autre commissariat de Cascade. Darryl était venu avec sa petite-amie Lindsay, une future avocate. Brown, Rafe et Joël ne manquaient pas à l'appel, de même que Blair et Rafaela. Ils habitaient toujours l'appartement voisin. Blair faisait toujours équipe avec Jim, et Rafaela avait réussi à racheter la moitié de sa société. Elle était donc à la tête d'une entreprise de décoration en plein essor. Rafaela gardait Sarah les soirs où Jim et Blair rentraient tard.

Une nouvelle tête indispensable à Jim et Sarah avait fait son apparition, Maria Lopez. C'était leur voisine du dessous et, par chance, quand Jim avait mis une petite annonce pour rechercher une assistante maternelle, c'était elle qui y avait répondu. Maria était petite, avec des cheveux neiges, un sourire bienveillant constamment sur le visage. Sa bonne humeur était contagieuse. Elle était veuve et n'avait pas d'enfants. Pour combler ce vide, elle avait décidé de garder ceux des autres. Elle ne faisait aucun problème pour monter au loft et préparer la petite quand Jim partait de bonne heure. Par contre, elle lui avait imposé la fin de la garde à 18h. Maria était une férue de bowling et y passait pratiquement toutes ses soirées avec ses amies.

Tout ce petit monde était réuni au loft. Sarah avait été couverte de cadeaux et gambadait de l'un à l'autre avec un plaisir évident. Sa cousine Lisa l'entraînant dans de folles courses qui finissaient en éclats de rire. Le gâteau avait été superbe, avant que les petites ne décident de le goûter toutes seules. L'atmosphère était détendue, chacun se remémorant les souvenirs de cette dernière année, bavardant de leurs projets, …

Sarah s'approcha de son père qui était assis dans le canapé. Elle le regarda d'un air grave, sa petite main posée sur ses lèvres comme si elle réfléchissait. Jim attendit que l'enfant se décide à faire quelque chose, et failli lâcher son verre quand il l'entendit prononcer son premier mot : " Papa ". Sarah ravit de voir la tête que faisait son père, tendit la main vers lui et cria : " papa ! ". Jim la prit dans ses bras et l'embrassa. Il était tout chose, sa fille venait de prononcer son premier mot. Il regarda Blair et Rafaela qui était à côté de lui et ne put sortir un mot. Il aperçut quelque chose passer dans le regard de la jeune femme mais ne dit rien. Il prit sa fille dans ses bras et se leva. Jim se dirigea vers la cheminée, sur le manteau était posé une photo de sa femme. Il aurait voulu qu'elle assiste à ce moment. La petite remua pour essayer de prendre le cadre, Jim la laissa faire. Il ne le remarqua pas mais tout le monde avait les yeux fixés sur eux. Sarah regardait la photo, de la même manière qu'elle avait regardé son père quelques minutes avant, et dit : " Mama ". Jim la serra contre son cœur, la photo entre eux d'eux. Rafaela murmura quelque chose à Blair, se leva et rentra dans son appartement. Jim posa Sarah par terre et la suivit.

Il la trouva dans la cuisine, elle était adossée au plan de travail, le regard dans le vide. Jim avança et se mit face à elle. Rafaela leva les yeux, elle ne paraissait pas étonné de le voir.

- Tu dois lui dire, commença Jim
- Lui dire quoi ?
- Tu le sais très bien Tu peux peut être le cacher à Blair mais pas à moi.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, répondit-elle en évitant son regard
- Raf ! Pas à moi veux-tu ? Je reconnais tous les symptômes... Tu es enceinte n'est ce pas ?
Elle hocha la tête, des larmes coulant sur son visage..... Jim s'approcha et la prit dans ses bras, il ne voulait pas la voir pleurer. Avoir un enfant était une chose tellement belle. Et Blair serait si content.

- Blair rêve d'être papa depuis longtemps. Il va être ravi
- J'en doute après ce qui est arrivé à …
- Sarah, termina Jim qui voyait la jeune femme hésiter. Ce qui est arrivé à ma femme est rare, dieu merci, et ne va pas forcément t'arriver à toi.
- Je sais mais cela ne m'empêche pas d'être inquiète
- Je suis sûr que tout va bien se passer. C'est une merveilleuse nouvelle, tu devrais être folle de joie !
- Je le suis… mais je n'arrête pas de me demander comment Blair va réagir. Nous n'avons jamais vraiment parler d'avenir et là …j'ai peur qu'il se sente piégé.
- Tu te trompes. Ecoutes, arrêtes de te torturer pour rien. Il n'y a qu'une solution à ton problème, et à mon avis, c'est le bon moment pour lui dire.
- Tu crois ?
- Je ne crois pas, j'en suis sûr
- Ok, tu as gagné. Dis-lui de venir, tu veux bien ? Dit Rafaela en essayant de s'armer de courage.
- Bien sûr, répondit Jim en déposant un baiser sur sa joue

Jim retourna au loft et alla chercher Blair qui parlait avec Lindsay et Darryl.

- Dis-moi grand chef, Rafaela ne se sent pas très bien, tu devrais aller la voir.
- Elle est malade ?
- En quelque sorte, elle m'a dit qu'elle voulait te voir
- Tu sais pourquoi ?
- Non, mentit Jim

Jim se sentait l'âme d'un entremetteur, il comprenait mieux Sarah quand elle essayait de caser ses amies. Blair traversa le loft et entra chez lui. Il était inquiet, Rafaela lui ayant seulement dit qu'elle rentrait parce qu'elle avait mal à la tête.

- Raf ?
- Je suis dans la cuisine
- Que se passe t il ? Tu pleures ? Dit Blair en s'asseyant à la table de la cuisine près d'elle.
- Rien de grave. Il faut juste que …
- Que quoi ?
- Dieu que c'est difficile !
- Tu ne vas pas me quitter ? Demanda Blair de plus en plus inquiet
- Non, ce n'est pas ça. Je t'aime et je n'ai pas l'intention de te partir sauf si …dit-elle en se massant les tempes

Blair ne comprenait plus rien. Elle avait quelque chose de difficile à lui dire mais il ne voyait pas ce que cela pouvait être. Rafaela prit son courage à deux mains repensant à ce que lui avait dit Jim.

- Blair, dit-elle doucement
- Tu sais que tu peux tout me dire, ma chérie
- Oui je sais... mais ça... je suis enceinte Blair, dit Rafaela dans un souffle
- Tu … quoi ?
- Je suis enceinte, tu vas être papa…enfin si tu le veux
- Tu es sérieuse ? dit Blair incrédule
- Oui, je suis très sérieuse et je comprendrais si tu ne veux pas de cet enfant
- Et pourquoi n'en voudrais-je pas ?
- A cause des risques, de Sarah qui est morte en accouchant, des responsabilités, de …
- Tu en as encore beaucoup comme ça, demanda Blair en souriant
- Pourquoi tu souris, ce n'est pas drôle !
- Il y a longtemps que tu le sais ? dit-il en reprenant son sérieux. Il ne voulait pas l'énerver d'avantage
- Une semaine, répondit-elle d'une toute petite voix
- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?
- …
- Je ne m'y attendais pas du tout mais …
- Tu vois, je m'en doutais, dit Rafaela déçue
- Laisses moi finir, s'il te plaît. Je suis fou de bonheur !!! Un enfant de toi, c'est merveilleux !!!!

Rafaela resta interdite, elle n'en croyait pas ses oreilles. Blair était heureux ?

- Raf, ne bouges pas d'où tu es !

Rafaela regarda Blair foncer dans leur chambre, et en ressortir deux minutes plus tard. Il revint s'asseoir près de la jeune femme inquiète.

- Je pensais te l'offrir pour Noël, dit-il en posant une petite boite sur la table, mais je crois que je ne peux pas rêver mieux comme occasion.
- Qu'est ce que c'est ?
- Ouvres-la !

Rafaela ouvrit la boîte, elle y trouva une bague en forme de cœur serti de diamants. Elle passa de la bague à Blair, de Blair à la bague et repoussa la boîte vers lui.

- Je ne peux pas accepter
- Pourquoi ?
- Parce que c'est à cause du bébé et…
- Raf, j'ai acheté cette bague il y a deux mois. Comment aurais-je pu savoir que tu étais enceinte ?
- …
- Je l'ai acheté parce que je voulais faire une demande de mariage originale, et que Noël me semblait une bonne idée.
- Tu es sûr ?
- Bien sur, je t'aime et je n'imagine pas finir ma vie sans toi, je veux vieillir à tes côtés, je veux qu'on ait plein de bébés, …
- Je croyais que…

Rafaela n'arriva pas à finir sa phrase. Elle pleurait encore mais de joie cette fois. Blair voulait l'épouser, il voulait cet enfant, il voulait vieillir avec elle. Il la regarda ne sachant pas ce qu'elle pensait et fut soulagée quand elle se jeta dans ses bras. Ils s'embrassèrent tendrement. Blair appuya son front sur celui de sa future épouse.

- Ne me fais plus jamais de telles frayeurs !
- Promis, dit-elle les yeux plein de doute
- Il y a autre chose dont tu ne me parles pas…qu'y a t il ?
- J'ai peur que cela se passe mal
- Tu as vu un médecin ?
Elle hocha la tête
- Et qu'a t il dit ?
- Que tout était en ordre...
- Alors tu vois ? Tout se passera bien, tu verras... Et puis, je suis là...
- C'est aussi ce que Jim a du dire à Sarah, dit tristement Rafaela
- Je ne connais pas l'avenir. Ce qui est arrivé à Sarah est terrible mais je ne vois pas pourquoi cela t'arriverait.
- Je ne sais pas…

Blair la prit dans ses bras en essayant de capter toutes ses peurs.

- Tu sais quoi ? Tous nos amis nous attendent à côté, pourquoi ne pas leur annoncer ?


Chapitre 8

Jim se tenait aux cotés de Blair qui attendait près de l'autel. Il avait l'impression d'être transporter quelques années en arrière, quand il avait épousé Sarah officiellement devant tous leurs amis. Les parents de la mariée manquaient, ils ne pouvaient pas venir pour le mariage. Le voyage du Pérou à Cascade étant trop onéreux pour eux. Blair avait insisté, proposant de payer le voyage à ses frais, mais la famille Vasquez était bien trop fière pour voyager au frais de leur gendre. Elisabeth frappa deux coups à la porte de la petite pièce où la future mariée finissait de se préparer.

- Entrer, dit Rafaela en regardant son ventre rebondi
- Alors tout se passe bien ?
- Oui sauf que je suis déçue que mes parents n'aient pu faire le voyage
- Je sais ma petite. Dites-moi, vous n'allez pas accoucher milieu de la cérémonie au moins, parce que je doute que le père Thomson connaisse quoi que se soit aux enfants

Rafaela sourit et mit la main sur son ventre, encore deux mois à attendre. La mère de Sarah avait le chic pour lui faire oublier ses soucis. Si la fille avait été comme la mère, Rafaela comprenait que Jim l'ai épousé.

- J'ai une petite surprise pour vous, fit Elisabeth avec un air de conspiratrice
- Quelle folie avez-vous encore faite ?
- Moi, rien du tout, dit Elisabeth en allant ouvrir la porte.

Rafaela retint son souffle en voyant les deux personnes qui venaient d'entrer. Elle n'en croyait pas ses yeux.

- Madre de dios ! (Sainte mère de dieu !)
- Hija mia. Soy tan feliz ! (Ma fille, je suis si contente)
- Mama ! dit la jeune femme en tombant dans les bras de sa mère

Les deux femmes sanglotèrent toutes les deux. Manuel Vasquez les regardait et avait lui aussi les larmes aux yeux. Cela faisait deux ans qu'il n'avait pas vu sa fille et non seulement elle allait se marier, mais aussi avoir un bébé. Il ne connaissait pas son gendre mais ne doutait pas qu'elle avait trouvé un homme bien.

- Que guapa esta ! (Comme tu es belle, ma fille !)
- Comment est ce possible ? Tu m'as dit au téléphone que vous ne pouviez pas venir, demanda Rafaela en regardant son père
- Nous n'allions quand même pas rater ton mariage, dit M Vasquez en embrassant sa fille.

Rafaela se tourna vers Elisabeth qui lui expliqua tout. Jim avait payé le voyage de ses parents qui avaient évidement refusé au départ. M. Vasquez lui avait bien fait comprendre qu'il n'acceptait pas la charité. Jim avait donc proposé à M Vasquez de lui acheter quelque chose du prix des billets. Le vieil homme et sa femme n'avaient pas résisté très longtemps, le bonheur de voir leur fille se marier leur tenant trop à cœur. Ils lui avaient donc vendu un bijou qui appartenait à la famille Vasquez depuis des années, sensé apporter bonheur à la jeune mariée qui le portait le jour des noces.

- Je suis tellement contente de vous voir, dit Rafaela qui n'en revenait toujours pas

Quelqu'un frappa à la porte. Elisabeth ouvrit et laissa Jim entrer.

- Tu es magnifique, s'exclama t il en venant planter un baiser sur la joue de la jeune femme qui se jeta dans ses bras
- Merci, merci, merci, répéta t elle plusieurs fois
- Eh, ne taches pas mon beau smoking de James Bond, dit-il ne sachant pas comment réagir
- Désolée 007, j'ai peur de vous avoir légèrement froissé, répliqua t elle en souriant entre ses larmes
- Tu sais que tu n'es pas censé pleurer aujourd'hui, jeune fille.
- Tu m'as fais le plus beau cadeau, Jim
- Rien n'est trop beau pour toi et puis, je me suis mis à la place de tes parents. Le jour où Sarah se mariera, j'espère bien être là. Ton père n'est pas un homme facile en affaires en tout cas.
- Vous non plus M. Ellison, dit Manuel en lui serrant la main
- Merci, renchérit Maria Vasquez

Elisabeth les regardait tous les quatre, une onde de tristesse la transperçât. Cela faisait bientôt deux ans que sa fille n'était plus parmis eux mais la douleur rejaillissait dans ce genre de situation. Jim s'en aperçut, les liens avec sa belle-mère s'étaient resserrés depuis qu'il avait pris conscience qu'il ne pouvait pas laisser sa fille seule. Il passa sa main sur son épaule et déposa un baiser sur sa joue. Il ne dit rien, tous les deux savait vers qui se tournaient leurs pensées.

- La cérémonie va bientôt commencer, dit Elisabeth en se reprenant
- Avant que j'oublie, je voudrais te faire un cadeau un peu spécial, dit Jim en lui tendant un écrin noir
- Qu'est ce que c'est ? demanda Rafaela médusée
- C'est drôle cette manie de poser cette question dès que l'on offre quelque chose, fit Jim en souriant. Ouvres le et tu sauras.

La jeune femme l'ouvrit et regarda le bijou qui s'y trouvait, elle l'avait déjà vu mais où ? … sur une photo…la photo de mariage de sa mère ! Maria avait les yeux fixés sur le bijou de famille qu'ils avaient vendu à Jim pour venir. Manuel leva la main pour protester mais Jim le coupa avant qu'il ne dise un mot.

- Vous m'avez vendu ce bijou, je peux donc en faire ce que je veux n'est ce pas ?
- Oui, répondit Manuel qui n'en revenait pas de la gentillesse de cet homme, le meilleur ami de son gendre
- J'ai décidé de l'offrir en cadeau de mariage à Rafaela
- Dieu vous bénisse, M. Ellison ! Vous êtes un homme bien ! Merci, il était dans la famille depuis si longtemps, dit Maria en lui prenant la main
- Ce n'est rien. Je crois que des gens nous attendent, il faudrait y aller maintenant.

Ils sortirent tous les quatre. Jim reprit sa place près de Blair, Elisabeth s'assit à coté de John avec Maria. Jim donna un léger coup de coude à Blair.

- Tu vois la femme assise avec John et Elisabeth ?
- Oui, qui est ce ?
- Ta belle-mère
- Ah bon…quoi ? ! Mais comment …
- Je ne pouvais pas laisser ta fiancée se marier sans ses parents, fit Jim énigmatique
- Tu veux dire que son père est là aussi ?
- Oui
- Il va me tuer, j'ai couché avec sa fille avant le mariage ! dit Blair soudain inquiet
- Manuel comprend très bien que sa fille t'ait choisi, c'est un homme très bien rassures toi, répondit Jim en masquant un sourire face à la réaction de Blair

La marche nuptiale résonna dans les églises. Les invités se levèrent, Blair se tut et fixa la porte. Rafaela apparut dans une magnifique robe blanche, le décolleté était brodé de perle, son ventre était caché dans une marée de tulle, un grand voile la suivait tenu par Sarah qui s'amusait plus à tirer dessus qu'a le porté et par Lisa. La jeune femme avait tenu à ce que les sœurs de Sarah soient présentes à leur mariage. Elle avait la main posé sur le bras d'un homme que Blair identifia tout de suite comme son beau-père. L'homme était grand, brun, il avait une fine moustache, on voyait dans ses yeux combien il était heureux d'être là. Sa fille souriait aussi en approchant vers le père de son enfant. Elle le sentit bouger quand elle arriva au pied de l'autel et posa sa main sur son ventre. Sam rattrapa Lisa mais n'eut pas le temps de prendre Sarah qui courait vers son père. Il la prit dans ses bras et fit signe à Jack qu'il allait la garder. La cérémonie se déroula sans anicroche. Blair et Rafaela exprimèrent leurs vœux devant tous leurs amis, échangèrent les alliances et Blair embrassa la mariée dans un tonnerre d'applaudissements. Maria pleurait, Manuel lui prit la main.

Chapitre 9

Bip bip ! Bip bip !

-Ton bipeur grand chef ! fit remarquer Jim en conduisant vers le central
-Hein ?
-Ton bipeur a sonné !
-Je réfléchissais, dit Blair en le sortant de sa poche
-A quoi ?
-Oh mon dieu ! Jim, il faut aller au loft !
-C'est Raf ?
-Oui, elle doit… Elle va…

Jim sourit en voyant la réaction de Blair, il avait l'air complètement perdu. Il fit demi-tour et emmena son guide vers sa femme. Le jeune couple était impatient de découvrir leur premier enfant et en même temps inquiet, l'histoire de Sarah était gravée dans leur mémoire. Rafaela attendait l'ambulance, Maria était avec elle. C'était la seule personne qui était disponible dans la journée et aussi, une très bonne amie de la famille. Sarah regardait la télévision pendant que Maria essayait de rassurer la future maman comme elle le pouvait. Elle amena un coussin pour mettre sous les cotes endolories de la jeune femme. Les contractions étaient régulières, toutes les 10 minutes. L'accouchement n'allait pas se faire dans l'heure mais il commençait à être urgent d'aller à l'hôpital. L'hôpital où Sarah est …songeait la jeune femme quand une nouvelle douleur lui transperça le dos. Elle serra les poings et pria pour que l'ambulance arrive vite.

-Aller ma belle, tout va bien se passer. Tu vas nous faire un magnifique bébé
-Pourquoi personne ne dit jamais combien ça fait mal ?
-Parce que les femmes ne feraient plus de bébés, tiens ! Dit Maria en essayant de faire sourire Raf.

Elle y aurait réussi si une nouvelle contraction n'était pas apparue au même moment. Rafaela commençait à être inquiète. On lui avait dit que le premier accouchement durait, en général, dix heures. Le chiffre l'avait étonné mais elle s'était dit que les douleurs n'apparaissaient que vers la fin, grossière erreur.

-Le médecin va te donner un calmant et ça va aller mieux.
-J'espère mais pour cela il faudrait qu'il arrive
-Tu as besoin de quelque chose ?
-Un peu d'eau, s'il te plait
-Tu sais bien que tu ne peux pas boire, tu dois être à jeun au cas ou… cela se passe mal et qu'ils doivent te faire une anesthésie générale, termina Maria en pensée

Blair entra en trombe dans l'appartement suivi de Jim. Quand il vit sa femme allongée sur le canapé, la mine défaite, retenant un cri sous l'assaut d'une nouvelle contraction, il se sentit désolé pour elle. Il se précipita vers elle et lui prit la main. Elle lui fit un maigre sourire. Les contractions étaient de plus en plus rapprochées. Jim s'entretint un instant avec Maria qui prit Sarah et l'emmena chez elle à l'étage en dessous. Il prit son portable et rappela le numéro de la compagnie d'ambulances que Rafaela avait appelé.

-Mauvaise nouvelle l'ambulance est bloquée dans les embouteillages, dit Jim en raccrochant
-Comment ça, bloquée ! C'est pas possible, elle va accoucher ! Il faut les rappeler, appelles les pompiers, le SAMU, enfin n'importe qui !
-Calmes toi, grand chef ! Raf, tu te sens capable de te déplacer ?
-Pas vraiment, non, répondit-elle en gémissant
-Je vais la porter jusqu'à la voiture, dit Blair qui paniquait de plus en plus à l'idée de perdre sa femme, son bébé ou les deux.
-Ok, alors on y va
-Il arrive ! cria Raf
-Comment ça, il arrive ? Non, ma chérie, il ne peut pas arriver ici ! Dis-lui d'attendre encore un peu !
-Hum, il faudra que je t'explique comment ça marche un jour, Grand chef. Va chercher du linge propre et appelles le médecin en bas de la rue
-Blair !

Blair regardait sa femme et son meilleur ami, les deux l'appelaient et il ne savait pas quoi faire. Il courut dans la chambre et rapporta une pile de draps qu'il posa près de Jim, attrapa le téléphone au passage et vint prendre la main de la jeune femme qui peinait de plus en plus. Jim ne savait pas trop quoi faire. Le seul accouchement auquel il avait assisté était lors d'une patrouille quand il était encore un bleu. Il essaya de se rappeler ce qu'avait fait le médecin à l'époque. Blair raccrocha et annonça que le médecin allait arriver dans dix minutes. La suite des évènements leur parut un peu brouillé. Rafaela parce que la douleur l'épuisait, Blair parce qu'il s'inquiétait pour elle et Jim parce qu'il espérait que le bébé allait attendre un peu. Celui-ci en décida autrement. Rafaela serra la main de Blair et sentit un intense besoin de pousser, n'ayant personne pour lui dire que faire, elle céda à cette envie. Trois minutes après, Jim récupéra le bébé hurlant dans un drap propre. Il le regarda brièvement, l'enveloppa dans le drap et le posa sur le sein de la jeune maman.

-Félicitations, vous êtes les parents d'un joli petit garçon ! annonça Jim ému
-Bonjour mon bébé, dit Rafaela les yeux pleins de larmes

Blair ne dit rien, il avait les larmes aux yeux. Enfin, il avait une famille. Il embrassa la mère et l'enfant, regarda Raf dans les yeux et lui dit des mots simples mais il les ressentait avec une telle émotion.

-Je t'aime…non, je vous aime tous les deux !

L'interphone bourdonna. Jim alla répondre et ouvrit au médecin qui apparut deux minutes plus tard, sur le seuil de l'appartement 305.

-Vous arrivez un peu tard docteur, mais je suis quand même content de vous voir, dit Jim en l'accueillant

Le médecin vérifia que la mère et l'enfant allaient bien, il coupa le cordon, procéda aux tests habituels sur le nouveau-né. L'ambulance arriva enfin, Raf, le bébé et Blair partirent pour l'hôpital. Jim descendit voir Maria pour lui annoncer la nouvelle.

-Et vous n'êtes pas allé avec eux ?
-Ils ont besoin d'intimité, Maria.
-Vous savez Jim, si j'avais quelques années de moins je vous aurais épousé, vous êtes un type bien.

Jim haussa les épaules, il n'avait rien à dire. Il prit Sarah dans ses bras, salua Maria et rentra chez lui. Il mit Sarah dans son bain et la regarda s'amuser avec des petits canards en plastique. J'envie Blair, j'aurais voulu connaître ce moment où tu es née, les choses auraient été différentes, songea t il. Il sortit de sa rêverie en sentant des gouttes d'eau sur son bras, Sarah était en train de l'arroser avec un jouet.

-Tu vas vois ma chérie, papa ne va pas se laisser faire sans rien dire, fit-il en riant

Il prit le même jouet et arrosa la petite. Quand ils eurent fini leur bataille d'eau, Jim se sentit apaisé. Il appela l'hôpital pour prendre des nouvelles de son " neveu ".

 

Chapitre 10

Les saisons se succédèrent, voyant pousser les enfants, voyant Maria s'éteindre quand Lucas eut 10 ans et Sarah 11. Les deux enfants furent tristes de voir, celle qu'ils considéraient comme leur grand-mère, disparaître mais, comme tout le monde sait, le chagrin s'amenuise avec le temps. Quelques années plus tard, Jim ne fut pas surpris de la décision de sa fille d'entrer à l'Académie de police même s'il grogna un peu pour la forme, il fut très fier le jour où sa fille reçut son insigne. Blair et Rafaela étaient fiers eux aussi. Après de brillantes études, Lucas reçut sa lettre d'admission à Harvard pour y apprendre le droit. Le jour de la remise des diplômes, Blair lui tendit une petite boite avec les clés de sa vieille Volvo verte qu'il avait fait retaper pour son fils. Lucas avait décidé de prendre une année sabbatique pour parcourir le monde avant de commencer à travailler. Il avait mis assez d'argent de coté en faisant des petits boulots pour réaliser son rêve : aller en Europe découvrir Venise, Paris, Madrid, … Son père lui avait communiqué sa passion pour les voyages.

Blair et Rafaela étaient assis dans leur cuisine. Ils discutaient de la soirée du lendemain, le grand bal annuel de la police. Raf était devant la cuisinière, surveillant la soupe qu'elle avait préparée. Blair vint se glisser derrière elle et mis les bras autour de sa taille.

-Ca sent rudement bon
-Une recette de ma grand-mère que ma mère m'a envoyée. Tu as réfléchi ?
-Hmm oui, je pense qu'on devrait lui proposer de venir
-Je suis d'accord. Il est revenu depuis une semaine et n'est pas sorti une seule fois, à part pour aller à ses entretiens de travail
-Tu ne vas pas lui en vouloir quand même ?
-Non, pas du tout mais il est jeune, il a besoin de voir des filles de son age.
-C'est surtout que tu as hâte de devenir grand-mère, dit Blair en lui pinçant gentiment la joue
-Oui papy, dit-elle en riant. Tu vas lui dire ou on attend le repas ?
-J'y vais sinon tu vas me harceler jusqu'à je ne sais quand, dit-il en lui déposant un baiser sur la joue
-Cela ne te déplaisait pas dans le temps, dit Raf en lui donnant une tape sur les fesses

Lucas était allongé sur son lit, il repensait aux divers entretiens qu'il avait eus durant la semaine, se demandant quel poste accepter. Il entendit son père plaisanter avec sa mère et su qu'il allait bientôt avoir sa visite à propos du bal. Lucas n'avait aucune envie d'y aller. Il connaissait peu de monde en dehors de Jim, Simon et quelques autres et surtout, il détestait ce genre de soirée. Malheureusement, connaissant sa mère, il se dit qu'il n'aurait guère le choix une fois de plus. Lucas l'adorait mais certaine fois, il l'a trouvait trop mère poule avec lui. Il entendit frapper et vit la tête de son père dans l'ouverture de la porte.

-Je te dérange fiston ?
-Non, entre papa. Je m'attendais à ta visite.
-Oh, tu es devin maintenant, plaisanta Blair
-Non et c'est bien dommage, cela m'aiderait à choisir un poste
-Tu vas y arriver Lucas, j'ai confiance en toi
-Tu viens pour le bal c'est ça ?
-Mmm mmm
-Papa, commença Lucas en regardant son père. Des fils d'argent commençaient à devenir visible sur ses tempes, il avait toujours les cheveux longs qu'il attachait quand il était en service. Je n'ai vraiment rien à faire dans ce genre d'endroit, je ne connais quasiment personne
-Tu nous connais ainsi que Jim, Simon, Joël,… la liste est plutôt longue non ?
-Je n'ai pas envie de parader dans un smoking pour faire plaisir à maman
-Il y aura Sarah aussi
-Sarah …

Lucas n'avait pas revu la jeune femme depuis deux ans pour un repas de Noël. L'année dernière, elle n'avait pu se joindre à eux car elle était de service. Lucas était resté une semaine et ils s'étaient à peine dit bonjour. Il avait le souvenir d'une grande fille mince, cachant sa timidité sous une fausse assurance, des yeux bleu perçants et des cheveux roux qui lui descendaient dans le bas du dos. Il s'était souvent demandé ce qu'il aurait ressenti en y glissant les mains.

-Lucas ?
-Excuses moi, je me demandais quand je l'avais vu pour la dernière fois. Je crois que c'était à Noël, il y a deux ans
-Oui, ça doit être ça. Elle a beaucoup changé, tu verras
-Je ne t'ai pas dis que j'y allais, protesta Lucas
-Je suis sure que tu ne vas laisser passer une telle occasion de te faire quelques relations
-Comment cela ?
-Le chef de la police, le procureur,… Oh et puis non, si tu veux savoir la vérité, j'aimerais que tu viennes parce que je serais fier de te présenter à eux, enfin nous serions fiers ta mère et moi
-Evidement présenté comme cela, c'est difficile de refuser, fit Lucas en lui faisant un clin d'œil
-Je savais bien que je pouvais compter sur toi, fit Blair en lui ébouriffant les cheveux

Ils commencèrent à se chamailler et finirent par la bataille d'oreillers réglementaire. Rafaela venait mettre un terme à leur chahuterie quand elle reçut un oreiller sur le visage. Elle les toisa tous les deux, ils étaient hilares, et renvoya ledit oreiller à celui qui lui avait lancé. La bataille dura jusqu'à ce que Raf s'aperçoive que son rôti avait brûlé.

Dans le loft à côté, Sarah se préparait quelque chose à manger. Son père l'avait appelé pour lui dire qu'il rentrerait tard, et la jeune femme avait décidé de se faire une soirée-détente. Elle prit son plateau-repas, le livre qu'elle avait commencé la veille et le téléphone. Elle emporta-le tout dans la salle de bain, le posa sur un tabouret et se glissa avec délice dans son bain. Elle avait à peine poser la tête sur le bord de la baignoire que le téléphone sonna, elle pesta contre celui qui osait la déranger mais décrocha quand même.

-Allô
-Alors tu profites de ta soirée, dit une voix de femme
-Ah c'est toi Jess ! Ne me dis pas qu'on a besoin de nous ?

Jessica était la coéquipière de Sarah depuis près d'un an. C'est Darryl Banks, leur capitaine, qui avait eu l'idée de les mettre ensemble. Une équipe féminine n'était pas courante. Il avait eu du mal à convaincre le chef de la police mais son instinct ne l'avait pas trompé, les deux jeunes femmes faisaient une équipe remarquable.

-Non, quartier libre soldat, dit Jess en rigolant. Je voulais juste savoir si tu avais trouvé ton cavalier pour demain
-Non, toujours pas. On dirait que je fais peur aux hommes, c'est rageant à la fin !
-A mon avis, ce n'est pas toi mais ton père qui les inquiètent
-Papa ? Il est adorable !
-Ouvres les yeux Sarah ! Il te couve depuis 25 ans et n'a pas l'air de vouloir arrêter !
-J'imagine qu'il se sentirait seul si je partais du loft
-Ce n'est pas une raison. Ton dernier flirt remonte à quand ?
-Hum…six mois, dit la jeune femme d'une petite voix
-Six mois ! Ah oui, Rodney Hatkins, le vendeur de carpettes
-De tapis, Jess ! Il était très gentil et…
-Terriblement ennuyeux, la coupa Jessica
-Evidement si j'avais ton charme, je n'aurais pas ce genre de problème.

Jessica était tout le contraire de Sarah, elle changeait de flirts régulièrement trouvant toujours des défauts aux hommes avec qui elle sortait.

-Balivernes, tu en as du charme ! Si seulement tu voulais bien te donner la peine de te mettre un peu en valeur, tu aurais tous les hommes à tes pieds
-C'est ça, et demain il n'y aura plus un seul dealer dans Cascade !
-Tu mets la robe dont tu m'as parlé ?
-Oui, bien que je la trouve un peu…osée
-Mais non tu vas être superbe ! Ecoutes, si tu veux, je m'occupe de toi après notre service et tu vas éblouir tout le monde
-Tu me fais peur Jess, dit Sarah en se demandant ce que sa coéquipière pensait par " s'occuper d'elle "
-Tu me fais confiance pour te couvrir mais pas pour te maquiller ?
-Ca peut paraître bizarre je sais mais…oui !
-Tu me déçois Sarah !
-Je plaisante. Si cela peut te faire plaisir, tu pourras faire tout ce que tu veux de moi mais on ne va pas avoir beaucoup de temps.
-Apportes ta robe au central, on ira directement au bal
-Ok, je préviendrais mon père mais…j'ai oublié le nom de ton dernier soupirant, il ne t'accompagne pas ?
-Howard, non, il est en service demain soir. Je te laisse, à demain
-Au revoir

Sarah prit son sandwich et mordit dedans. Elle redoutait un peu la soirée du lendemain même si elle avait déjà participé à plusieurs galas et autres soirées de ce genre. La différence c'est qu'il sera là, souffla une voix dans sa tête.

 

Chapitre 11

Le gala se déroulait, comme chaque année, dans les salons du Sheraton. La salle était splendide : les murs étaient tendus de rouge et or, des lustres gigantesques en cristal de Baccarat, un immense buffet était dressé le long d'un mur avec une armée de serveurs, une piste de danse avec un orchestre qui égrenait un vieil air de blues, des tables où étaient déjà installées quelques personnes. Le spectacle surpris Lucas qui s'attendait à quelque chose de plus simple. Blair était déjà en train de saluer quelques amis, Rafaela le regardait. Elle avait devant elle un jeune homme de 24 ans, grand puisqu'il dépassait son père d'une bonne tête, blond les cheveux coupés au carré, des yeux bleu couleur océan. Rafaela se sentit soudain lasse, elle avait l'impression que le temps était passé trop vite, que son bébé avait grandit trop rapidement. Elle remarqua qu'il la regardait et masqua ses pensées en lui adressant un sourire éblouissant. Il n'eut pas le temps de lui dire un mot, Jim venait d'arriver et le serrait dans ses bras. Lui non plus, il n'était pas aller le voir alors qu'il habitait juste à coté.

-Tu sais que je devrais te mettre une raclée, gamin !
-Essayes pour voir, je suis de taille à me défendre maintenant, oncle Jim !
-Comme si je t'avais maltraité quand tu étais gosse. Je suis content que tu sois revenu parmis nous Lucas, tu nous manquais.
-Vous me manquiez aussi mais comparer à l'Europe…
-Ton fils est vraiment terrible Raf !
-Il a de qui tenir, tu ne crois pas ? Entre son père et toi, il a eu de la chance de bien tourner, fit-elle pour le taquiner. Sarah n'est pas avec toi ? Rajouta-t-elle en fronçant les sourcils
-Elle va nous rejoindre un peu plus tard. Elle m'a laissé un mot pour me dire qu'elle viendrait avec Jessica.
-Elles font une bonne équipe d'après ce que Darryl m'a dit
-Tout à fait. Sarah est un bon flic, comme sa mère
-Et toi, tu t'oublies ? C'est l'âge, tu commences à oublier des choses mon vieux !
-Je suis peut être un peu plus vieux que toi mais cela ne m'empêcherais pas de t'enlever à Blair si tu le voulais bien, dit-il en plaisantant
-Ah, je vous y prends tous les deux !
-Ciel, ton mari, dit Jim en prenant un air catastrophé

Ils rirent de bon cœur. La soirée promettait d'être agréable. Ils rejoignirent leur table accompagné de Lucas qui souriait lui aussi.

-Je ne peux pas y aller ainsi !
-Pourquoi tu es superbe Sarah, répondit Jessica

Elles venaient d'arriver dans le hall de l'hôtel et se trouvaient devant les vestiaires. Sarah avait envie de faire demi-tour mais Jess l'en dissuada en lui enlevant son châle des épaules et lui prenant la main. Elles entrèrent dans la salle. Jessica retrouva son ancien mentor et s'arrêta pour parler avec lui. Au grand dam de Sarah qui se sentit seule malgré tous les gens présents. Elle chercha des yeux son père et son oncle. Elle ne remarqua pas l'homme au bar qui la détaillait des yeux. Il s'attarda sur les formes de la jeune inspectrice moulées dans une robe longue bordeaux, un profond décolleté dévoilait sa gorge et le haut de sa poitrine sur laquelle reposait une magnifique croix en argent. Ses cheveux étaient maintenus en chignon, quelques mèches s'en échappaient déjà. Il la vit faire signe à quelqu'un et se diriger vers la table de ses amis. L'homme prit les verres que le serveur lui tendait et se dirigea vers sa table.

-Sarah tu es splendide, s'exclama Rafaela en la voyant
-Merci tantine, mais j'ai l'impression de ne rien avoir sur le dos
-Tu dis cela mais d'ici une heure tu n'y penseras plus, dit Raf en lui caressant la joue
-Ta tante a raison, cette robe te va à merveille ma chérie
-Merci papa. Ton vieux smoking n'est pas mal non plus, répondit-elle en souriant, j'ai raté le discours du chef de la police ?
-Ah non, tu vas y avoir droit comme tout le monde, lui dit Blair d'un air désolé
-J'espère qu'il a un peu raccourci son texte par apport à l'année dernière, la moitié de la salle a failli s'endormir
-Tiens maman, ton verre de vin
-Merci mon chéri. Tu te souviens de Sarah ?
-Bien sûr. Je suis content de te revoir, dit-il en lui déposant un baiser sur la joue

Sarah leva le regard sur son ami d'enfance et retint un hoquet de surprise quand elle vit l'homme qu'il était devenu.

-Moi… aussi, bredouilla-t-elle

Rafaela remarqua son hésitation mais ne dit rien, le discours allait commencer. A la grande surprise de Sarah, son père fut appelé pour recevoir une décoration pour l'ensemble de sa carrière. La jeune femme fut médusée quand elle entendit le chef de la police, dire qu'il y avait une place d'instructeur pour Jim à l'académie de Cascade. Elle tourna la tête vers Blair qui avait l'air aussi peu au courant qu'elle. Jim leur expliqua qu'il ne leur en avait pas parlé parce qu'il n'était pas vraiment sûr de lui. Et que c'était Blair, devenu instructeur depuis son accident, qui avait sans le savoir réussi à le convaincre. Ils fêtèrent la nouvelle, dansèrent et festoyèrent jusqu'à ce que Jim ait un malaise. Lucas ne le remarqua pas car il dansait avec Lindsay, la femme de Darryl. Sarah vit tout de suite que son père n'allait pas bien et vint s'asseoir près de lui, après que Blair ait réussi à le calmer.

-Papa, qu'est-ce qu'il y a, murmura t elle ?
-C'est… le bruit, j'ai l'impression que ma tête va exploser
-Je te ramène à la maison, dit-elle en commençant à se lever
-Non ma chérie, je ne veux pas te priver de cette soirée. Blair et Rafaela vont me raccompagner, profites en un peu.
-Mais c'est idiot, tu as besoin de moi pour…

Elle se tut en voyant Lucas près d'eux, la danse venait de finir. Sarah savait qu'il n'était pas au courant pour les dons de leurs pères.

-Ca ne va pas, oncle Jim ? demanda Lucas
-Juste un peu de fatigue. Je commence à me faire vieux, dit-il en souriant
-Ta mère et moi allons le raccompagner, elle ne sent pas très bien non plus
-Vous me laissez la voiture ?
-Si cela ne te dérange pas Lucas, Sarah te reconduira avec la Jeep. Je ne me sens pas en état de conduire, dit Jim en tendant les clefs à sa fille
-Pas de problème. Vous êtes sûr que cela va aller ?
-Oui mon grand, dit Rafaela en l'embrassant, si tu invitais plutôt cette jeune beauté à danser, ajouta-t-elle en désignant Sarah du doigt
-Mais oui, amusez-vous les jeunes, dit Blair en souriant. Ah, ils ne savent pas ce que c'est que s'éclater nos enfants !

Sarah sourit en écoutant la dernière phrase de Blair. Elle suivit du regard le petit groupe, qui se dirigeait vers les vestiaires, et ne remarqua pas que Lucas lui tendait la main.

-M'accorderez vous cette danse charmante demoiselle ? dit-il en prenant un accent aristocratique
-Avec plaisir mon ami, répondit-elle sur le même ton

Ils se dirigèrent vers la piste de danse. La musique changea au moment où ils posèrent le pied sur la piste. Les lumières s'abaissèrent doucement et les musiciens entamèrent les premières notes d'une chanson qu'ils connaissaient tous les deux par cœur, I always will love you . Lucas prit la jeune femme dans ses bras et la guida sur la musique. Ils ne parlèrent pas, ils n'en avaient pas besoin pour se dire leur joie de se retrouver, même si le début de la soirée avait été tendu. Ils décidèrent de repartir une heure plus tard, Sarah s'inquiétait pour son père même si elle savait que seul son oncle pouvait l'aider.

Ils roulaient depuis quelques minutes, discutant de ce qui leur était arrivé pendant les deux dernières années, quand Lucas remarqua que Sarah n'avait pas répondu à sa dernière question (avait-elle quelqu'un dans sa vie ?). Ils étaient sur une grande avenue et, à part une voiture qui les avait croisés un instant plutôt, la ville était déserte. Lucas commença à s'inquiéter quand il s'aperçut que Sarah ne tournait pas à l'embranchement Collins. Elle avait les yeux fixés sur la route et pourtant ne semblait pas la voir. Il lui passa la main devant les yeux. Rien. Elle ne bougea pas. Il se demandait quoi faire, il n'avait jamais vu quelqu'un dans cet état. La première chose à faire c'est d'arrêter la voiture, se dit-il, mais comment on arrête une voiture dans ses conditions ? Il songea un instant à ôter la clé mais rejeta l'idée, elle ne tournait pas. Appuyer sur le frein, un peu difficile sans risquer de blesser Sarah. Il posa sa main au bord du siège de la jeune femme pour regarder le tableau de bord, espérant qu'ils tomberaient en panne d'essence, quand il sentit la solution sous sa main. Le frein à main ! J'ai déjà vu des cascadeurs le faire… sauf que l'on n'a pas de protections. Voyant que l'avenue s'arrêtait et qu'ils fonçaient droit sur une maison, il souleva le frein à main tout en essayant de braquer le volant vers la droite, espérant ainsi que la voiture tournerait en rond. La voiture tourna bien sur elle-même pendant un moment mais en déviant vers la droite. Un choc, accompagné d'un bruit sourd, projeta Lucas contre le pare-brise. Il se dit qu'ils allaient y rester bêtement quand la voiture s'arrêta. Lucas porta la main à son front, il saignait un peu mais cela ne l'inquiétait pas comparé à l'attitude de Sarah. Elle avait toujours les mains crispées sur le volant, le regard dans le vide, le visage très pâle. Lucas sortit et fit le tour de la voiture. Il détacha la ceinture de la jeune femme et essaya de lui ôter les mains du volant, en vain. Il posa la main sur le cou de Sarah, son cœur battait très lentement. Une crise cardiaque ? A son âge ? répondit aussitôt son esprit. Rappelles toi, lui souffla t il. Me rappeler ? Me rappeler quoi ? Lucas avait la main sur son portable quand il eut une sorte de flash-back.

Il était dans la Ford de Jim. Il devait avoir 10 ans et avait insisté pour venir en planque avec son père. Son oncle avait entendu quelque chose, et était sorti pour se planter en plein milieu du trottoir. Il n'avançait plus. Lucas avait entendu son père jurer en ouvrant sa portière et en disant qu'il en avait assez de ses… Lucas n'arrivait pas à se souvenir du mot. Il avait observé son père tournant autour de Jim, lui parlant, le touchant. Quand son oncle avait repris ses esprits, son père l'avait forcé à marcher un peu.

Et si c'était une maladie que son père lui avait transmise ? se demanda le jeune homme qui décida qu'il n'avait rien à perdre à essayer. Ne sachant quoi lui dire, il lui rappela quelques souvenirs d'enfance. Il lui touchait tantôt les cheveux, tantôt la main. Sarah sembla reprendre quelques couleurs ce qui encouragea Lucas à continuer. Il ne savait pas si elle l'entendait mais il lui dit qu'elle était devenue une femme magnifique, qu'il regrettait d'avoir coupé les ponts avec elle, qu'il était seul depuis un moment, qu'il n'arrivait pas à se décider parmis toutes les offres d'emplois qu'on lui avait faites.

-Oh mon dieu !

Lucas sursauta en entendant la voix de sa compagne. Elle avait l'air encore ailleurs mais moins crispé. Il lui ôta les mains du volant, il avait l'impression de manipuler une poupée de chiffons. Il la sortit de la voiture et la tint serré contre lui.

-Sarah, je ne sais pas ce que tu as mais il est temps de revenir avec moi.

Pas de réponse, pas de mouvement. Lucas se souvint d'une chanson que Maria leur chantait quand ils étaient enfants.

Ma petite étoile
Qui brille dans le ciel
Il est temps de fermer tes yeux
Et de t'envoler vers les cieux


Lucas n'arrivait pas à se souvenir de la suite mais il n'en eut pas besoin. Sarah venait de reprendre ses esprits, elle tremblait de la tête au pied. Lucas ouvrit son manteau et l'entoura avec les deux pans. Elle se serra contre lui pour chercher sa chaleur.

-Ca a duré longtemps ?
-Une éternité, tu m'as fais une peur bleue !
-Je suis désolée, dit-elle en secouant la tête, cela m'arrive quelques fois
-Tu as failli nous faire aller dans le décor, dit-il sur un ton plus brutal qu'il ne l'avait voulu
-Je... pardon, murmura t elle
-Oh Sarah, excuses moi, je ne voulais pas te faire sentir coupable. Je me doute que ce n'est pas ta faute, dit-il penaud
-Comment as-tu fais pour me faire revenir ? demanda t elle en levant la tête vers lui
-Je t'ai parlé … de notre enfance en… te caressant la main, souffla t il

Lucas n'arrivait pas à détacher son regard des yeux verts de Sarah. Il y voyait un peu de peur et une autre émotion qu'il essaya d'ignorer. Il ne pouvait pas revenir à Cascade après deux ans d'absence et …

-Lucas …dit-elle doucement

Sarah sentit une boule se coincer dans sa gorge. La manière dont il la regardait la troublait, elle prit soudain conscience de la façon dont leurs corps se touchaient, du souffle de Lucas sur ses lèvres, du désir qu'elle avait enfouit au fond d'elle quand il était parti. Son cœur battait à une vitesse folle espérant qu'il l'embrasse alors que sa raison lui disait qu'il n'en ferait rien. Lucas menait le même combat intérieur, il venait de se rendre compte qu'il avait cherché toute sa vie des copies de Sarah. Il ne lui avait pas dit, avant de partir pour Harvard, ce qu'il ressentait pour elle, pensant que c'était une passade. Sarah était sa meilleure amie, sa confidente, sa sœur. Pourtant à cet instant, entre ses bras, elle était une femme, une femme très attirante. Il n'y tint plus et se pencha pour prendre ses lèvres. Elle ne résista pas comme il s'y attendait, au contraire, elle glissa ses mains autour de sa taille et se laissa enivrer par leur baiser. Elle s'y raccrocha comme s'y c'était la dernière chose qu'elle devait goûter sur terre. Lucas, encouragé par sa réaction, l'embrassa avec encore plus de fougue. Il avait envie d'elle et, si cela n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait fait sienne dans la voiture. Il se força à interrompre leur baiser sous peine de ne plus se contrôler. Sarah regretta un peu son geste mais le comprit sans peine, elle était dans le même état que lui.

-Sarah, dit Lucas d'une voix rauque, je crois qu'on devrait rentrer avant que je ne puisse plus répondre de rien
-Je crois que tu as raison mais cela fait tellement longtemps que j'espérais, dit-elle dans un souffle
-Je t'ai toujours aimé mais je croyais que tu ne me voyais que comme un frère
-Je le croyais aussi, dit-elle avant de l'embrasser


Chapitre 12

Ils reprirent la jeep pour rentrer chez eux. Lucas prit le volant cette fois, Sarah se blottit contre lui. Ils prirent tout leur temps pour monter chez eux, sachant qu'ils devraient se séparer en arrivant. Lucas n'arrivait pas à s'empêcher de goûter les lèvres de sa compagne qui ne s'en plaignait pas le moins du monde. Ils arrivèrent haletant sur le palier. Sarah avait repris des couleurs dans les bras de Lucas mais semblait néanmoins pâle. Les deux jeunes gens entendirent des rires provenant de l'appartement de 305. Lucas prit sa clé et ouvrit. Il trouva ses parents et son oncle assis à la table du salon, sirotant une bouteille de champagne. Lucas prit la main de Sarah et la fit entrer dans l'appartement.

-Tiens les enfants ! lança Blair, vous allez bien ?
-Non ça ne va pas, Sarah a eu un malaise tout à l'heure !
-Un malaise ? reprit Jim

Sarah allait leur expliquer mais Lucas continua sur sa lancée

-Elle conduisait et d'un coup, elle s'est transformé en statue de sel. On a faillit avoir un accident

Blair regarda la jeune femme, sachant très bien ce qui lui était arrivé. Cela lui arrivait de plus en plus souvent.

-Vous n'avez rien ? demanda Rafaela inquiète, ta tête Lucas !
-Ce n'est rien maman, une écorchure. Je me suis rappelé que cela t'arrivais aussi Jim. C'est une maladie de famille ?
-Viens mon chéri, je vais nettoyer ça, dit Rafaela en essayant de l'éloigner de la pièce
-Maman, ce n'est pas le moment ! gronda Lucas. Et puis, tu peux m'expliquer quelque chose ? Vous êtes partis prétextant un malaise de Jim et vous êtes là, à 3h du matin, à boire du champagne !
-Ce qui est arrivé n'est pas une raison pour agresser ta mère, dit Blair sur le même ton
-Je suis désolé mais je n'y comprends rien.
-Mon chéri, le malaise de ton oncle était une… invention pour vous laisser vous retrouver Sarah et toi. J'admets qu'on aurait pu trouver mieux mais cela fait si longtemps que vous vous tourniez autour ! Quoi ? demanda Rafaela en voyant son fils la regarder, tu t'imagines que nous ne savions pas que vous étiez amoureux l'un de l'autre quand vous étiez plus jeunes ?

Lucas regarda sa mère les yeux ronds mais ne dit rien.

-Il m'a ramené, dit Sarah en regardant son oncle
-Qui ? Lucas ?
-Oui
-On dirait que l'hérédité ne marche pas que pour les sentinelles, fit remarquer Jim
-Les… Quoi ? Ecoutez, vous êtes ma famille et je vous aime (il regarda Sarah en prononçant ses derniers mots) mais je ne comprends rien du tout. Sarah, je t'ai ramené d'où ? C'est quoi une sentinelle ? Quel rapport avec nous ?

La jeune femme regarda tour à tour son père et son oncle, cherchant leur consentement pour lui révéler la vérité. Les deux hommes hochèrent la tête après tout, si les enfants devaient faire un bout de chemin ensemble, autant que Lucas sache à quoi s'attendre.

-Mon père et moi avons … une sorte de don qui se traduit par des sens hyper-developpés, pour arriver à contrôler ce don nous avons besoin d'un guide, ton père

Lucas regarda la jeune femme en se demandant si elle se moquait de lui. Des sens hyper-développés ? Un guide ? Et quoi encore ? Un tapis volant ?

-J'ai fait un zone-out dans la voiture tout à l'heure. Je me suis involontairement concentré sur les phares de la voiture que nous avons croisée, cela a bloqué tous mes autres sens.
-Attends, tu me fais marcher là ! Vous avez décidé de vous payer ma tête !
-Elle dit vrai Lucas, dit Blair en allant chercher un livre dans la bibliothèque qu'il tendit à son fils.

Lucas déchiffra le titre sur la vieille couverture en cuir, les lettres d'or s'étaient un peu effacées mais il arriva quand même à lire Les sentinelles du Paraguay par Richard H. Burton.

-Blair s'est aperçu que Sarah avait les mêmes capacités que moi, quand elle a eue sept ans. Cela se manifestait surtout la nuit. Elle n'arrivait pas à dormir car elle entendait toutes sortes de bruits. Ton père a commencé à lui apprendre à contrôler ses sens et Sarah a eu de moins en moins de mal à dormir. Elle a appris beaucoup plus vite que moi.
-Vous n'aviez pas le même âge Jim ! Et puis, si ton père ne t'avait pas convaincu que tu étais anormal, tu les aurais mieux disciplinés.
-Toujours est-il que vers l'adolescence, ses sens se sont mis en veille. Ils ne sont réapparus qu'après une planque difficile dans la foret. Sarah s'y est perdue et a erré trois jours seule. Elle était terrorisée quand on l'a retrouvé, elle avait " oublié " tout ce qu'elle avait appris mais mon guide, ton père, l'a aidé à se rappeler.
-Ce n'était pas difficile Sarah est une élève charmante comparée à toi, dit Blair en souriant. Le problème, c'est qu'elle commence à zoner assez souvent.
-Si je dois croire cette histoire, tu devrais pouvoir l'aider puisque tu es un…guide ?
-Je commence à me faire vieux tu sais. Sarah a besoin d'un guide plus jeune. Il semblerait que cela soit toi.
-Ecoutes, votre histoire est très jolie. Ton bouquin fait vrai mais je n'y crois pas une seule seconde
-C'est vrai mon chéri, j'ai mis du temps à le croire moi aussi, intervint Rafaela
-Lucas, j'ai une idée. Vas dans ma chambre, fermes la porte et dis quelque chose, un mot, une phrase, ce que tu veux.
-Pourquoi faire ?
-Te prouver que c'est vrai !
-C'est stupide, dit-il en lançant le livre sur le canapé
-S'il te plait, si tu penses vraiment ce que tu m'as dis tout à l'heure fais le… Fais le pour moi
-Très bien je vais vous prouver que cela n'est que des bêtises votre truc, dit-il en se dirigeant vers la porte de communication

Il prit soin de refermer la porte derrière lui, pénétra dans la chambre de Sarah et fit de même avec la porte de sa chambre. Il regarda un peu le décor qu'il n'avait pas revu depuis 2 ans, laissa échapper un " C'est pas vrai, elle a toujours Chester ". C'était un chien en peluche qu'il avait gagné pour elle dans une fête foraine des années auparavant. Ma phrase est, murmura t il dans le silence, le perroquet rouge s'est envolé pour les Bahamas. Lucas fit le chemin en sens inverse, alla se poster devant Sarah et l'affronta du regard.

-Oui, j'ai toujours Chester et Le perroquet rouge s'est envolé pour les Bahamas était ton livre préféré quand tu étais enfant
-Comment peux-tu …

Il ne finit pas sa phrase, prit le verre à moitié plein de sa mère et le vida d'un trait. Il allait s'en verser un autre quand Blair lui proposa de s'asseoir.

-Elle ne peut pas avoir entendu, toutes les portes étaient fermées !
-Pourtant, à voir ta tête, elle a répété exactement tes paroles, dit Blair
-Oui mais… Alors c'est vrai ?
-Sans vouloir te vexer Lucas, c'est ce qu'on se tue à t'expliquer depuis tout à l'heure, dit Jim un sourire aux lèvres
-Je crois que l'on va arrêter là pour ce soir et laisser les visions, les esprits animal, et le reste pour demain. Lis ce livre, tu comprendras mieux, dit Blair en lui mettant le livre sur les genoux. Mes amis, je vais aller me coucher et je pense que vous devriez en faire autant.
-Bonne idée, dit Jim en se levant. Tu viens Sarah ?
-Dans un instant, j'aimerais parler un moment à Lucas.
-Très bien, alors à demain tout le monde, dit Jim en rentrant chez lui

Blair et Rafaela se retirèrent dans leur chambre pour laisser les enfants discuter. Lucas semblait un peu secoué par ce qu'il avait appris, Sarah s'assit sur le canapé près de lui pour essayer de lui expliquer.

-Ca doit te paraître bizarre mais tu as eu la preuve que c'était vrai
-Oui, je n'arrive toujours pas à y croire... c'est si......
-Etrange ?
-Oui. Ton père l'a aussi ??
-C'est lui qui me l'a transmis, d'après Blair, c'est un don héréditaire
-Je ne comprends pas... Que vient faire mon père là dedans ?...
-C'est un peu compliqué mais je vais essayer de te résumer ce qui s'est passé. Papa était Ranger et il a passé presque deux ans dans la jungle du Pérou. Quand il est revenu à Cascade, il est devenu flic. Lors d'une enquête, il a du faire une planque dans la forêt pendant une semaine. C'est là qu'il s'est aperçu que quelque chose clochait avec ses sens
-Au Pérou ???
-Il ne m'a jamais vraiment expliqué ce qu'il devait y faire. La seule chose que je sais, c'est que toute son équipe a été tuée et qu'il était le seul survivant. Il a été récupéré par une équipe de reconnaissance, un peu par hasard
-Donc, si je comprends bien, ça a commencé après son retour au pays ?
-Pas tout de suite. Il s'est passé quelques années entre temps. Il a repris une vie normale jusqu'à cette planque dans la forêt
-Je ne vois toujours pas ce que mon père vient faire dans cette histoire
-Il a récupéré le dossier de papa, par une de ses petites amies de l'époque je crois. Il faisait des études d'anthropologie et collectait des renseignements sur les sentinelles. Quand il a su que papa correspondait plus ou moins à la définition d'une sentinelle, il a foncé à l'hôpital pour prendre contact avec lui
-Mon père un universitaire ??? J'arrive pas à y croire
-Tu ne le savais pas ?
-Non, papa ne parle que très rarement de son passé. Pour moi, il a toujours été flic et je n'arrive pas vraiment à l'imaginer faisant autre chose
-Pourtant, s'il n'avait pas été là, papa n'aurait jamais pu s'en sortir. Il serait probablement devenu fou.
-Comment ça, je croyais qu'il contrôlait ses sens ???
-Maintenant, il les contrôle presque totalement mais quand il les a redécouverts, il n'y arrivait pas. Ton père lui a expliqué, se basant sur le livre que tu as dans les mains, comment y arriver. Il a mis des années avant d'atteindre ce niveau.
-Et toi ???
-Ton père te l'a dit, il m'a aidé beaucoup plus tôt et je les gère à peu près
-Mon père a parlé de guide.... Quel est son rôle ? Et mon père, cela en est un ?
-Blair en est un effectivement. Le shaman aide la sentinelle lors des zone-out, lui apprend à se servir de ses sens et plein d'autres choses. Ton père pense que la méditation est utile et m'oblige à en faire un peu. Je ne sais pas s'il y a un mode d`emploi du bon guide, mais il est doué pour cela. Il ressent certaines choses en même temps que papa. Tu as dû remarquer qu'ils sont très complices, ce n'est pas uniquement parce qu'ils se connaissent depuis longtemps. Il y a un lien spécial entre eux
-C'est pour ça que mon père et le tien sont inséparables ?? Je me suis toujours demandé comment ils étaient devenus d'aussi bons amis. Si tu es une sentinelle, comment se fait-il que tu n'ais pas de guide ?
-Parce que cela ne se trouve pas à chaque coin de rue pardi !
-Alors qui t'aide en cas de.... Comment tu appelles ça ??
-Zone-out. Je n'en avais jamais fait un aussi long avant ce soir. En général, j'arrive à émerger au bout de quelques minutes. Jess m'a aidé une fois sans le savoir et ton père aussi.
-Décidément, mon père a bien des talents que je ne connais pas. Pourquoi mon père dit que d'être guide est héréditaire ? Tu crois que je le suis aussi ?
-Peu de gens connaissent ce côté là de sa personnalité. Je ne sais pas si tu es un guide Lucas, mais on pourrait penser que si papa m'a transmis ses dons, blair a pu te transmettre les siens
-Je ne sais pas, Sarah, ça me semble si irréel
-Ca je m'en doute pourtant c'est vrai. Si tu étais mon guide...
-Si j'étais ton guide ?
-Rien, écoutes, je vais te laisser réfléchir à tout ça
-Sarah, je ne sais pas si je serais à la hauteur dans cette tâche. Je n'y connais rien
-Tu dois en connaître autant que ton père quand il a commencé. Je crois qu'être guide ne s'apprend pas dans des bouquins, c'est instinctif
-Et si vous vous trompiez ???
-Ca voudrait dire que je ne suis pas "sauvée"
-Que veux-tu dire ???
-Si je ne trouve pas mon guide dans un certain laps de temps, je vais zoner de plus en plus souvent et un jour... Je ne reviendrais pas
-Non ! Je viens de te retrouver, je ne te laisserais pas partir
-Tu ne pourras rien faire Lucas, si tu n'es pas mon guide.
-Alors je ferais tout pour le devenir, je ne veux pas te perdre
-Tu ne peux pas le devenir, je n'arrive pas à t'expliquer... C'est quelque chose qui est au fond de toi. Quant à me perdre, si cela ne doit tenir qu'a moi ce n'est pas près d'arriver.
-Et comment peut-on le savoir ?
-Je n'en sais rien, ton père le sait peut être lui
-Il faudra le lui demander
-On verra cela demain. Il est tard, je ferais mieux d'aller me coucher. Je suis désolée pour ce qui s'est passé. Si tu n'avais pas été là...
-Je suis heureux d'avoir été là
-Et moi contente que tu sois à nouveau parmi nous. Tu vas rester longtemps ?
-Oui, j'ai eu plusieurs entretiens mais je ne sais pas quel cabinet choisir
-C'est si difficile de choisir ?
-Oui, je veux faire quelque chose de bien de ma vie tu comprends ? Je veux défendre ceux qui en ont besoin, pas seulement ceux qui le peuvent
-Tu n'as pas changé, toujours à défendre la veuve et l'orphelin
-Je dois tenir ça de mon père
-C`est possible
-On me propose tellement de choses, comment faire le bon choix ?
-Laisses ton cœur te guider. Je crois que le procureur recherche du monde en ce moment
-Le procureur ?
-Oui Gerner, il vient d'être élu et parlais de rajeunir l'équipe
-Tu crois que ...
-Qu'il t'engagerait ? Sans doute mais tu ne gagneras pas une fortune
-Ca n'a jamais été mon but, tu le sais
-Je sais mais ton métier pourrait te rapporter plus. Tu mérites d'avoir une vie grandiose
-Je ne veux pas de ça, je veux que ma vie serve à quelque chose. Regarde nos parents, ils n'ont jamais roulé sur l'or mais ils ont été heureux
-Tu as raison
-Il est tard, on devrait aller se reposer. Demain je vais avoir des tonnes de questions à poser et il faut que tu sois en pleine forme
-Des tonnes de question ? C'est donc que tu commences à y croire ?
-Ai-je le choix ??
-On a toujours le choix
-Pas en ce qui me concerne. Je t'aime et je refuse de te perdre. Je ferais tout tu m'entends
-Je... Si tu savais combien de fois j'ai voulu t'en parler mais... Tu as raison nous verrons ça demain

Sarah allait partir quand Lucas lui attrapa le bras et l'attira doucement vers lui pour l'embrasser. Elle ne résista pas, trop heureuse de voir enfin l`un de ses rêves se réaliser, être aimée de Lucas.

La forêt. Jim la connaissait bien. Cela faisait des années que son esprit animal l'y menait pour lui apprendre certaines choses. S`il était la, c'est qu'encore une fois sa panthère avait besoin de lui. Il la suivit jusqu`à un plan d'eau où l'attendait son shaman et son loup. Ils ne se parlèrent pas, ils n'en avaient pas besoin. Lucas ne comprenait pas. Il avait l'impression d'être dans un rêve et pourtant tout avait l`air si réel. Il eut un sursaut quand il se retrouva nez à nez avec un superbe tigre. Il était assis et semblait l'attendre. Lucas le suivit sans réfléchir. Sarah connaissait aussi cet endroit, bien que cela ne soit que par l'intermédiaire des récits de son père et de Blair. Elle se repéra sans problème et retrouva son fidèle compagnon qui la mena vers sa famille. Les quatre esprits se regroupèrent et firent face à leurs alter ego. Le jaguar pour Jim, le loup pour Blair, le tigre pour Lucas et un renard blanc pour Sarah. Incacha apparut sur l'eau, une lumière bleutée l'enveloppait.

Enqueri et Shaman, vous avez veillé sur la grande cité pendant de longues années. Il est temps de vous reposer et de laisser la place à vos descendants.

Blair et Jim se regardèrent et acquiescèrent d`un signe de tête. Le jaguar et le loup semblaient triste. Ils s'enfoncèrent dans la foret après avoir lancé un dernier regard à leurs alter ego. Le renard et le tigre vinrent se placer au coté de Sarah et Lucas.


Chapitre 13

- Je n'en reviens pas que le temps soit passé si vite, dit Jim
- Moi non plus, j'ai l'impression que Lucas est né la semaine dernière
- Il est devenu bel homme ton fils, Blair.
- Ta petite a pas mal tourné non plus, répondit-il en souriant

Ils étaient tous les deux assis sur un banc dans un petit parc. Une canne était posée près de Blair, il avait reçu une balle au genou, lors d'une enquête cinq ans auparavant, qui le faisait boiter. Il avait toujours ses cheveux longs mais maintenant ils étaient poivre et sel. Jim avait pris quelques kilos avec les années, ses cheveux étaient devenus blancs et faisaient encore plus ressortir ses yeux bleus. Ils s'étaient assis un instant pour se rappeler "le bon vieux temps " comme on le faisait à leurs âges. Jim allait sur ses 66 ans, Blair sur ses 59 ans.

- J'aurais préféré qu'elle choisisse un autre métier
- Pourquoi, inspecteur Sarah MacLane Ellison ça sonne bien, non ?
- C'est dangereux comme métier, je m'inquiète pour elle.
- Tu voulais qu'elle fasse quoi d'autres avec des parents et un oncle flic ?
- La même chose que ton Lucas, pardi !
- Ne dis pas ça depuis qu`elle est au bureau du procureur, elle courre beaucoup moins de risques
- Oui, mais quand même

Blair était très fier de son fils, il l'avait été encore plus quand il avait visité son bureau au palais de justice. C'était surtout en voyant l'inscription sur la porte : Lucas Matthew Sandburg, adjoint du procureur. Blair ferma les yeux et se rappela quelques souvenirs.

Lucas qui faisait tourner Maria en bourrique avec Sarah. Rafaela qui aidait les enfants à faire leurs devoirs. Lucas fou de joie quand il avait été admis à Harvard, encore plus quand il avait été diplômé de la célèbre école. Lucas qui prêtait serment de servir la justice en tant qu'avocat et enfin, Lucas embauché par le procureur Guerver. Son fils avait eu une enfance heureuse. Raf et lui n'avait pas eu d'autres enfants, dieu seul savait pourquoi, de toute façon leur fils remplissait toutes leurs espérances et même plus maintenant que…

- Tu as vu Simon ?
- Pas encore, dit Blair en s'obligeant à sortir de sa rêverie
- Il ne devrait pas tarder.
- Oui. Quelle belle journée ! Dis-moi Jim, tu crois que Sarah va se débrouiller avec ce que je lui ai donné ?
- Ta thèse ?
- Oui.
- Je crois qu'elle y arrivera. Tu la prépares depuis que l'on s'en est aperçut. Elle avait quoi, huit ans ?
- C'est ça. Je n'aurais jamais cru que ce don pouvait être héréditaire, ni celui de guide d`ailleurs.
- Moi non plus. Tu sais Blair… Je n'ai jamais oublié que tu avais jeté ta carrière aux orties pour moi
- Ca m'a fait mal sur le coup mais je crois qu'au fond de moi, je voulais être un flic tout comme toi, dit Blair en souriant à son vieil ami
- Dites-moi messieurs, ils seraient peut être temps de rentrer maintenant, dit une voix derrière eux. Jim, tu devrais aller la voir.
- Vous n'avez pas tort Mme Sandburg, puis-je vous laisser avec votre mari sans que vous n'enfreigniez la loi en le violant dans ce parc ?
- Jim enfin, ce n'est plus de notre âge, dit Rafaela en riant
- Ah, alors ton mari a embelli sa dernière histoire, fit Jim en lui posant un baiser sur la joue. Comment va t elle ?
- Elle est nerveuse mais c'est normal. Allez va jouer ton rôle de papa, vieux croûton !
- Dis donc, vieille bique !

Jim et Rafaela se regardèrent et éclatèrent de rire. Jim prit congé de ses deux amis et prit le chemin qu'il avait prit 25 ans plus tôt. Il frappa à la porte et attendit qu'on l'invite à entrer. Son cœur se serra quand il la vit, elle portait la robe de sa mère. Il eut un bref moment l'impression de revenir 32 ans en arrière quand il avait aperçut sa femme dans cette même robe.

- Ma chérie, tu es magnifique, dit Jim doucement
- Merci papa. Merci de m'avoir donné sa robe.
- C'est ce qu'elle aurait voulu
- Elle me manque, surtout aujourd'hui, dit Sarah tristement

Jim prit sa fille dans ses bras et l'embrassa. Ses boucles rousses tombaient en cascade de son chignon et lui chatouillèrent la joue. Jim vit qu'il lui manquait quelque chose pour satisfaire à la tradition. Elle avait un mouchoir en dentelle bleu dans la main, des boucles d'oreilles empruntées à Jessica, sa coéquipière mais il lui manquait quelque chose de vieux. Jim sortit de la poche de sa veste, une boite rectangulaire et la tendit à sa fille.

- C'était à ta mère, elle le portait le jour de notre mariage.
- Papa, je ne peux pas accepter, souffla Sarah en regardant le collier de perles de culture qui reposait dans la boîte
- Ma chérie, c'est une manière de te dire que je suis fière de toi et que ta mère l'est aussi, dit Jim en lui mettant le collier. Regardes toi dans le miroir.

La jeune femme obtempéra. Elle vit une femme de 26 ans, grande, élancée, rousse comme sa mère, aux yeux bleus hérités de son père. Elle crut aussi voir une ombre derrière elle, le fantôme de Sarah, qui lui disait combien elle était fière de ce qu'elle était devenue. Jim aperçut aussi Sarah dans le miroir, elle lui disait qu'ils allaient bientôt se retrouver. Le fantôme disparut. Jim et sa fille se demandèrent si leur sens leur jouaient un tour où s'ils avaient bien vu l'apparition

- Papa, tu as …vu ?
- Oui, je l'ai vu. Cela m'est déjà arrivé une fois, ton oncle était persuadé que je voyais un fantôme… Il avait raison, cela fait parti des dons que nous avons, Sarah, enfin que tu as en tant que Gardienne de la Grande Cité. Je ne vais pas tarder à aller la rejoindre.
- Ne parles pas comme ça, papa !
- Pourtant bientôt …
- Je sais mais j'espère que cela sera le plus tard possible, je ne veux pas te perdre.
- Moi non plus ma chérie, pourtant...J'ai hâte de la retrouver. Elle m'a fait le plus cadeau possible, dire que je l'ai refusé au début.
- De quoi parles-tu ?
- Sarah, assieds-toi. Je t'ai dit que ta mère était morte en te mettant au monde.
- Oui
- En fait, elle a donne sa vie en signant un papier qui demandait aux médecins de tout faire pour te sauver en priorité.
- Pourquoi a t elle fait cela ?
- J'ai mis longtemps à le comprendre, à lui en vouloir de m'avoir laissé. En fait, j'ai mis trois mois… Les trois premiers mois de ta vie. Si Blair et Rafaela ne t'avaient pas laissé au loft un week-end, je …
- Papa, je suis sûre que ce n'était pas grave. Tu m'as donné une enfance merveilleuse, tu as fais de moi quelqu'un de bien … Je t'aime papa, dit Sarah en sentant les larmes couler sur ses joues
- Moi aussi ma chérie, mais je dois te le dire. J'ai pensé que tu avais tué ta mère, que c'était de ta faute si j'avais perdu la femme que j'aimais. Je me suis rendu compte que c'était faux quand tu es tombée malade lors de ce fameux week-end. J'ai eu tellement peur de perdre la dernière chose qui me reliait à elle…
- C'est le passé tout cela. Aujourd'hui, c'est un jour merveilleux et je t'interdis d'avoir ce genre de pensées
- A vos ordres, inspecteur ! lança Jim avec un sourire. Si nous y allions, tout le monde nous attend.

En accompagnant sa fille à l'autel, Jim se rappela une phrase qu'Elisabeth lui avait dite le jour du mariage de Blair et Rafaela. La vie continue, il faut laisser le passé où il est et affronter l'avenir. Jim n'avait pas su à l'époque ce qu'elle entendait par-là, maintenant il savait. Une page de l'histoire était tournée, la nouvelle commençait avec le mariage de Sarah. Tous les vieux amis de Jim et Blair étaient là. Rafe et sa femme Delf, Brown et sa dernière conquête Isabelle, Joël et Corinne, la fille qu'il avait eue avec Maggie Walsh, Simon et Darryl étaient là aussi. Simon en tant qu'ami et ancien capitaine de Jim et Blair, Darryl en tant qu'ex-capitaine de Sarah. La cérémonie se passa sans anicroche et c'est un couple de jeunes mariés resplendissant qui sortit sur le parvis de l'église. Un photographe immortalisa le jeune couple entouré de leurs parents. La photo parue dans le journal de Cascade. On y voyait Jim, Sarah, Lucas, Blair et Rafaela.


Epilogue

Jim avait eu les enfants au téléphone, ils venaient de revenir de leur lune de miel à Paris. La capitale française les avait charmés d'après ce qu'ils disaient. Jim frappa à la porte de Blair et Rafaela pour prendre un café avec eux avant d'aller dormir. Ils aimaient bien se réunir le soir, ils se rappelaient les bons moments comme les pires. Ce soir, Jim se sentait bizarre, comme s'il savait que quelque chose allait se passer. Il ne dit rien à ses amis et les quitta en leur souhaitant une bonne nuit. Il rentra chez lui, regarda la photo de Sarah qui était toujours sur la cheminée et monta se coucher.

- Enfin tu es là, mon amour
- Je rêve encore, ce n'est pas possible !
- Tu ne rêves pas Jim, nous voilà enfin réuni pour l'éternité
- Ma chérie, j'ai tellement rêvé de ce moment… dit Jim en tendant la main vers sa femme. Ma main, elle n'est plus … ridée !
- Les choses ne sont pas pareilles ici. Tu es comme le jour où je t'ai quitté, il y a 26 ans
- Et toi, encore plus belle Sarah ! dit Jim en l'embrassant

Le lendemain, Blair trouva son ami mort dans son lit, un sourire sur le visage. Il savait ce qui s'était passé, Jim avait rejoint Sarah car ils étaient venus lui dire adieu dans un rêve. Le guide ne survit pas longtemps à sa sentinelle, il s'éteignit le lendemain alors que rien ne le laissait présager. Rafaela vécu encore quelques années, le temps de voir naître les jumeaux de Sarah et Lucas. Il les appelèrent James et Blair, en souvenir de leurs pères.

Fin