L'Affaire Matthews
Disclaimer : Le concept et les personnages de The sentinel sont la propriété de Danny Bilson, Pet Fly et Paramount. Je n'ai aucune intention de voler le copyright. Cette histoire et les personnages qu’elle contient sont la propriété exclusive de l'auteur.
Style : gen
Résumé : Jim et Blair enquêtent dans une clinique dont la directrice ne laisse pas notre sentinelle indifférente
Auteur : Je serais ravie de recevoir votre avis favorable ou non sur mon travail, n’hésitez pas : scilia@club-internet.fr
Note de l'auteur : Vous connaissez ce moment, juste avant de se réveiller, quand la réalité et la fiction se mélangent ? Et bien, voilà ce que cela donne parfois. Bonne lecture.
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- Jim, j’ai une nouvelle enquête pour toi.
- Je t’écoute Simon.
- Une journaliste a été poignardée chez elle. C’était une patiente de la clinique Matthews. Elle en était sortie il y a quinze jours. Taggart et Rafe sont sur les lieux.
- Pourquoi as-tu besoin de nous alors ?
- On a retrouvé un message de la victime sur le mur de sa chambre : MAT…
- Tu penses qu’elle a voulu nous donner le nom de son assassin ?
- C’est possible. C’est pourquoi je voudrais que tu y fasses un saut.
- Matthews… Ce n’est pas ce célèbre chirurgien esthétique ? Demanda Blair.
- Si, c’est lui. Il a le bras long apparemment, et comme il ne faut pas nuire à la réputation de sa clinique, je compte sur vous pour être discrets.
- Comme d’habitude, n’est-ce pas Jim ? Fit Blair en faisant un clin d’œil à son coéquipier.
- Bien sûr Simon, on est toujours discret, renchérit Jim.
- C’est cela, si je devais vous citer le nombre d’affaires où vous avez manqué de discrétion on y passerait la journée, alors filez !
- Faut pas vous énerver comme ça, Capitaine, dit Blair en ouvrant la porte.
- Oui, pense à ta santé, Simon.
- Je…. Foutez-moi le camp tous les deux, aboya Simon.
- J’ai l’impression qu’il est en colère, notre cher Capitaine.
- Non, tu crois ? Dit Jim en souriant.
La clinique Matthews était la plus réputée de Cascade. Un nombre impressionnant de personnalités venait se faire opérer pour accéder à la perfection. Le culte de la beauté n’existait pas qu’à Hollywood, Cascade n’échappait pas à la règle. La clinique avait été fondée cinq ans plutôt par le Docteur David Matthews. Elle était située en bordure de la ville, dans un immense parc où les patients pouvaient se promener tranquillement, à l’abri des regards indiscrets. Jim gara la voiture dans le parking et se dirigea vers l’entrée, accompagné de Blair qui avait commencé à expliquer à Jim que le culte de la beauté existait dans toutes les civilisations sous différentes formes.
- Tu vois, Jim, dans certaines tribus africaines, la beauté pour les femmes c’est d’avoir le plus grand nombre d’anneau de cuivre autour du cou, on les appelle les femmes-girafe.
- Je crois avoir lu cela quelque part.
- Et tu as d’autres tribus qui considèrent que la beauté c’est d’avoir les lèvres distendues par des plateaux de bois.
- Où veux-tu en venir ?
- Je comprends toutes ces tribus qui poursuivent leurs traditions ancestrales, mais je ne comprends pas du tout qu’on puisse, à notre époque, se faire charcuter pour le plaisir.
- Moi non plus, Grand chef, j’imagine que c’est notre société qui veut ça.
- Mouais, dit Blair d’une voix songeuse.
Ils entrèrent dans le hall de réception et furent étonnés par la beauté des lieux. Tout avait été aménagé pour respirer le luxe et l’argent. Sur la gauche, un immense bureau Louis XV où trônaient deux réceptionnistes. Jim se dirigea vers elles.
- Jim Ellison, je suis attendu par M. Matthews.
- Vous avez rendez-vous ? Demanda la réceptionniste sur un ton légèrement agressif.
- Pas exactement, répondit Jim sur le même ton et lui montrant sa plaque.
- Je vois, vous venez pour …
- Oui, et on m’a recommandé la discrétion, alors… Fit Jim avec un petit sourire triomphant en voyant la fille rougir.
Elle prit le téléphone et appela le bureau de son patron. La conversation dura deux minutes, et elle se tourna vers Jim pour lui annoncer :
- M. Matthews est en salle d’opération, mais sa femme va vous recevoir. Installez-vous dans ces fauteuils, elle ne va pas tarder.
- Merci mademoiselle.
Les deux policiers s’assirent et regardèrent autour d’eux pour se faire une idée des lieux. Blair fit signe à Jim qu’il avait repéré quelqu’un de connu dans le jardin qu’on apercevait par une baie vitrée.
- Regarde, Jim, ce ne serait pas la femme du maire ?
- Si, tu as raison, je comprends mieux pourquoi il faut faire preuve de discrétion.
- Oui, si jamais on apprenait qu’elle venait là, cela ferait jaser, dit Blair en souriant.
Jim ne répondit pas, il regardait la femme qui venait de sortir de l’ascenseur. Grande, rousse aux yeux verts, elle avançait d’un pas assuré. Elle avait un maintien royal et ses vêtements devaient coûter un mois du salaire de Jim. Elle s’arrêta pour saluer un ou deux patients puis se dirigea vers la réception. La femme qui avait reçu Jim le désigna discrètement du doigt. La rouquine s’approcha d’eux, Jim se levait quand elle arriva à sa hauteur.
- Sarah Matthews, on me dit que vous vouliez parler à mon mari ?
- Tout à fait Madame Matthews, je suis l’inspecteur Ellison et voilà mon équipier M. Sandburg.
- Enchanté, Madame, fit Blair en lui serrant la main.
- Je pense que nous serons mieux dans mon bureau, veuillez me suivre s’il vous plait.
Jim et Blair lui emboîtèrent le pas et prirent l’ascenseur qui les mena au dernier étage. Le bureau était dans le même style que le reste de la clinique : très luxueux. Blair s’approcha d’un tableau accroché au-dessus d’une causeuse.
- C’est La nuit étoilée de Van Gogh ?
- Tout à fait, mon mari l’a acheté à une vente à Drouot lors de son dernier voyage à Paris.
- Il est magnifique.
- Exact, mais vous n’êtes pas venu parler peinture.
- Vous avez raison. Vous connaissez une certaine Madame Reynolds ? Demanda Jim.
- Reynolds… Oui je crois que c’est une de nos patientes. Je peux vérifier si vous le souhaitez.
- Oui j’aimerais bien, j’imagine que vous n’avez pas le droit de me dire ce que votre mari a pratiqué comme opération…
- Exact, répondit Madame Matthews qui cherchait le dossier de la patiente sur son ordinateur. J’espère que Madame Reynolds va bien.
- J’ai bien peur que non, Madame, dit Blair, elle a été tuée cette nuit.
- Pardon? Madame Reynolds tuée? Cela n’a aucun sens ! Qui aurait pu en vouloir à cette charmante femme ?
- C’est la question que nous nous posons, Madame Matthews. Mais nous ne sommes pas venus uniquement pour vous annoncer cela. Vous pouvez me dire où se trouvait votre mari hier soir entre 21 et 23h ?
- Je suis obligée de vous répondre ?
- J’en ai peur, Madame, répondit Blair.
- Et bien, mon mari et moi étions chez nous. Nous avons dîné de bonne heure et avons passé la soirée devant la télévision. Je crois que nous nous sommes couchés vers 22h30.
- Tous les deux ?
- Oui, et puisque vous tenez à le savoir nous faisons chambre commune, donc je l’aurais vu partir.
- Pas si vous dormiez, Madame, répondit Blair.
- Mais enfin, qu’insinuez-vous ? Que mon mari est un assassin ? Dit-elle d’un ton cassant.
- Pas exactement, reprit Jim. Madame Reynolds a laissé un message avant de succomber à ses blessures. Elle a écrit les lettres MAT sur le mur de sa chambre, et si j’en crois les sources que nous avons, elle s’apprêtait à écrire un article sur votre clinique.
- Je suis au courant, elle m’avait interviewée pour son article, mais je ne vois pas ce qu’elle aurait pu révéler de si terrible pour que l’on veuille la tuer, et ces quelques lettres ne désignent pas obligatoirement mon mari. Cela peut être un prénom, le nom d’un de ses petits amis, et que sais-je encore ?
- C'est vrai, mais nous sommes obligés de vérifier toutes les pistes.
- Je comprends, inspecteur. Si vous n’avez plus d’autres questions, je vais vous demander de me laisser, j’ai énormément de travail.
- Bien sûr, Madame. Je vous laisse ma carte au cas où vous auriez quelque chose à ajouter. Et j’aimerais bien m’entretenir avec votre mari.
- Je lui dirai de vous appeler, mais c’est un homme très occupé.
- Pourtant, il va falloir qu’il prenne le temps de me recevoir…
- Au revoir, Inspecteur, fit Madame Matthews d’une voix glaciale.
- Madame, répondit Jim du même ton en la regardant droit dans les yeux.
- Au revoir, rajouta Blair.
Sarah Matthews referma la porte derrière les deux policiers et s’assit à son bureau. Elle réfléchit à ce qui lui avaient dit les deux hommes, et se dit qu’ils faisaient fausse route en pensant que son mari avait assassiné Madame Reynolds. Elle le connaissait assez bien pour savoir que c’était un homme qui détestait la violence, et un chirurgien de génie qui ne mettrait pas la réputation de la clinique en danger.
Jim et Blair étaient retournés au Central, et cherchaient des informations sur le Docteur Matthews, ainsi que sur toutes les personnes qui figuraient dans le répertoire de Kathy Reynolds. La liste était longue, ils commencèrent d’abord par les noms débutant par la lettre M.
- Tu savais que le Docteur Matthews avait fait l’armée chez les rangers ?
- Vraiment ?
- Oui, d’après ce bouquin, Blair lui montra un exemplaire de la biographie du docteur qu’il avait trouvé à la bibliothèque.
- Mais encore ?
- Il les a quittés au bout de six mois pour se consacrer à la médecine humanitaire, sa première vocation apparemment. Puis il a fait un stage à New York chez un célèbre plasticien, a rencontré sa femme lors d’un gala de charité et a fondé sa clinique un an après.
- Où a-t-il trouvé l’argent ?
- Sa femme, elle vient d’une famille aisée de New York.
- Je me demande si c’est pour l’argent ou pour elle qu’il l’a épousé.
- Jim ! Ne me dis pas que tu n’as pas trouvé Madame Matthews à ton goût, j’ai bien vu comment tu la regardais quand elle est descendue de l’ascenseur !
- Il faut vraiment que tu remarques tout !
- Ca fait partie de mes dons de shaman, je te rappelle.
- Quel dommage que tu ne puisses pas les mettre en veilleuse de temps en temps, répondit Jim d’un air bourru et en se replongeant dans ses recherches.
Simon passa la tête dans l’encadrement de la porte de son bureau et les appela en criant comme d’habitude. Les deux policiers n’y faisaient même plus attention à force, et se dirigèrent tranquillement dans le bureau de leur capitaine.
- Oui, Capitaine ?
- Qu’est-ce que tu as fait à Madame Matthews, Jim ?
- Rien, pourquoi ?
- Son mari vient d’appeler le maire, qui a appelé le chef de la police pour lui dire que tu l’avais harcelée en l’interrogeant.
- Ce n’est pas vrai, Capitaine, j’étais là.
- Je ne crois pas vous avoir sonné, Sandburg, tonna Simon.
- Simon, calme-toi, je ne sais pas ce qu’a raconté le Docteur Matthews au maire mais je n’ai pas harcelé sa femme. Peut être un peu bousculé à la limite.
- Jim, quand je te dis de prendre des gants ça veut dire quoi d’après toi ? Dit Simon, exaspéré. Il n’attendit pas la réponse et continua. Tu as rendez-vous dans une heure avec le Docteur Matthews, tâche de ne pas faire de gaffe cette fois.
- Vous êtes injuste, Simon, Jim n’a pas….
- Sandburg, d’abord, pour vous c’est Capitaine, et ensuite je serai injuste si je veux, c’est encore moi qui dirige ce service il me semble ? Quand vous serez à ma place on en reparlera, dehors !
David Matthews était assis sur le sofa à côté de sa femme. Ils parlaient des affaires de la clinique et en arrivèrent inévitablement à la visite des deux inspecteurs.
- David, pourquoi as-tu appelé le maire, cet inspecteur n’a pas été désobligeant avec moi.
- Je sais, ma chérie, mais je n’ai pas apprécié qu’il t’interroge sans que je sois là.
- Je peux encore me défendre, tu sais, fit elle en souriant.
- Je sais, mais en fait ce que je ne supporte pas c’est que cet inspecteur pense que j’ai assassiné une de mes patientes, c’est absurde.
- Je sais, David, mais il ne fait que son travail, comme toi tu fais le tien en offrant une nouvelle vie à tous ses gens que tu opères.
- Je t’aime Sarah, tu es la perfection même, dit-il en la dévisageant et lui donnant un baiser.
- Moi aussi je t’aime, David, mais je me demande qui a bien pu assassiner Kathy Reynolds. L’article qu’elle écrivait aurait continué à entretenir le prestige de la clinique.
- Tu sais ma chérie, notre clinique ne devait pas être son seul sujet, peut être que c’est une simple déduction un peu rapide de cet inspecteur.
- Et ces lettres qu’elle a écrit, MAT ?
- Comme tu l’as dit, cela peut être un prénom, un lieu, enfin n’importe quoi. De toute façon, nous avons passé la soirée ensemble, et je suis sûr que tu te souviens de la nuit dernière, fit David avec un sourire coquin.
Il prit sa femme dans ses bras et l’embrassa passionnément, ils n’entendirent pas la secrétaire frapper à la porte et celle ci se retrouva embarrassée quand elle les découvrit.
- Hum… excusez-moi docteur.
- Oui, Marie ? Dit David en s’éloignant à regret de Sarah. Il faudra que je pense à fermer la porte la prochaine fois, pensa-t-il.
- Les deux inspecteurs sont là.
- Faites les entrer mais … dans cinq minutes, reprit-il en regardant Sarah ajuster sa tenue.
- Bien, docteur.
- Tu es terrible, David, j’ai bien cru que cette pauvre Marie allait s’étouffer en nous voyant.
- Ce n’est pas de ma faute si elle continue à jouer les vieilles filles. Tu restes pour l’interrogatoire ?
- Oui, à moins que tu n’ais des choses à me cacher, mon amour.
- Non, tu es déjà au courant pour mon autre femme, dit il en riant.
- Oh, David, tu es infernal.
- Je sais, c’est pour cela que tu m’aimes, ma chérie, dit-il en la reprenant dans ses bras pour lui poser un léger baiser sur les lèvres.
Jim et Blair firent leur entrée au même moment, ils furent un peu surpris de découvrir le couple dans cette position. Surtout Jim qui s’était imaginé, d’après ce que lui avait raconté Blair de la biographie du docteur, que c’était un mariage de raison et non d’amour.
- Excusez nous, nous pouvons repasser plus tard si vous le souhaitez, dit Blair en guise d’excuses.
- Ce n’est pas la peine, inspecteur… Sandburg, si je ne m’abuse.
- C'est cela, répondit celui-ci en serrant la main que lui tendait le docteur.
- Et vous devez être l’inspecteur Ellison.
- Oui, répondit Jim en serrant les dents, celui qui a harcelé votre femme ce matin. Il se tourna vers la femme du docteur et lui dédia un maigre sourire.
Le docteur prit les choses en main et les invita à s’asseoir dans les deux fauteuils qui faisaient face au sofa où il s’installa avec sa femme.
- Désirez-vous quelque chose à boire, messieurs ?
- Non merci, répondit Jim. Il se sentait en colère contre le docteur Matthews, sans savoir pourquoi.
- Ma chérie ?
- Non merci, David.
- Bien, alors venons-en au fait, que vouliez-vous me demander, inspecteur ?
- Votre femme a dû vous mettre au courant.
- Vous vouliez connaître mon alibi il me semble. Sarah vous a répondu avec assez de précision, je pense.
- Oui, sauf que vous auriez pu attendre qu’elle s’endorme pour sortir de chez vous…
- J’aurais pu, c’est vrai, sauf que je ne l’ai pas fait, et je ne suis pas sûr de vouloir vous expliquer pourquoi.
- J’ai bien peur que vous n’ayez pas le choix, docteur.
David Matthews regarda sa femme qui commençait déjà à rougir, elle lui fit un discret signe de tête. Blair remarqua leur manège et sut ce qu’il allait dire.
- Très bien, je ne suis pas sorti de chez moi car ma femme et moi étions dans notre chambre où nous faisions l’amour, voulez-vous des détails ?
- Je suis désolé de vous mettre mal à l’aise, dit Jim en regardant Sarah.
- Rassurez-vous, je comprends, inspecteur, dit Sarah qui était rouge comme une pivoine.
- Autre chose, inspecteur ?
- La nature de l’opération que vous avez effectuée sur Madame Reynolds ?
- Vous savez très bien que je ne peux vous le révéler sans mandat.
- Cela ne me coûtait rien d’essayer, dit Jim en souriant.
- Exact, vous m’avez l’air d’un homme intelligent, alors dites-moi, que croyez-vous que je gagnerais à tuer une de mes patientes ?
- Empêcher la fermeture de votre clinique si, la dite patiente, écrivait un article révélant certaines choses sur vos pratiques.
- Vous avez du répondant en plus, c’est louable, mais je n’ai pas tué Madame Reynolds et ne sais pas qui a pu le faire.
- Eh bien, nous allons vous laisser, mais j’aimerais avoir l’autorisation d’interroger votre personnel, et avoir la liste de tous ceux qui se sont occupés de Madame Reynolds.
- Je n’y vois pas d’inconvénient. Je vais demander à mon assistante de vous préparer cette liste. Sarah et moi sommes à votre disposition, d’ailleurs ma femme peut vous faire visiter notre clinique. Nous serions navrés que vous vous perdiez, n’est-ce pas Sarah ?
- Bien sûr, David. Elle se leva et regarda son planning. Je dois pouvoir me libérer pour demain 10h, cela vous convient-il ?
- Ce sera parfait, Madame. Merci de nous avoir consacré un peu de votre temps, docteur Matthews, dit Jim en se levant.
- Nous sommes à votre disposition messieurs.
Jim et Blair regagnèrent leur voiture. Jim se retourna et regarda la clinique, il se demandait si cette vie plaisait à Sarah, Madame Matthews, se reprit-il intérieurement. Blair remarqua son air rêveur mais ne fit aucun commentaire, sachant d’avance que sa sentinelle ne répondrait pas. Il préféra opter pour l’alibi des Matthews.
- Tu penses qu’ils essayent de se couvrir mutuellement ?
- Non, il a dit la vérité. La réaction de sa femme le prouve et son pouls n’a pas changé de rythme.
- Alors nous revoilà au point mort.
- Pas exactement. Nous allons voir si quelqu’un du personnel n’est pas impliqué. Et puis, il reste aussi la piste d’une personne étrangère à cette clinique.
- C’est marrant, Jim, mais j’ai l’impression que tu ne crois pas ce que tu viens de me dire.
- C’est vrai, je suis sûr que c’est quelqu’un d’ici mais je ne sais pas pourquoi, c’est une intuition.
- De sentinelle ?
- Non de flic, tu sais qu’il m’arrive d’être flic de temps en temps, répondit Jim ironiquement.
- Pas la peine de me répondre de cette façon, dit Blair légèrement vexé.
- Excuse-moi, Grand Chef, mais il y a quelque chose de troublant ici…
- Oui. Madame Matthews, répondit Blair spontanément.
- Oui, dit Jim dans un souffle.
Blair était étonné de l’attitude de son équipier. Il avait l’habitude de le voir pragmatique, et là il avait l’air complètement sous le charme de la femme de leur principal suspect, de leur ex principal suspect, rectifia-t-il mentalement. Jim et Blair retrouvèrent Rafe et Joël pour faire le point sur l’enquête. Ils n’avaient aucune piste, aucune empreinte, aucune fibre, rien. Même Jim, qui était passé à l’appartement de la victime, n’avait rien trouvé. Un vrai courant d’air ce tueur. La seule chose qu’ils avaient c’était l’arme du crime. Un couteau de cuisine appartenant à Kathy Reynolds et qui avait été retrouvé dans les poubelles de l’immeuble. Simon leur dit de prendre leur soirée, pensant qu’il n’avait rien en main et que la visite de la clinique et l’interrogatoire du personnel, leur fournirait une nouvelle base de travail.
Jim et Blair rentrèrent donc au loft, tout en pensant à l’enquête en cours. Blair prépara le repas pendant que Jim regardait la télévision, ou du moins essayait. Son esprit n’arrivait pas à se détacher de Sarah Matthews. Il revoyait avec quelle froideur elle l’avait congédié le matin même, la façon dont elle avait rougi quand son mari avait dévoilé la nature de leur alibi, son sourire quand il l’avait quittée après s’être entretenu avec son mari. Il éteint la télévision et alla prendre une douche en espérant que cela le détendrait un peu. Blair le regarda, il avait l’impression de voir un lion en cage. Il ne dit rien. Le repas fut assez silencieux et ils se couchèrent tôt en prévision de la journée du lendemain.
Jim était endormi et rêvait. Il était avec Sarah à la clinique. Elle était dans ses bras et il l’embrassait tout comme il avait vu son mari le faire l’après-midi même.
- Vous êtes un homme étonnant, inspecteur, dit-elle en riant.
- Parce que je vous désire ?
- Entre autres, il y a quelque chose que je n’arrive pas à tirer au clair en vous. Quelque chose de mystérieux, de magique, …
Elle n’eut pas le temps d’en dire plus car Jim était passé à une autre partie de son rêve. Sarah était dans son bureau en train de travailler. Son mari passa pour lui demander si elle pensait rentrer tard, elle répondit par la négative. Il l’embrassa en lui disant qu’il l’attendait chez eux. L’image d’après montrait Sarah dans une pièce qui ressemblait à des archives, elle fouillait dans un dossier. Jim l’entendit murmurer un oh mon dieu. Elle allait sortir de la pièce quand il la vit s’effondrer sur le sol. Un homme la souleva dans ses bras et l’emmena hors de la pièce.
Jim se réveilla en sursaut. Elle est en danger, cette phrase résonnait dans sa tête. Il regarda sa montre, il n’était que onze heures. Il se leva, s’habilla, et alla réveiller Blair.
- Réveille-toi, Blair !
- Mmmmm, fit la forme allongée sous les couvertures.
- Grand chef, elle est en danger !
- Hein ? Qui est en danger ?
- Sarah ! Enfin, Madame Matthews.
- Elle t’a appelé ?
- Non, je… Je l’ai vue en rêve. Je crois qu’elle a découvert ce qu’allait dévoiler Madame Reynolds dans son article, et celui qui a tué la journaliste, va faire de même avec Sarah.
- Jim, tu es sûr que tu vas bien ?
- Ecoute, si tu ne veux pas venir, ce n’est pas grave. Le temps presse, j’y vais.
- Je viens, laisse moi m’habiller.
Ils arrivèrent devant la clinique où tout le monde semblait dormir.
- Comment vais je la retrouver ? dit Jim.
- Sers-toi de tes sens ! Ton ouïe, précisa Blair en voyant que sa sentinelle ne comprenait pas. Tu es sûr que ça va ?
- Oui, je suis inquiet pour elle c'est tout.
Blair ne répondit pas car il voyait Jim se servir de son ouïe pour essayer de localiser Sarah dans la clinique. Jim entendit des respirations, des infirmières qui parlaient tout bas, le bruit de machines, mais pas celle qu’il cherchait. Il se chercha encore et l’entendit, elle devait être dans une sorte de cave car sa voix résonnait bizarrement.
- Non, je t’en prie !
- Je ne peux pas te laisser comme cela, ma chérie, tu en sais trop, comme Kathy.
- David, s’il te plaît, ne me fait pas de mal.
- Cela ne va pas te faire de mal, Sarah. Tu vas juste planer un peu pendant quelques heures, le temps que je règle quelques affaires. Je finirai de m’occuper de toi après, dit le docteur Matthews d’un ton froid et distant.
- Non, David, ne..
La voix de Sarah s’était éteinte. Jim essaya de revenir mais il n’y arrivait pas. Il sentit Blair lui parler et essayer de le secouer.
- Jim ! Allez Jim, reviens ! Ce n’est pas le moment de zoner ! Il va falloir que je me penche sur tes zone out, j’ai l’impression que c’est lié à tes sentiments.
Blair finissait à peine sa phrase que Jim reprenait le dessus. Il secoua la tête et passa les mains sur son visage.
- Je sais où elle est, suis-moi !
Blair obtempéra et suivit sa sentinelle jusqu'à la réception de la clinique. Le veilleur de nuit refusa de les laisser entrer, l’heure des visites était passée leur rétorqua-t-il. Il fut beaucoup plus aimable une fois que Jim lui eut montré sa plaque et menacé de le mettre en prison pour obstruction à la justice et non-assistance à personne en danger.
- Où sont les sous-sols ?
- Par-là, répondit le veilleur en leur montrant une porte.
Jim ouvrit la porte et fonça dans l’escalier. Il n’entendait plus Sarah depuis un moment et était inquiet. Blair le suivait de près, son arme à la main. Ils arrivèrent dans un couloir où deux directions étaient possibles. Jim prit à gauche et Blair à droite. Ils fouillèrent systématiquement toutes les pièces sans rien trouver.
- Bon sang, c’est pas vrai ! Où est-elle ? Dit Jim franchement en rogne.
Blair le regarda sans rien dire. Jim regarda son guide et décida d’appliquer ses conseils. Il respira profondément pour se calmer et laissa son ouïe parcourir les couloirs de la clinique. Et il l’entendit, ce n’était qu’un murmure mais cela suffit à Jim pour savoir où chercher. Il emmena Blair dans la dernière pièce du couloir de droite et écouta à nouveau.
- Aidez-moi, dit une toute petite voix.
- Elle est là, mais je ne vois pas de porte.
Blair s’approcha et commença à taper sur le mur.
- Jim, ça sonne creux ici.
- Fais voir.
Jim inspecta la cloison avec ses doigts. Il repéra un bouton que Blair n’avait pas remarqué. Une porte s’ouvrit et Jim s’engouffra dans la pièce. Sarah était assise dans un fauteuil roulant, la tête posée sur sa poitrine, les mains attachés aux accoudoirs. Elle semblait se débattre pour garder connaissance. Jim s’approcha et la détacha tout en lui parlant.
- Sarah, je suis l’inspecteur Ellison. Je viens vous aider.
Elle ne répondit pas mais Jim vit des larmes couler sur son visage. Blair inspectait la pièce et trouva le produit que l’on avait injecté à Madame Matthews. Il connaissait ses effets puisque c’était un puissant somnifère que sa mère utilisait parfois, à petite dose. Ce truc aurait été capable d’endormir un éléphant pendant une semaine. Le flacon était presque plein, Blair en déduit que l’on ne lui avait pas donné une grosse quantité et qu’elle s’en remettrait assez vite. Jim était toujours près d’elle à lui parler.
- Sarah ?
- C’est …mon…
- Je sais, ne vous fatiguez pas à parler, je vous emmène voir un médecin.
- Elle n’est pas en danger, Jim, on lui a donné un somnifère.
- Tu es sûr ?
- Oui.
- Bon, appelle les gars du labo pour qu’ils viennent regarder tout ça et essaye de me trouver le médecin de garde. Je la ramène là-haut.
- Ok, je te retrouve à la réception.
Blair remonta et appela Simon qui s’occupa de tout organiser. Il prévint Blair qu’il arriverait dans vingt minutes. Jim regarda Sarah et la prit doucement dans ses bras. Elle se laissa aller contre lui et il eut l’impression, un bref instant, d’être l’un de ces chevaliers au blanc destrier de certaines histoires qu’il avait lues étant petit. Il s’engagea dans le couloir et remonta jusqu’au rez-de-chaussée. Le veilleur avait l’air dans tous ses états, mais dès qu’il vit Jim et Sarah arriver, il se dirigea vers sa patronne et la fit allonger sur un canapé de la salle d’attente. Le médecin de garde était en train de parler avec Blair et s’approcha de Madame Matthews pour l’examiner. Jim la laissa entre ses mains et rejoignit Blair.
- Le médecin m’a confirmé que c’était un somnifère et Simon ne va pas tarder à arriver
- Très bien, dit Jim qui ne quittait pas des yeux Sarah.
- J’ai pensé que tu voudrais la mettre en protection rapprochée, alors j’ai demandé à Simon de nous prêter la maison habituelle.
- Tu as bien fait, dit Jim en l’écoutant d’une oreille.
Le médecin revint vers eux.
- Elle va bien. La bosse qu’elle a à la tête devrait partir rapidement. Par contre, elle risque de dormir quelques heures. Vous voulez que je l’installe dans une de nos chambres ?
- Non, nous allons l’emmener. Celui qui lui a fait cela risque de chercher à finir le travail, répondit Jim.
- Très bien, inspecteur, je vais prévenir le Docteur Matthews.
- J’ai bien peur qu’il soit introuvable.
- Comment cela ? Demanda le médecin interloqué.
- Aucune importance, laissez-nous nous en charger. Merci de l’avoir examiné.
Jim congédia le médecin et aperçut Simon qui sortait de sa voiture. Il alla à sa rencontre, Blair sur ses talons.
- Alors Jim ?
- Elle va bien mais je veux la mettre sous surveillance.
- Je sais, Sandburg m’a prévenu. Tiens, voilà les clefs de la maison.
- Merci. Ecoute, je sais que tu ne vas pas me croire, mais elle le confirmera quand elle sera réveillée. C’est son mari qui a tué Kathy Reynolds et l’a séquestrée dans les sous-sols.
- Comment … et puis non, ne me dis rien. Sandburg, vous allez avec lui. Tiens-moi au courant, Jim.
- Bien sûr.
Jim retourna dans la clinique et prit Sarah dans ses bras. Il l’emmena jusqu’à sa voiture. Blair l’aida à l’installer et ils se mirent en route. Le trajet fut assez court, Jim installa sa protégée dans une chambre et vint rejoindre Blair dans le salon.
- Je ne comprends pas comment tu as pu avoir cette vision.
- Je ne sais pas, Blair, il y a quelque chose entre elle et moi. J’ai pensé à elle toute la soirée, j’ai l’impression de la connaître alors que je l’ai rencontrée pour la première fois ce matin.
- Tu as déjà entendu parlé des vies antérieures, Jim ?
- Oui, mais tu ne vas pas me faire croire que je l’ai connue dans une autre vie..
- Pourquoi pas ? Avoue que tu ne croyais pas non plus aux visions avant d’en avoir.
- Non, c’est vrai, mais… Je trouve ça étrange, c’est tout.
- Et un shaman et une sentinelle qui veille sur Cascade, ça ne l’est pas ?
- Si, dit Jim en souriant. Va te coucher, je n’ai pas envie de dormir.
- D’accord, mais réfléchis à ce que je t’ai dit.
Blair entra dans sa chambre et tomba comme une masse sur le lit, il sombra dans un profond sommeil. Jim réfléchit un moment à cette histoire de vies antérieures, mais il trouva l’idée saugrenue. Ses pensées dérivèrent naturellement vers Sarah Matthews. Son mari allait probablement essayer de la retrouver. Jim ne savait pas ce que Sarah avait découvert mais il se doutait que Matthews empêcherait sa femme d’en dire trop. Il savait aussi, plus précisément qu’eux, dans combien de temps elle se réveillerait. Jim allait se préparer une tasse de café quand il l’entendit. Il ouvrit doucement la porte de sa chambre et la regarda. Elle était en train de se débattre avec un cauchemar. Elle gémissait et faisait des mouvements brusques. Jim referma la porte derrière lui et s’assit sur le lit. Il lui caressa la joue et cela sembla l’apaiser un court instant. Puis elle se redressa d’un bond dans le lit, ramenant ses jambes sur sa poitrine pour se protéger.
- Tout va bien, vous êtes en sécurité.
- Comment m’avez vous trouvée ?
- C’est une longue histoire. Je sais que votre mari vous a donné un somnifère et qu’il avait l’intention de revenir à votre réveil.
A ces mots Sarah fondit en larmes, elle ne pouvait pas se contenir. Elle avait tellement mal d’avoir été trahie par son mari. Elle se sentait manipulée, seule, perdue. L’inspecteur qui était en face d’elle lui semblait rassurant. Elle aurait aimé se blottir entre ses bras, mais elle jugea cela déplacé, après tout elle ne le connaissait pas. Le fait qu’il lui ait sauvé la vie ne justifiait pas cette envie, il y avait quelque chose d’autre, Sarah le sentait. Jim lui tendit un mouchoir.
- Je suis désolé de tout ce qui vous arrive, mais j’ai bien peur que cela ne s’arrête pas là.
- Que voulez-vous dire ?
- Je pense que votre mari va essayer de vous réduire au silence. Qu’avez vous découvert dans la salle des archives ?
- Comment pouvez-vous savoir que j’y suis allée ? Demanda-t-elle interloquée.
- J’ai bien peur que vous ne me croyiez pas, madame Matthews.
- Appelez-moi Sarah, je commence à regretter de porter ce nom.
- Très bien, Sarah, j’ai rêvé ce qui vous est arrivé. Je vous ai vue dans la salle, j’ai vu que quelqu’un vous avait assommée et que vous étiez en danger.
- Je crois que j’aurais mieux fait de ne rien vous demander, dit-elle en se mouchant.
- Sarah, je…
Les mots se bloquèrent dans sa gorge, il tendit la main pour caresser une mèche de ses cheveux de feu. Elle ne bougea pas et sentit son cœur battre la chamade. La main de Jim passa derrière sa nuque et il l’attira doucement à lui. Sarah sentait le souffle de Jim sur ses lèvres et n’avait envie que d’une chose, qu’il lui donne un baiser. Jim effleura ses lèvres doucement, hésitant à laisser ses pulsions prendre le dessus. Il arrêta de l’embrasser.
- Je ne peux pas, vous êtes sous ma protection et je n’ai pas le droit d’abuser de vous.
- Même si je vous y autorise ?
- Cela ne change rien, je ne pourrais pas vous protéger correctement si…
Sarah ne lui laissa pas finir sa phrase et l’embrassa doucement, Jim ne fit rien pour l’en empêcher tellement il avait envie d’elle. Ils avaient tous les deux l’impression de se retrouver après des années de séparation. L’idée des vies antérieures passa dans l’esprit de Jim, mais il était tellement occupé à goûter les lèvres de Sarah qu’il n’y fit pas attention. Ils se retrouvèrent allongés sur le lit. Jim commença à déboutonner le chemisier de Sarah tout en l’embrassant. Il s’arracha à son baiser pour la regarder. Elle était magnifique, le désir donnait un éclat brillant à ses yeux et ses pommettes était roses.
- Tu es sûre que c’est ce que tu veux ? Demanda Jim d’une voix rauque.
- Oui, je veux que vous me fassiez l’amour inspecteur Ellison.
Jim ne se fit pas prier plus longtemps, et il découvrit avec Sarah un monde de plaisir qu’il n’avait jamais exploré auparavant. Le soleil se leva sur les deux amants enlacés, Jim déposa un baiser sur les cheveux de Sarah. Elle leva la tête et lui sourit.
- Tu as bien dormi ?
- Pas beaucoup, mais merveilleusement bien, répondit Sarah, l’air mutin.
- Tu ne m’as pas semblé mécontente, répondit Jim sur le même ton.
Ils se regardèrent et éclatèrent de rire. Un bruit de verre cassé les fit s’arrêter. Jim fit signe à Sarah de ne rien dire et approcha de la porte tout en s’habillant.
- Où est ma femme ? demanda David Matthews à Blair qu’il tenait en joue.
- Je ne sais pas.
- Ne jouez pas avec moi, inspecteur, vous pourriez le regretter.
- Comme vous l’avez fait regretter à Kathy Reynolds ?
- Elle allait dévoiler au monde médical que la clinique blanchissait de l’argent, je ne pouvais pas la laisser ruiner le travail de toute ma vie.
- C’est pour cela que vous l’avez tuée ?
- Oui, et aussi parce que Kathy était ma maîtresse et qu’elle allait tout dire à ma femme. Vous savez qu’il est très facile de trouver quelqu’un pour faire ce genre de travail quand on en a les moyens.
Sarah qui s’était rhabillée et qui écoutait avec Jim derrière la porte ne put s’empêcher de pousser un cri de dégoût.
- Sors de là, ma chérie, ordonna David.
Jim lui fit signe de sortir, il prit son arme, la mit derrière son dos et suivit Sarah, s’arrêtant derrière elle. Blair ne s’attendait pas à les voir sortir de la même chambre, et sa surprise se traduisit par un bon sang Jim et un regard lourd de reproches. Le docteur Matthews était lui aussi étonné de voir sa femme en compagnie de l’inspecteur qui l’avait interrogé la veille. Ce n’était pas le fait qu’il sorte de la même chambre que sa femme, ce qui était logique puisqu’il la protégeait. C’était le fait qu’il en soit sorti torse nu.
- Je vois que tu m’as vite oublié, ma chérie.
- Il me semble que toi aussi. C’est donc de toi que Kathy voulait me parler quand elle m’a appelée, dit Sarah d’un air dégoûté.
- Ne prend pas cet air là, ma chérie. Tu es une femme parfaite, bien élevée, avec une fortune non négligeable, mais côté sexe je te trouve un peu …coincée. Non, ce n’est pas cela, tu manques d’imagination.
- Et Kathy en avait plus ?
- Bien sûr, elle adorait se déguiser pour moi. Mais bon, je n’ai pas vraiment beaucoup de temps devant moi. Un avion à prendre, tu sais ce que c'est. Et puis maintenant, je vais être obligé de vous tuer tous les trois. Quel dommage. Comme je vous l’ai dit, inspecteur, je vous trouvais intelligent, mais apparemment pas assez pour vous douter que j’étais derrière tout cela. Par qui vais-je commencer … Ma tendre épouse volage, ce jeune policier ou celui qui vient de coucher avec ma femme ?
Il fit aller son arme de l’un à l’autre et s’arrêta sur Sarah qui regarda l’arme horrifiée. Tout se passa très vite. David Matthews tira sur sa femme, Blair qui était à côté dévia le tir en lui donnant un coup de poing sur le visage. Matthews tomba à la renverse, Blair se fit un plaisir de le désarmer et de lui mettre des menottes. Jim quant à lui avait sorti son arme et allait tirer sur Matthews, mais il l’abaissa quand il vit que Blair s’occupait de lui. Il sentit le corps de Sarah s’affaler contre lui et tomber à terre. Jim se pencha vers elle et l’allongea sur le sol. Du sang coulait de sa blessure. Sarah le regardait tout en tenant son épaule de sa main valide.
- Ca va ?
- Oui, je crois, dit Sarah en pleurant, si vous n’aviez pas été là … il m’aurait …
Elle n’arriva pas à finir sa phrase et fondit en sanglots dans les bras de Jim, qui la consola du mieux qu’il put. Blair lut ses droits à Matthews et l’assit sur le canapé, tout en appelant le central pour avoir des secours.
L’ambulance arriva peu de temps après. L’infirmière qui s’occupa de Sarah comprit que la personne qui lui avait tiré dessus était son mari, elle fut très douce avec elle. Simon chargea deux policiers d’emmener Matthews, et demanda à ses deux inspecteurs ce qui s’était passé. Blair lui raconta tout, en omettant volontairement de dire que Jim sortait de la chambre en même temps que Sarah. Jim le remercia et alla chercher sa chemise. Simon aperçut le manteau de Madame Matthews dans la chambre où Jim prit sa chemise mais ne dit rien. Il se contenta de regarder Blair qui lui répondit d’un haussement d’épaules.
L’enquête était close, Jim et Blair avaient fini leur rapport. La clinique avait été mise en vente, le docteur Matthews était derrière les barreaux et n’était pas près d’en ressortir. Jim était dans sa voiture et se dirigeait vers l’hôpital, Sarah sortait aujourd’hui. Il avait été la voir tous les jours pendant qu’elle avait été hospitalisée et avait découvert une femme fantastique. Inévitablement, il en était tombé amoureux, et il était convaincu que les sentiments de Sarah étaient les mêmes. Il était passé devant une bijouterie la veille. Oh, il avait juste voulu jeter un œil comme cela, en passant. Et puis il avait vu cette bague, un saphir entouré de deux diamants. Jim n’avait pas hésité très longtemps, il l’avait achetée et elle était maintenant au fond de sa poche. Il n’en avait pas parlé à Blair, Jim pensait que son shaman n’aurait pas compris.
Jim entra dans la chambre de Sarah et fut surpris de la trouver vide. Il alla au bureau des infirmières où on lui dit que Madame Matthews avait quitté l’hôpital vingt minutes plus tôt pour l’aéroport. Jim fonça vers sa voiture, mit son gyrophare, et arriva en un temps record à l’aéroport. Il chercha Sarah du regard mais il y avait trop de monde, idem pour essayer de la repérer grâce à son ouïe. Jim se dirigea vers un homme de la sécurité et lui montra sa plaque.
- J’ai besoin de voir les caméras de surveillance, je cherche quelqu’un.
- Allez au bureau de la sécurité au deuxième étage.
- Merci, dit Jim en courant.
- Inspecteur Ellison, je recherche une femme qui doit se trouver dans l’aéroport, dit-il en entrant dans le bureau de la sécurité, sa plaque à la main.
- Rien que ça ? Vous savez le nombre de femmes qui passent ici ? Demanda l’homme assis à la table de contrôle.
- Rousse, la trentaine, 1m75, mince. Elle doit avoir un bras en écharpe et être dans les zones de première classe.
- Ah ben c’est déjà mieux, je vais peut être pouvoir vous la retrouver avec ça. Alors première classe, et ben on va regarder les salles d’embarquement.
Jim et l’homme étaient concentrés sur les écrans. Jim avait peur qu’elle n’ait déjà embarqué et qu’il ne soit trop tard. Il ne comprenait pas qu’elle soit partie sans lui dire au revoir ou au moins, si elle pensait partir longtemps.
- Ce serait pas elle, dit l’homme en montrant la silhouette de Sarah sur un écran.
- Si, c’est elle.
- Son avion part dans dix minutes. Hall B porte 19.
- Je ne vais jamais arriver à temps !
- Vous inquiétez pas, Barry est à côté, je vais lui dire de retarder un peu cette dame. Vous lui voulez pas du mal au moins, dites ?
- Non, je veux juste lui dire que je l’aime, dit Jim qui courait déjà vers la salle d’embarquement de Sarah.
- Ah ben ça, c’est mignon, dit l’homme en appelant son collègue.
Jim arriva à l’entrée de la salle et la vit en train de parler avec un homme qu’il supposa être Barry. Il s’approcha d’eux, et dès qu’elle le vit, Sarah comprit pourquoi ce type essayait de la retenir.
- Merci, Barry, dit Jim en lui tendant la main.
- Pas de quoi, fit Barry en la lui serrant et lui adressant un clin d’œil.
Pas de doute, l’histoire de Jim courant après Sarah allait faire le tour des services de l’aéroport.
- Jim … commença Sarah
- Non, écoute-moi s’il te plaît, dit Jim qui continua de parler avant qu’elle ne puisse placer un mot. Je sais que tu as plein de mauvais souvenirs à Cascade, que tu as besoin de retrouver un certain équilibre, mais… Je ne veux pas que tu partes Sarah.
- Je n’en ai pas envie non plus, …
- Je t’aime, Sarah. Tu vas me dire que je ne te connais pas, mais tous les moments que j’ai passé près de toi à l’hôpital m’ont fait découvrir une femme merveilleuse.
Sarah ne disait rien. Entendre Jim lui dire ces mots là, c’était plus qu’elle n’avait espéré. Elle voyait dans son regard qu’il était sincère et quand il lui tendit la petite boîte grise qui renfermait la bague, elle sentit des larmes couler sur son visage. Jim la prit dans ses bras et l’embrassa tendrement.
- Ne pleure pas Sarah, c’est censé être un jour heureux. J’aimerais … que tu deviennes ma femme.
- Oh Jim, je… je ne peux pas, dit Sarah en reculant.
- Pourquoi ? Je sais que tu viens d’une famille aisée et que je n’ai pas grand chose à t’offrir, mais je pense que notre amour peut tout supplanter.
- Je sais, répondit Sarah, mais je veux essayer de comprendre comment tout cela a pu arriver. David était quelqu’un de très bien quand je l’ai rencontré et…
- Je comprends, dit Jim d’une voix triste.
- Jim, je te promets de revenir, mais laisses moi un peu de temps. Je … je t’aime aussi, mais j’ai peur que…
- Je ne suis pas David, Sarah, dit-il en la reprenant dans ses bras.
Elle se laissa aller contre l’homme qui l’avait sauvée, celui qui était venu lui tenir compagnie toute la semaine à l’hôpital, celui qui l’avait protégée de son mari, celui qui l’avait fait rire quand elle se morfondait dans sa chambre. Elle savait au fond d’elle qu’elle l’aimait, mais elle n’était pas prête, il était trop tôt pour qu’elle pense déjà à refaire sa vie. Elle devait déjà s’occuper de vendre la clinique et tous les biens qu’elle avait à Cascade, mais aussi de son divorce. Et après seulement, elle pourrait penser à reconstruire son avenir.
Les passagers du vol American Airlines numéro 3897 sont
priés de se présenter à la porte d’embarquement.
La voix résonna à travers la salle et Jim regarda Sarah comme s’il n’allait plus jamais la revoir. Les mots lui manquaient, il n’arrivait pas à lui dire combien elle allait lui manquer, combien il penserait à elle jour et nuit… Sarah était dans le même état, partir lui déchirait le cœur mais elle n’avait pas le choix.
- Je reviens bientôt, Jim, je te le promets, dit-elle avant de l’embrasser tendrement.
- Tu…
- Chut, je sais tout ce que tu veux me dire. Elle fouilla dans son sac et en sortit une carte qu’elle lui tendit. Mon numéro de portable et le numéro de chez mes parents, je pense y rester un moment. Appelle-moi, dit-elle un essayant de sourire à travers ses larmes.
Sarah se dirigea vers la porte, donna son billet à l’employé, et se retourna vers l’homme.
- Si tu passes à New York ….
Jim hocha la tête et continua de la regarder. Elle récupéra son billet et allait s’engager dans le couloir pour rejoindre l’avion quand elle fit demi-tour et courut se réfugier dans les bras de Jim. Il la serra très fort contre lui, ils restèrent enlacés un moment comme s’ils étaient seuls au monde. Puis Jim la repoussa doucement, l’embrassa une dernière fois et lui fit signe de partir. Il avait mal à en crever mais il ne pouvait pas l’obliger à rester. Sarah retourna à l’endroit qu’elle avait quitté un instant plus tôt, se retourna des larmes pleins les yeux et lui dit :
Il lui fit un petit sourire et un signe de la tête pour lui dire qu’il l’avait compris et la regarda se diriger vers son avion. Il resta là un moment, comme si, en restant là il ne la perdait pas. Il sentit une main se poser sur son épaule, il se retourna et vit Blair.
- Elle m’a appelé de l’hôpital, dit-il en guise d’explication.
- Je.. j’ai l’impression que je vais mourir, Grand Chef.
- Je sais, Jim, ça va passer, dit Blair en le prenant dans ses bras.
Fin