LES REVES DES AMANTS

Disclaimer : Les personnages de The Sentinel ne m’appartiennent pas. Je ne tire aucun bénéfice si ce n’est de faire plaisir aux autres fans de la série.

Style : Gen

Résumé : Quand aimer devient le maître mot…. Ceci est une suite possible à LUI qui n’a rien à voir avec les autres suites écrites….

Auteur : Un commentaire ? Vous pouvez les adresser ici roceane@evc.net

Note de l’auteur : Un ENORME MERCI à Scilia ma Beta préférée qui souvent décoince la mécanique J

 

" Je me souviens de ces nuits noires, de sa main sur mon front de cauchemar " Je regarde la forme étendue sur ce lit d’hôpital. Elle est si pale. Ses cheveux se sont grisés avec les années. Les rides ont creusé son visage. Mais malgré tout, elle si belle, ma mère.

Je m’appelle Damian Blair Wardfield, j’ai 23 ans et je suis policier. Je ne suis encore qu’un bleu mais j’espère faire comme ma mère, une belle carrière. Bien sûr elle n’est pas flic, elle est auxiliaire. Aujourd’hui, c’est normal de voir travailler des civils dans la police. Mais de son temps… Je sais qu’elle a été parmi les premières et je sais aussi qu’elle a dû se battre pour se faire accepter. Ces dernières années, elle a accepté de quitter le terrain pour aller enseigner à l’Académie. Je peux vous dire une chose, avoir sa mère comme instructeur c’est loin d’être facile tous les jours. Elle attendait toujours plus de moi que de ses autres élèves. Et moi ? Moi ca me donnait la rage et je voulais lui montrer de quoi j’étais capable. Je voulais, et je veux toujours, qu’elle soit fière de moi… Fière de son fils.

Il y a une semaine que je suis à son chevet. Il y a eu une prise d’otage à l’Académie, je ne sais pas comment cela à commencer. Je sais seulement que, comme à son habitude, elle a pensé à la vie des autres avant la sienne. Et maintenant je risque de la perdre. Les médecins ne sont pas optimistes, ses blessures sont graves et son cœur est fatigué.

Son cœur ? Parlons en de son cœur. Depuis que je suis enfant, je lui connais ce regard triste. Sur le manteau de la cheminé trônent deux photos. Celles des deux hommes qu’elle a tant aimés et qui lui ont brisé le cœur. Elle n’a jamais voulu en parler et je n’ai jamais vraiment insisté. Je ne voulais pas lui faire du mal, et je sais que parler d’eux aurait rouvert de vieilles blessures. Je ne connais même pas leurs noms. Etrange, non ? ? Avoir des photos et ne pas pouvoir mettre de noms sur ces visages. Je sais seulement que l’un d’eux est mon père. Ca aussi, c’est un grand mystère. Je n’ai jamais manqué d’amour, parce que même très occupée, maman avait toujours du temps à me consacrer. Mais je suis curieux de savoir qui il est, ce qu’il fait et pourquoi il n’a jamais cherché à me connaître.

Dans les affaires de ma mère que l’on m’a donné après son admission, j’ai trouvé un carnet à couverture rouge. C’est son journal. Jour après jour, elle y inscrit les événements du jour, ses états âmes, ses peurs, ses joies et ses peines. Je ne devrais pas le lire, mais la curiosité est la plus forte. Je veux en savoir plus sur la femme qui a fait de moi l’homme que je suis. Je dévore, plus que je ne lis, chaque page. J’ai toujours cru que ma mère était insensible à certaines choses mais c’est tout le contraire. C’est une femme qui malgré sa carapace réussit à aimer ses amis, et surtout à se faire aimer. Il y a peu de cadets à l’Académie qui rechignent à aller à ses classes.

Il est temps de quitter son chevet pour quelques heures. Le médecin est inflexible à ce sujet. Il dit que même dans le coma, le patient doit se reposer. Je le soupçonne de veiller ainsi au bien être de la famille de ses malades. Mais ce soir au lieu de retourner chez moi, je prends la route qui serpente le long de la mer et qui mène à la maison au bord de la plage. Cette maison qui m’a vu naître, faire mes premiers pas, faire mes premières bêtises, donner mes premiers baisers, est telle quelle est restée dans mon souvenir. Je ne suis pas revenu ici depuis deux ans. Ma mère et moi nous préférons nous voir dans des cafés, des cinémas, des restaurants. Et puis, elle loue un petit studio à deux pas de l’Académie. Elle ne vient dans cette maison que pour le week-end et les vacances.

Je monte les quelques marches qui me séparent du porche. Je prends la clé de secours qu’elle dissimule dans une petite cache dans le mur dissimulée derrière une brique descellée. La maison n’a pas changé. Je passe de pièce en pièce. Doucement je monte les escaliers, comme si j’avais peur que les fantômes endormis de mon enfance ne se réveillent. J’ai toujours aimé la chambre de ma mère. Elle respire le calme et la paix. Suspendue au mur, il y a une aquarelle représentant ma mère pendant sa grossesse que Tom son meilleur ami lui a offert. Là sur la coiffeuse, des fleurs séchées laissent échapper un parfum de qui me rappellent mes vacances du coté du Texas quand j’étais enfant. J’ouvre le grand coffre en bois qui se trouve au pied du lit. Maman y conserve tous ses souvenirs. Toute sa vie d’avant, comme elle dit. Il y a plusieurs albums photos, et des dizaines de petits carnets rouges. J’en prends un au hasard, il couvre l’année 2010. Je le feuillette un instant puis je le repose. J’en prends un autre, puis un autre. Je recherche une année, celle de ma naissance. Je le tiens enfin. Je m’assois sur le fauteuil à côté de la fenêtre et je commence à lire. J’ai du mal à imaginer ma mère amoureuse. Page après page, je commence à aimer cet homme. Je souris quand je lis la manière dont il l'a demandé en mariage. Des larmes coulent sur mes joues quand je découvre la façon dont il l’a laissé tomber. Et enfin, je comprends pourquoi il n’est jamais venu me chercher. Il ne connaît pas mon existence. Ma mère n’a pas voulu lui imposer sa grossesse. Je la reconnais bien là. Toujours à mettre le bien être des autres avant le sien. Je continue ma lecture. Au détour d’une page, je découvre une esquisse de lui. Je ne savais pas que maman savait dessiner. Il ressemble à un adolescent. Quelque part, j’ai l’impression de me regarder dans un miroir. Il s’appelle Blair Sandburg. Blair… Je porte son prénom. Je repousse une mèche rebelle et continue ma lecture. A travers ses mots, je sais, je sens que ma mère l’aime encore. Je mets le petit calepin dans la poche de mon blouson. Ma décision est prise. Je vais aller à la recherche de mon père. Je veux réunir mes parents au moins une fois avant qu’il ne soit trop tard.

Je descends dans le bureau et me connecte au fichier de l’ordinateur central de la police. J’entre le nom de mon père. Quelle n’est pas ma surprise quand je vois apparaître son dossier sur l’écran ! Il est toujours en vie et est instructeur à l’Académie de police de Cascade. Je souris à cette ironie de la vie. Ma mère et mon père pratiquent tous les deux le même métier. Je note son adresse et son téléphone. Un instant, je me demande si je ne devrais pas tout simplement l’appeler. En y réfléchissant, je me dis que cela aura plus d’effet si je me présente devant lui. J’appelle Tom pour lui dire que je dois m’absenter. Je veux qu’il veille sur elle. Je ne veux pas qu’elle soit seule. Tom accepte bien sûr. Il a toujours été éperdument amoureux de maman même s’il savait que c’était sans espoir.

Je repasse chez moi très vite. Je prends une douche, je mets quelque affaire un petit sac de voyage et je prends la route. Des milliers de questions se bousculent dans ma tête. Comment va-t-il m’accueillir ? Va-t-il me croire ? Voudra-t-il venir au chevet de ma mère ? Il n’est pas marié, il vit avec un autre policier depuis le début de sa carrière. Cet officier est une légende vivante au sein de la police. Il a l’un des taux les plus important d’arrestations. Lui aussi est instructeur, lui aussi dispense son savoir. Les kilomètres défilent, et bientôt je suis en vue de la grande cité. Tiens, d’où me vient cette idée. J’atteins enfin mon but. C’est un vieil immeuble dans un quartier en cours de rénovation. Je cherche sur les boites aux lettres. Oui, c’est bien là. J.J. ELLISON & B.J SANDBURG. Je monte au troisième et je me retrouve devant la porte de l’appartement 307. Mon cœur bat la chamade et ce n’est pas parce que j’ai monté les trois étages à pied. Mes mains tremblent tant je suis nerveux. Avant que je puisse toquer, la porte s’ouvre. Là, sur le seuil, se tient un homme grand. Il doit avoir dans les 60 ans et ses cheveux coupés très courts sont presque entièrement gris. Je n’ai pas besoin de dessin pour savoir qu’il s’agit de Jim Ellison. Il m’invite à entrer et appelle son colocataire. Dans le coin cuisine, une femme du même âge que Jim est entrain de sortir un gâteau du four. Elle vient vers moi, me tend la main. " Bonjour, je m’appelle Sarah. Elle m’avait dit que tu viendrais un jour quand elle… La vieille femme baisse la tête, des larmes aux yeux. Je ne l’ai pas eu au téléphone cette semaine, est ce qu’elle va bien ? " Je n’ai pas le temps de répondre, La porte de la chambre sous l’escalier s’ouvre. Il a le nez dans un livre. Ses lunettes retombent sur le bout de son nez. Ses cheveux longs sont ornés de filaments argentés. Il lève les yeux et reste comme paralysé sur place. Puis soudain son visage s’illumine et il me pose mille et une question auxquelles j’ai à peine le temps de répondre. Je lui déballe tout. Mon enfance heureuse avec ma mère à Los Angeles. Mon adolescence passée en partie au Texas, mes études en criminologie à l’université puis mon entrée dans la police. Je lui tends une photo de lui et de ma mère que j’ai trouvé dans le coffre aux souvenirs. Des larmes roulent sur ses joues. Il m’explique d’une voix pleine d’émotion et de tristesse ce qui s’est passé. Il ne me cache rien. Il me raconte d’une voix rêveuse comment il a séduit maman, comment il l’a courtisée, et comment il l’a demandé en en mariage. Il parle de sa liaison avec Lisa, de comment elle l’a ensorcelée. Puis son réveil quand ma mère est partie. Depuis tout ce temps, il regrette ce qui c’est passé. Je sens qu’il a peur que je ne le rejette. Mais comment pourrais je le faire ? Il est mon père, l’homme pour qui ma mère a tout sacrifié. Je le serre dans mes bras et mon cœur déborde de joie.

Ellison me ramène à la réalité. Il faut que j’annonce à cet inconnu, qui est devenu mon père en l’espace d’un instant, que ma mère, la femme qu’il continue d’aimer malgré les années, est dans un état critique. Les mots se brouillent dans ma gorge, toutes les larmes que j’ai retenues depuis le début de ce cauchemar se mettent à couler. Je ne peux m’arrêter de pleurer dans les bras de mon père. Sa voix me berce et me calme. Je lui dis tout, la prise d’otage et l’issue presque fatale. Il ne dit rien pendant un moment puis, lançant un regard à son colocataire, il va dans sa chambre pour réunir quelques affaires. Ellison en fait de même. J’ai bien essayé de lui dire que ce n’était pas la peine, mais il m’a rétorque qu’où son guide allait, il allait aussi. Ses paroles m’ont parus étranges mais je n’ai pas bronché. La vieille femme s’approche de moi, me serre dans ses bras en me disant que j’ai beaucoup change, depuis la dernière fois où elle m’a vu. Je la regarde et crois discerner les traits de la femme qui était venu une fois à la maison de la plage. Il était tard et maman m’avait envoyé me coucher, mais du haut des escaliers je les avais observées un moment. Elles avaient l’air émues de se revoir. Elle me dit d’embrasser ma mère de sa part, de lui dire que sa vieille amie ne l’a pas oubliée. Après avoir pris des nouvelles de ma mère auprès de Tom, nous nous mettons en route. Son état s’est stabilisé m’a-t-il dit. Je prie le ciel pour qu’elle résiste jusqu’à mon retour.

Les kilomètres défilent. L’homme assis à coté de moi regarde par la fenêtre les yeux dans le vague, ses doigts jouant avec une mèche de cheveux bouclée. Je me demande à quoi il peut bien penser. Le bord de mer apparaît enfin, nous ne sommes plus très loin. Enfin, l’hôpital est en vue. Je me dépêche de parcourir la dernière distance me séparant d’elle. Blair et Jim me suivent silencieusement. Je pousse la porte de sa chambre. J’entends la voix douce de Tom qui lui fait la lecture. Je reconnais aussitôt le texte, " Les grandes espérances ". Ma voix se joint à celle du lecteur. Ce texte, je le connais par cœur, maman me l’a si souvent lu. Tom pose le livre sur la table de chevet et se retire pour nous donner un peu d’intimité. Je m’approche du lit et m’assois à coté d’elle. Ainsi endormie, elle me fait penser à la belle au bois dormant. Je l’embrasse du bout des lèvres. Je lui murmure que je l’aime plus que tout, qu’elle a été la meilleure mère qu’un enfant puisse souhaiter et de ne plus s’en faire pour moi car désormais, je ne serais plus jamais seul. J’approche la chaise pour que mon père puisse s’asseoir et je prends mon poste d’observation près de la fenêtre.

Doucement je le vois prendre sa main. Lui murmurer des mots que je n’arrive pas à comprendre. Il me semble qu’elle sourit. Il parle et parle encore, des larmes coulent sur son visage. Le bip du moniteur s’affole. Je ferme les yeux, je la sens partir. Je contourne le lit et je prends sa main dans la mienne. Je caresse une dernière fois son visage. Les alarmes se déclenchent. Les bips se transforment un signal continu. Je vois mon père l’appeler, la supplier de ne pas partir, de ne pas l’abandonner une autre fois. Mais il est trop tard. Ma vue se brouille, des larmes roulent sur mes joues. J’ai mal à en hurler. Le médecin prononce le décès et les infirmières nous laissent, pour que nous puissions lui dire au revoir une dernière fois. J’essuie mes yeux du revers de ma manche, je me dirige vers la petite table à coté de la porte. Je mets en marche le lecteur de CD et une voix douce envahit la pièce.

" Où vont les, où vont les rêves des amants, leurs mots, leurs fièvres, je reviens, je t’attends, que Dieu les guide…. "

Il y a une semaine qu’elle nous a quitté. Il y a une semaine que mon cœur saigne. Elle me manque tellement. Je n’arrive pas à croire qu’elle tenait autant de place dans ma vie. Assis sur le sable, je regarde le soleil se noyer dans la mer. Je sais qu’elle n’aurait pas voulu que je sois triste mais, elle me manque tellement. Je sens une main se poser sur mon épaule. Je sais que c’est mon père. Il ne dit rien. Il se contente juste d’être là. Attendant le moment où je pourrais à nouveau parler d’elle. Ma décision est prise. J’ai demandé ma mutation sur Cascade. J’ai déjà perdu un de mes parents, je veux apprendre à connaître celui qui me reste. Je sais qu’elle l’aurait voulu ainsi. J’ai trouvé une lettre dans son coffre à la banque où elle m’explique tout. Je ne lui en veux pas. Elle a fait ce qui lui semblait le mieux à un moment donné de sa vie. Je ne pourrais jamais oublier tout l’amour qu’elle avait pour moi, son petit homme, comme elle m’appelait si souvent. J’espère qu’un jour, je trouverais un amour aussi fort que celui qu’elle a partagé avec mon père. Je me lève, je regarde l’homme qui, en si peu de temps, a pris autant d’importance dans ma vie. Je le prends dans mes bras et lui dis les mots qu’il attend d’entendre depuis si longtemps " Je t’aime, Papa "

FIN