L’envie de vivre

 

 

Disclaimer : Les personnages de The Sentinel ne m’appartiennent pas. Je ne tire aucun bénéfice si ce n’est de faire plaisir aux autres fans de la série.

Style : Gen

Résumé : Quand aimer devient le maître mot…. Ceci est une suite possible à LUI qui n’a rien à voir avec les autres suites écrites….

Auteur : Un commentaire ? Vous pouvez les adresser ici roceane@evc.net

Note de l’auteur : Un ENORME MERCI à Scilia ma Beta préférée sans qui l’écriture de ces fics ne serait pas pareil J et un merci a toutes les filles de la ML de FrenchSentinel pour leurs encouragements. Beaucoup de ces écrits sont nés grâce à vous. Corinne, cette fic est pour toi, je suis sûre qu’elle te fera un peu rêver et oublier tous tes soucis…

 

Je m’appelle Catherine.... Catherine Chandler… Je connais Jessica depuis longtemps maintenant et ça me déchire le cœur de la voir ainsi. La première fois que je l’ai vu, c’était à ma première fête de l’hiver. Elle y a annoncé ses fiançailles avec Christopher Jennings, un enfant des tunnels qui est devenu policier dans le monde d’en haut. Ils avaient l’air si heureux tous les deux. Mon cœur s’est attristé parce que je ne pensais pas pouvoir vivre un jour le même bonheur avec l’homme que j’aime

Discrète et toujours serviable, Jessica s’était mise un point d’honneur à aider tous ceux du monde d’en bas, de toutes les manières possibles. Ce qu’elle préférait ? Lire des histoires aux enfants dès qu’elle avait un peu de temps libre. Quand Porter est venu interférer dans leur vie, j’ai bien cru que leur couple ne s’en sortirait pas. Pourtant, avec l’aide de tous ceux d’en bas et l’amour de Chris, elle a réussit à se reconstruire. C’est après cet événement que Vincent a décidé de me demander en mariage.

Le jour de mon mariage est passé comme un rêve, Jess était là pour me servir de demoiselle d’honneur. Elle était si rayonnante dans sa robe lavande. C’est au banquet qu’ils nous ont annoncés, la main dans la main, qu’un nouveau membre allait faire son entrée dans la famille. J’étais tellement heureuse pour eux. Après tous les malheurs qu’ils avaient traversés, un peu de bonheur dans leur vie ne pouvait que renforcer leur couple. La vie en a décidé autrement…. Un hold-up, un gangster qui perd la tête et tire un peu trop vite. Le choc a été terrible. J’ai vainement tenté de la consoler mais peut-on seulement consoler quelqu’un de la perte des deux membres d’une même famille ? Elle n’a plus jamais été la même après cela. Elle a quitté New York et n’y revenait que pour la fête de l’hiver, toujours seule. Elle m’a dit un jour qu’elle ne voulait plus aimer pour ne plus souffrir. Vincent était encore le seul à pouvoir pénétrer la carapace qu’elle s’était créée. Aujourd’hui je doute que même lui puisse l’atteindre… Elle semble si loin de nous allongée sur ce lit, immobile, son regard vide, je me demande si elle peut entendre la voix de Vincent qui lui fait la lecture. Il essaye par tous les moyens de communiquer avec elle. Elle est allée trop loin, elle ne veut plus revenir.

A la dernière Fête de l’Hiver, Jessica nous a annoncé qu’elle allait enfin se marier, qu’elle avait trouvé un jeune homme qui l’aimait beaucoup et qui, enfin, lui avait rendu la confiance en l’amour roi. Pourtant, il y a deux mois, elle m’a appelé en pleine nuit. Elle était en larmes. Je n’ai pas tout compris, ses sanglots couvraient sa voix. Alors je lui ai ouvert ma maison et mon cœur. J’ai failli ne pas la reconnaître quand je suis passée la prendre à l’aéroport. Elle avait la mine défaite, les cheveux en bataille, les yeux rouges d’avoir pleuré. Je ne l’ai pas ramenée à mon appartement, j’ai préféré l’installer dans les tunnels. Dès le départ, elle a refusé de parler de ce qui s’était passé. Elle repoussait toute offre d’aide et refusait toute compagnie. Elle passait ses journées dans la grotte, à regarder l’eau tomber de la cascade. Un soir, Vincent l’a trouvée près de sa chambre. Elle voulait parler mais en même temps, elle ne voulait pas poser son fardeau sur les épaules de quelqu’un d’autre. Il a réussi par de douces paroles à la convaincre de tout lui raconter. Elle lui a tout confié : ses longues années solitaires après la mort de Chris, sa rencontre avec Blair Sandburg, un étudiant devenu policier à la suite d’un quiproquo. Tout ce qu’elle avait retenu depuis des mois sortait enfin. Elle ne pouvait plus s’arrêter. Elle lui raconta comment Blair l’avait séduite, comment elle l’avait laissé passer au travers de sa carapace, comment elle lui avait laissé voir son cœur et son âme mais surtout, l’arrivée d’une certaine Lisa Meadows, et la façon dont il avait perdu la tête. Plus rien ne comptait pour lui à part cette femme. Jessica a bien tenté de lutter mais il était devenu aveugle et sourd. Elle a préféré partir que de le voir dans les bras d’une autre. Et je la comprends. J’essaye de me mettre à sa place mais j’ai du mal à imaginer Vincent aimant quelqu’un d’autre comme il m’aime moi. Notre lien est si spécial, si unique.

Les malaises ont commencé deux semaines plus tard. Il y avait une chose qu’elle avait gardé pour elle. Quand je l’ai trouvée sans connaissance dans sa chambre, j’ai paniqué. Pendant un moment j’ai cru qu’elle avait commis l’irréparable, mais ce n’était pas cela. Nous avons appelé Peter, il est médecin et c’est un vieil ami de Père. Quand il est sorti de la chambre, son regard était triste. Il nous a annoncé que Jessica avait perdu son enfant. Nous l’avons regardé sans comprendre. Un enfant ? Quel enfant ? Il a réalisé que Jess ne nous avait rien dit. Je n’ai pu m’empêcher de pleurer. Mon cœur pleurait cette étincelle de vie qui s’était éteinte avant même d’avoir brillé. Comment le lui annoncer ? Comment lui dire que cet enfant qu’elle attendait ne verrait jamais le jour ? Vincent a décidé que ce serait lui qui lui annoncerait, elle a confiance en lui. Père et moi avons attendu avec une certaine appréhension que mon amour lui annonce la nouvelle. Nous avons entendu un hurlement qui nous a glacé les sangs et puis… un terrible silence. Quand nous avons pénétré dans la chambre, nous l’avons vue étendue sur le lit, les yeux fermés. Elle était pâle à faire peur. Cela fait maintenant près d’une semaine et elle n’a montré aucun signe d’intérêt pour le monde extérieur. Père parle de catatonie. Je pense que la douleur a été trop forte. Son esprit a dû se replier dans un endroit où aucun mal ne peut l’atteindre. Je suis très inquiète. Elle dépérit à vue d’œil. On a dû la mettre sous perfusion. Père aurait préféré la faire hospitaliser dans le monde d’en haut mais elle est trop faible pour être transportée, de plus, Peter pense qu’être dans un environnement chaleureux ne peut que l’aider à reprendre pied dans la réalité. Il nous a demandés de lui parler, de la stimuler. Alors Vincent lui fait la lecture, les enfants viennent chanter pour elle. Tous les gens des tunnels veulent l’aider. Ils le font à leur manière, en priant très fort pour elle.

Je n’en peux plus de la voir ainsi, il faut que je trouve un moyen de la faire sortir de sa coquille. Une photo attire mon regard. Blair et Jess au temps du bonheur, ils ont l’air tellement heureux. Il a dans les yeux tout l’amour du monde. La solution s’impose d’elle-même, il n’y a qu’une personne qui pourra la faire sortir de sa cachette. J’en parle à Vincent qui est d’accord avec moi, il faut tout tenter. Pourtant Dieu sait qu’il déteste que nous soyons séparés. Je prends le premier avion pour Cascade. J’ai trouvé l’adresse du central et de l’appartement de Blair dans les affaires de Jess. Je n’ai pas pour habitude de fouiller dans les affaires des mes amies mais il s’agit d’un cas de force majeur. Je m’arrête d’abord au commissariat. S’il ne travaille pas aujourd’hui, j’irai le chercher dans sa tanière. Mon cœur bat très fort. Et s’il ne voulait pas venir avec moi à New York ? Un agent m’indique le 7ème étage et j’y grimpe aussi vite que je peux. Manque de chance, l’ascenseur est en panne. J’arrive en vue des bureaux de la Major Crimes. Je m’approche d’une jeune femme blonde. Elle me dévisage d’un regard mauvais quand je demande à parler à l’inspecteur Sandburg. Elle tente de me faire croire qu’il n’est pas là mais je suis tenace. La vie de mon amie est en jeu. Je sens une présence derrière moi. Il s’agit d’un homme grand, il a des cheveux coupés très courts et des yeux d’un tel bleu qu’on pourrait s’y noyer. Il la fusille du regard. D’après la description de Jess, il s’agit sûrement de celle qui a semé le malheur dans le cœur de mon amie. Il me prend par les épaules et me dirige vers le bureau de son capitaine en me disant que l’inspecteur Sandburg ne va pas tarder.

Leur Capitaine, Simon Banks, me propose une tasse de café. Je la refuse, je suis trop nerveuse. Que vais-je lui dire ? Comment lui présenter les choses sans pour autant le culpabiliser ? La porte s’ouvre sur un jeune homme au visage triste, ses yeux bleus, si vivants sur la photo, ne donnent aucune trace de joie.

— Inspecteur Sandburg ? Je suis Catherine Chandler. Je travaille pour le procureur à New York

— Que puis-je faire pour vous ? me demande-t-il en me dévisageant

— Sauver une vie

Il regarda son partenaire puis son capitaine.

— Que voulez-vous dire ?

— Nous avons une amie en commun… Une amie qui a besoin de vous.

— Ah bon et qui ça ?

— Jessica… Jessica Wardfield…

— Vous connaissez Jess ? Vous savez où elle est ?

Je hoche la tête, il a l’air très inquiet. Il se laisse tomber sur une chaise tant il a l’air ébranlé.

— Je n’ai cessé de la chercher depuis son départ mais personne n’a su me dire où elle était. Comment va-t-elle ? ?

— Eh bien…

Comment puis-je lui annoncer ? Je voudrais me mettre en colère mais son regard inquiet m’en dissuade. Il a l’air au bord d’une crise de panique

— Il lui est arrivé quelque chose ?

— M. Sandburg, Jess… Jess se meurt.

— Comment ça ? Elle est malade ?

— Il n’y a pas de bon moyen d’annoncer ce genre de nouvelle. Il semblerait que lorsque Jessica vous a quitté, elle était enceinte.

— Un bébé ? Vous voulez dire qu’elle attend mon enfant

— Oui…

— C’est merveilleux, non ? Non ?

— Ça le serait s’il y a un peu plus d’une semaine elle n’avait perdu cet enfant

— …. Pourquoi ?

— Je ne sais pas.

— Mais Jess ?

— Elle se laisse mourir. Depuis que mon mari lui a annoncé la nouvelle, elle s’est repliée si loin que rien ne peut la toucher. Nous avons tout tenté mais elle ne répond à rien. Vous êtes mon dernier espoir de la faire sortir de cet état de catatonie. Je vous en prie Blair… Si un jour vous l’avez aimée, ramenez-la à nous.

De larmes coulent sur ses joues, il a perdu lui aussi un enfant. Mais s’il ne fait rien, je perdrais aussi une amie. S’il faut que je le supplie à genoux, Dieu m’en est témoin, je le ferais. Je ne peux pas la laisser mourir, non je ne peux pas ! Il m’observe cherchant à déterminer la gravité de la situation. Je résiste à l’envie de le prendre et de le secouer. Il a dû lire dans mon esprit.

— Comment voulez-vous que je la ramène ? Je ne suis même pas sûr qu’elle veuille entendre ma voix.

— Il n’y a pas que votre voix dont elle a besoin. Elle besoin de votre présence, de votre tendresse, de votre amour. Blair… elle vous aime tellement. La seule chose qui l’a maintenue en vie quand vous l’avez quittée, c’était cette petite étincelle en elle. Jessica va avoir besoin de vous pour réapprendre à vivre sans que la douleur ne détruise tout sur son passage. Vous l’aimez encore n’est ce pas ?

Je le vois serrer les mâchoires et fixer le bout de ses chaussures

— Ne me dites pas que vous ne ressentez plus rien. J'ai vu votre visage s’éclairer quand j'ai prononcé son nom !

Blair continua à se taire.

— Ecoutez monsieur Sandburg, si je suis venue jusqu'ici c'est dans l'espoir que vous l'aimiez encore et que vous voudriez m’aider à la sauver... Apparemment je me suis trompée.

Je reprends mon sac que j’avais posé sur le bureau du capitaine.

— Mlle Chandler... Je... Je...

— Oui ?

— Je le vois hésiter et à nouveau le silence envahit la pièce. Je sens l’impatience me gagner.

— Messieurs, au revoir

Je fais un signe de tête vers l’inspecteur aux yeux bleus et son supérieur, je sors. Je suis furieuse contre moi-même de ne pas avoir su le convaincre.

— Catherine… attendez

— Oui, inspecteur ?

— Ne partez pas

— Pourquoi ? Il ne veut rien écouter.

— Je vois celle que j’ai identifiée comme Lisa sourire. J’enrage de la voir se réjouir de ce malheur.

— Oh mais il va écouter, même si je dois l'attacher à une chaise

— Pardon ?

— Je dis que cette tête de mule qui me sert de partenaire va écouter jusqu'au bout. S'il n'est pas capable de dire ce qu'il pense vraiment, je le ferais

— Pourquoi ?

Parce que j'en ai plus qu'assez de le voir se détruire à petit feu.

Je vois Lisa faire la grimace

— Je comprends mais il nous faut faire vite, dis-je en jetant un œil sur ma montre

— Je le sais… si seulement il voulait bien ouvrir les yeux

— Ecoutez inspecteur....

— Ellison, Jim Ellison

— Inspecteur Ellison, si vous avez les moyens de faire quelque chose faites-le, je ne veux pas perdre Jess

— Moi non plus, dit une petite voix

Nous nous tournons tous vers Blair. Il a l’air d’un enfant perdu.

— Vous avez raison Mlle Chandler... Jess...

— Oui ?

— Blair pour l'amour du ciel !!! Vas-tu enfin te décider à dire ce qui te ronge le cœur depuis des mois !!!

— Non !! Hurle une voix derrière nous.

— Toi tu n'as pas ton mot à dire, c'est à Blair que je parle…

— Il n'a rien a dire, n'est-ce pas mon chéri ? continue-t-elle d’une voix mielleuse, en lui passant une main autour de la taille

Il continue à se murer dans le silence. Il a l’air de ne plus savoir où il en est. Je ne sais plus quoi dire pour le convaincre de venir à New York.

— Mon avion est dans deux heures, je dois vous laisser

Je me dirige à pas lents vers l’ascenseur.

— C'est ça, allez-vous en et laissez-nous vivre notre amour en paix, siffle cette vipère

Je me retourne et la fusille du regard

— Mademoiselle, je doute que vous sachiez ce qu'est le véritable amour. Ce n'est certainement pas cette comédie que vous jouez avec cet homme qui est trop faible pour avouer ses véritables sentiments

Je continue mon chemin. L’ascenseur ouvre ses portes.

— Ça suffit ! Mlle Chandler revenez... Je crois que nous avons à parler... S'il vous plaît.

Je me retourne et l’espoir renaît dans mon cœur, Blair a enfin l’air de sortir de son silence. Ses yeux me supplient de rester.

— D’accord, mais certainement pas devant cette personne

Le capitaine prend la direction des opérations. Nous retournons à nouveau dans son bureau. Une fois la porte fermée, Blair se laisse tomber sur une chaise. Il passe sa main dans ses cheveux. Ses yeux cherchent un soutien dans ceux de son partenaire. Celui-ci s’approche doucement et s’assoit à côté de lui.

— Grand chef, elle a besoin de toi

— Tu crois qu'elle me voudrait vraiment près d'elle en un moment pareil ?

— Ce que tu peux être idiot parfois !

— Je lui ai fait trop de mal, Jim

Je regarde l’échange avec intérêt. Ils sont si différents et pourtant se ressemblent tant. Il faut que je réussisse à lui faire comprendre que c’est de lui que Jess a besoin, et de personne d’autre

— Blair, c'est votre absence qui la rend malade. Je vous en prie, aidez-la !

Il me regarde et prend une grande inspiration.

— Vous savez… je n’ai jamais cessé de l’aimer. Quand elle est partie ça été un choc pour moi. J’ai réalisé que personne ne compte plus pour moi qu’elle. Ma vie est devenue un enfer au côté d’une femme que je déteste, et que je n’ai pas le courage de quitter. Ah quoi bon puisqu’elle était partie. Sa présence m’a tant manqué, son visage hante mes rêves, nuit après nuit..

— Bien alors il nous faut faire très vite. Je ne suis pas sûre qu’elle va tenir encore très longtemps.

Il regarde à nouveau son partenaire qui hoche la tête, satisfait de la décision de Blair. J’ai un léger espoir dans mon cœur. Nous sortons du bureau. Lisa essaye de s’interposer mais il tient bon. Elle veut lui faire croire que jamais personne ne l’a aimé comme elle l’aime. Je sens sa détermination vaciller. Non, elle ne peut pas gagner ! Je tends alors à Blair la photo que j’ai prise dans la chambre de Jessica. Il la regarde un instant, comme s’il regardait deux étrangers s’aimer si profondément que leurs deux âmes fusionnent. Son regard s’éclaire d’une lumière nouvelle. Je peux y lire une grande détermination. Il prend Lisa par les épaules ce qui a pour effet de calmer ses cris. Il la regarde dans les yeux et enfin il la voit telle qu’elle est vraiment. Il la repousse d’un geste brusque et passe devant elle, sans un mot. Elle veut le retenir mais deux bras l’en empêchent, je croise les yeux de l’inspecteur qui la maintient. Il me fait signe de partir. Les portes de l’ascenseur se referment sur nous et j’entends encore les cris de fureur de Lisa.

Apres être passé chez lui prendre quelques affaires, nous prenons le premier avion à destination de la Grande Pomme. Son partenaire nous accompagne mais cela ne me gêne pas au contraire, si jamais cela ne se passe pas bien, Blair aura besoin d’un soutien. Dans la voiture, je leur explique l’endroit où nous allons et les règles qui régissent les tunnels. Je leur parle aussi de Vincent. Mille et une questions sont posées et j’y réponds avec sincérité. Je sais que je prends un risque énorme mais il y une vie en jeu.

Nous arrivons à l’entrée des tunnels et Kipper vient nous chercher, il parle à toute vitesse. L’état de Jess s’est encore aggravé. Elle n’a toujours pas donné le moindre signe de réveil. Je suis inquiète, je crains qu’il ne soit trop tard. Je les accompagne à la chambre de Jess et j’entends mon amour lire un poème de Shakespeare. Sa voix est envoûtante. Nous entrons dans la pièce et je vois les deux inspecteurs se figer en découvrant le visage de mon bien aimé. Le choc passé, Blair se concentre sur Jess. Elle a l’air d’une petite fille. Sa peau si pâle contraste avec ses cheveux ébène.

— Jess, je suis là mon amour, dit-il doucement en s’asseyant sur le lit et lui prenant la main.

Le silence est assourdissant. Je le vois prendre une grande inspiration et s’asseoir près d’elle, à la place qu’occupait Vincent peu avant.

— Je t’en prie mon amour, reviens vers la lumière. Reviens vers ceux qui t’aiment. Je sais que je t’ai fait du mal. Je ne sais pas si un jour tu pourras me pardonner. Aujourd’hui, je ne désire qu’une seule chose. T’aimer jusqu'à la fin de ma vie. Construire cette famille dont nous avons si souvent parlé devant la cheminée. Quand tu es partie… Je me suis rendu compte à quel point j’avais été idiot. Mon ange, ne laisse pas la douleur t’entraîner dans les ténèbres. Oh mon Dieu par pitié, laissez-la revenir, je vous en supplie ! Elle ne mérite pas autant de douleur, elle a toujours été si bonne, si douce. Pourquoi cet acharnement ? Mon amour entend ma voix et ma prière. Ma vie, mon cœur et mon âme t’appartiennent. Nous surmonterons cette nouvelle douleur ensemble. Je t’en prie ne me laisse pas, j’ai tellement besoin de toi.

Il a continué ainsi une partie de la nuit. Quand je suis revenue au petit matin, il était assis sur le fauteuil près du lit, endormi la tête posée sur le lit. Deux grand yeux bleus me regardent. Ils sont pleins d’interrogations. Il a réussi. Je m’approche du lit et la prends doucement dans mes bras. Elle a l’air tellement fragile que j’ai peur de la casser si je la serre un peu trop fort. Mon cœur déborde de joie Je cours chercher père… J’embrasse fougueusement mon mari en lui disant combien je l’aime. Blair se réveille et plonge son regard dans les yeux bleus de Jess. Je jurerai qu’un halo de lumière dorée les entoure et, l’espace d’un instant, je vois au pied du lit deux loups côte à côte, heureux de se retrouver, tout cela sous le regard bienveillant d’un jaguar. Je ferme les yeux un instant. Quand je les rouvre, ils ont disparu. Vincent me regarde en hochant la tête, lui aussi les a vus. Nous laissons les deux amoureux seuls pour qu’ils puissent enfin se redécouvrir et parler.

Trois semaines ont passé. Nous sommes tous réunis dans la grande salle. Ma meilleure amie et son amour vont s’unir pour le meilleur et pour le pire. Au fond de moi, je sais que ce sera pour le meilleur. Jess porte ma robe de mariée, Blair est comme hypnotisé par elle. Ils se jurent un amour éternel. Je regarde mon mari. Mon cher et tendre Vincent et une vague d’amour me submerge. Ils sont comme nous désormais, rien ni personne ne pourra jamais les séparer parce qu’ils connaissent la douleur du chant de l’alouette.

 

FIN