Titre : 72 heures.

Disclaimer : Les personnages de The Sentinel ne nous appartiennent pas.

Style : Gen.

Résumé : Blair est entraîné dans une terrible affaire qui pourrait lui coûter la vie et celle de ses amis.

Auteurs : Scilia (scilia@club-internet.fr) et Raf (roceane@evc.net)

Notes : Cette fic a d'abord été publiée sur la ML FrenchSentinel sous forme épisodique.

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La fac était déserte, il était près de minuit. Une ombre rôdait dans le parc à la recherche de sa proie. Sa mission était simple mais il fallait d’abord trouver l’artifact storage room 3. La personne qu’il devait trouver travaillait là. L’ombre s’approcha et regarda discrètement par la fenêtre qui se trouvait devant lui. Une femme était penchée sur un document, ce n’était pas elle mais il aurait bien aimé avoir le temps de s’en occuper. Son corps semblait parfait et rien ne l’énervait plus que ce genre de femme. Une autre fois peut être se dit-il.

Il longea le mur et jeta un coup d’œil à la fenêtre suivante. C’était lui, cheveux mi-longs, l’air d’un hippie défraîchi. Il n’était pas seul dans la pièce, un homme plus jeune était avec lui. Le plan allait pouvoir se dérouler comme prévu. Il fit un signe vers l’arbre derrière lui et un homme de haute taille le rejoignit. Ils entrèrent dans la fac et se dirigèrent d’un pas assuré vers leur objectif. Ils n’eurent pas besoin de prononcer un seul mot pendant toute l’opération, ils connaissaient leur plan sur le bout des doigts.

Le grand se précipita vers le chevelu un chiffon imbibé d’éther à la main et lui appliqua sur la bouche et le nez. Sa victime essaya bien de se débattre mais l’assaillant était trop fort pour lui. Il sombra dans l’inconscience. L’autre dirigea une arme munie d’un silencieux vers la tête du jeune et tira. Le corps glissa lentement de la chaise et s’affala dans une position grotesque par terre. L’homme rangea son arme et sortit une petite boite rectangulaire de sa poche. Il fit signe à son comparse d’asseoir le hippie et de lui relever sa manche pendant qu’il remplissait sa seringue avec un produit blanc. Il s’approcha de lui, tapa sur son bras et repéra la veine dans laquelle il allait planter son aiguille. Il remit la seringue dans la boîte et hocha la tête en direction de la porte. L’opération avait pris dix minutes et personne ne remarqua les deux hommes sortir de la fac.

Blair ouvrit un œil. Le soleil l’éblouit et il le referma. Il avait un mal de crane horrible pourtant il ne se rappelait pas avoir bu. Il essaya de se rappeler ce qu’il avait fait la veille. Rien … il ne se rappelait de rien. Il releva la tête et s’obligeât à ouvrir les yeux. Il était à la fac, il avait du s’endormir en travaillant. Il regarda sa montre, il était 6h du matin. Blair ouvrit le premier tiroir de son bureau et en sortit une boîte d’aspirine, il n’aimait pas les médicaments chimiques mais il n’avait rien d’autre sous la main. Il se leva pour aller chercher de l’eau, son regard se posa inconsciemment sur le sol et il recula d’horreur. Le téléphone sonna au même moment et Blair sursauta. Sa main se dirigeait vers le téléphone de son bureau quand il s’aperçut que c’était le portable posé sur celui ci qui sonnait. Ce n’était pas le sien. Il hésita et comme la sonnerie se fit insistante, il décrocha.

— Ecoutez-moi bien et ne m’interrompez pas ! dit une voix d’homme

— Qui êtes vous ? Que..

— Nous commençons mal mon jeune ami, taisez-vous !!! Ordonna la voix durement, vous n’êtes pas vraiment en position de force. Regardez votre bras droit

Blair s’exécuta et vit une trace de piqûre. Son bracelet montre avait été remplacé par un chronomètre qui avait commencé un compte à rebours indiquant 42h. Il reprit le téléphone et la voix continua.

— Vous avez reçu une injection de Denophoral. Ne perdez pas de temps à chercher des informations sur ce produit, vous n’en trouverez pas. Sachez simplement que vous allez travailler pour moi, vous aurez deux missions à exécuter. Si vous me donnez satisfaction je vous donnerais l’antidote et vous mourrez très vieux, dans le cas contraire…

— Qu’attendez-vous de moi ? dit Blair qui se demandait si ce n’était pas une mauvaise plaisanterie, un regard sur le corps affalé devant son bureau lui prouva que non

— Pour commencer, sortez de votre bureau vous ne me serez d’aucune utilité si vous vous faites arrêter pour ce meurtre.

— C’est vous qui …

— Oui. Je vous contacterais ultérieurement pour vous annoncer la suite des évènements. En attendant, trouvez une cachette sure où la police ne risque pas de vous trouvez car j’ai oublié de vous préciser : si vous ne prenez pas l’antidote dans les 48h vous mourrez ! dit la voix qui partit d’un rire mauvais

— Pourquoi moi ? je ne …

— Là n’est pas la question. Prenez la mallette qui est à gauche de votre bureau et ouvrez-la.

Blair s’exécuta et fut surpris de découvrir des liasses de billets de 100 dollars. Il devait y en avoir pour un quart de million de dollars.

— Vous allez déposer une partie de cette somme sur votre compte de la National Bank.

— Je n’ai pas de compte dans cette banque protesta Blair

— Maintenant si, le numéro est sur le papier dans la pochette intérieur de la mallette. Je vous conseille d’y être à l’ouverture, je vous rappellerais. Une dernière chose, n’essayez pas de jouer au plus malin en prévenant votre ami Ellison cela mettrait fin à notre affaire et à vos chances de récupérer l’antidote.

La conversation fut coupée et Blair garda le téléphone quelques instants le temps de réaliser tout ce que l’homme lui avait dit. Que lui avait-il injecté ? Un poison ? Une drogue ? Un virus ? Blair attrapa la mallette et jeta un coup d’œil à son bureau, tout l’accusait. Il ne vit aucune trace de l’arme qui avait tué Charlie Thomson, mais quand on retrouverait le corps dans son bureau… Non, Jim ne penserait pas cela, il se douterait qu’il y avait quelque chose d’autre. Jim me connaît bien, il sait que je suis incapable de tuer quelqu’un pensa Blair. Il prit sa veste et referma la porte derrière lui. Il prit soin de la fermer à clef espérant que cela retarderait l’heure de la macabre découverte et qu’il aurait le temps de se rendre à la National Bank.

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Sarah s’étira et regarda l'homme assis près d'elle sur le lit.

— Il n’est que 7 heures Jim, tu ne crois pas qu’il est tôt pour se lever ? dit Sarah d’une voix de chatte convoitant un bol de crème

— Peut être que tu as raison. Tu as autre chose à proposer ?

Jim la regarda en souriant et décida de se rallonger à ses cotés. Après tout, on était samedi matin et ils n`avaient aucune enquête en cours ce qui était plutôt rare.

— Je crois que tu penses à la même chose que moi, répondit-elle en l’embrassant.

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Blair arriva devant la banque à 7h15, elle était fermée. Il décida d’aller prendre un petit déjeuner dans le café d’en face. Après tout, il avait besoin de prendre des forces et ne savait pas quand serait son prochain vrai repas. Il vit les employées de la banque arriver à 7h45 et attendit 8h avec une impatience débordante. On avait déjà du trouver le corps.

Il déposa presque toute la somme sur le compte inscrit sur le papier et ne garda que 15 000 dollars. Quand il sortit de la banque, il repéra une cabine téléphonique. Il entra et commença à former le numéro du portable de Jim. Au dernier moment il raccrocha. Il ne pouvait pas mêler sa sentinelle à cette histoire. Pourtant il savait qu’il ne s’en sortirait pas tout seul. Il décrocha le téléphone de nouveau et appela la seule autre personne qui lui vint en tête. Il savait que jamais elle ne le laisserait tomber.

— Oui c’est moi…. Il faut que l’on se voit…. Non pas chez toi…. On se retrouve dans une demi-heure à McArthur Park…. Non pas au téléphone….. Oui je te dirais tout.

Il laissa sa voiture garée devant la banque, prit un taxi et demanda au chauffeur de l’emmener au grand centre commercial sur la 43ème avenue. Si des hommes le suivaient, il saurait bien les perdre dans ce labyrinthe.

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Apres plusieurs détours, il arriva au parc. Son contact devait déjà être là. Il l’aperçut enfin, debout près de l’étang, elle faisait les cent pas. Elle, c’était Jessica Wardfield, auxiliaire civile dans le service de la Major Crimes depuis maintenant près de 4 mois et meilleure amie de la partenaire de sa sentinelle. C’était la seule fille aussi qui avait résisté à toutes ces tentatives de séduction. Finalement grâce aux conseils avisés de Sarah, il avait réussi à s’en faire une amie. Il la détailla pendant une seconde. Grande et svelte, son manteau deux fois trop grand pour elle lui donnait l’air d’une enfant perdue. Ses longs cheveux châtains étaient attachés en une longue tresse qui descendait jusqu’au bas de son dos. Le froid avait rougit ses joues et cela contrastait avec son regard bleu si triste. Jessica Wardfield regarda sa montre pour la centième fois. Blair était en retard et cela l’inquiétait. Elle frissonna, il faisait froid et la neige commençait à tomber. Il lui posa une main sur l’épaule et elle sursauta.

— Désolé... Je ne voulais pas te faire peur. Merci d’être venue

— Tu as été tellement mystérieux que cela a éveillé ma curiosité. Que se passe-t-il ?

— Quelqu’un cherche à me piéger …

— Comment ça ?

— Hier soir, j’étais dans mon bureau avec Charlie, un de mes étudiants, on était en train de mettre une dernière main à son exposé. Ensuite c’est le trou noir.

— Comment ça le trou noir ? Vous avez fait la fête ou quoi ?

— Non je te jure. On finissait les dernières corrections et…. Je ne me rappelle pas. Quand je me suis réveillé ce matin, j’étais toujours à mon bureau et Charlie était mort. Et puis ce type a dit que je serais mort moi aussi dans 48h si on ne m’injecte pas l’antidote.

— Doucement Blair... Calme-toi ! Quel type ? Et l’antidote de quoi ?

— Le téléphone a sonné et ce type m’a dit qu’on m’avait injecté un produit et que si je ne prenais pas l’antidote, dans les 48h, je mourrais…

— C’est peut être un mauvais plaisantin ?

Blair remonta sa manche et lui montra la trace de piqûre. Puis il attira son attention sur le chronomètre qu’il portait à son poignet. Celui ci marquait 40h

Le téléphone de Blair sonna.

— Sandburg…

— Je vois que vous êtes passé à la banque comme convenu

— Je n’avais pas trop le choix…. Que voulez-vous ?

— Que vous me rendiez un petit service… Un de mes amis va être jugé la semaine prochaine et quelqu’un que vous connaissez bien me gêne. C’est le seul témoin à charge.

— Qui est ce ?

— James Joseph Ellison, ça vous dit quelque chose ?

— Oui mais… Que puis-je y faire ?

— Mettre fin à sa misérable vie de policier !

— Non ! Je ne peux pas faire cela.

— Vous le pouvez si vous ne voulez pas finir au cimetière comme votre ami Charlie. Je vous recontacterais demain, après que vous ayez résolu ce petit problème.

Avant qu’il ne puisse répondre son interlocuteur raccrocha.

— Qu’y a-t-il ? Demanda Jessy en regarda Blair.

— Il veut que je tue Jim…. Il veut que je tue Jim… dit-il la voix pleine de panique

— Tu ne vas quand même pas le faire, dis-moi ?

— Je…

Le téléphone de Jessica sonna

— Wardfield… Oui Monsieur….. Je viens de suite…..

Elle raccrocha.

— Il faut que j’y aille, on a retrouvé ton ami Charlie. Le capitaine me veut sur les lieux.

— Mais je…

— Ecoutes, jusqu'à ce qu’on y voit plus clair, tu t’installes dans mon appartement… Et il n’y a pas de mais qui tienne… Tu connais les règles. Tu ne t’approches pas des fenêtres, et si mon téléphone sonne, tu ne réponds pas…. OK ? .

Elle lui tendit ses clés. Il la regarda partir. Dieu qu’elle était belle. Il secoua la tête, repéra un taxi et se rendit à l’appartement de Jess.

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Jim et Sarah étaient en train de fouiller le bureau de Blair quand Wardfield arriva.

— Qu’est ce qui passe ici ? Et où est Blair ?

— Bonjour Jess. Que fais-tu là ? Demanda Sarah avec surprise

— Le Capitaine m’a demandé de venir… Que se passe-t-il ici ?

— Un des étudiants de Blair a été retrouvé mort, répondit Jim. Et Blair est introuvable…

— Tu ne penses tout de même pas que c’est lui qui a fait ça ?

— Non bien sûr que non, mais on aimerait bien lui poser des questions…

— Et en quoi ça me concerne ?

— Vous savez peut-être où il se cache, répondit Simon en entrant dans la pièce.

— Je ne comprends pas… Qu’est ce que vous voulez insinuer ? Que je dissimule des informations ? Demanda-t-elle son cœur battant la chamade.

— Non, non, rien de tel, dit Sarah. On aimerait juste savoir si tu sais où est Blair….

— Je ne l’ai pas vu depuis hier. On a déjeuné ensemble.

— Il ne t’a pas appelé ?

— Non, je vous l’ai dit ! Je ne l’ai pas vu depuis hier au déjeuner. Il m’a dit qu’il allait avoir beaucoup de travail à l’université parce qu’il devait aider un ami à faire les dernières corrections sur un exposé. Je n’en sais pas plus, je vous le jure ! dit-elle avec une pointe d’exaspération dans la voix.

— Tu en es sûre ? demanda Jim détectant la nervosité de la jeune femme.

— Me traiterais-tu de menteuse ? dit Jessy en le fusillant du regard

— Non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire… Mais vous êtes devenu proche depuis un petit moment et, comme il ne m’a pas appelé, j’ai pensé qu'il s’était tourné vers toi. Tu sais, je suis tout autant inquiet pour lui que toi…

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Une heure plus tard, Jim et Sarah étaient dans le bureau de Simon

— Simon je suis sûr qu’elle sait quelque chose, dit Jim en regardant Jessy à travers les persiennes

— Pourquoi ne nous avoir rien dit alors ? Demanda Simon

— Peut-être que Blair le lui a demandé, répondit Sarah

— On devrait la mettre sous surveillance…

— Pour quelle raison ? On n'a aucune preuve qu’elle fasse obstruction…

— De toute manière Jim, si elle a décidé de ne rien dire, tu n’obtiendras rien d’elle. Je me souviens d’une fois où Chris, son petit ami, avait été mis sous protection. Les types qui le poursuivaient l’ont kidnappé et ont tenté de la faire parler. Elle a failli y laisser sa vie mais elle ne leur a rien dit.

— Je vois.

Rafe entra, il avait sa tête des mauvais jours…

— Du nouveau ? Demanda Simon

— On a passé son bureau au peigne fin mais rien. Par contre, regardez ce que l’on a découvert. Il a fait un dépôt de près d’un quart de million de dollars à la National Bank ce matin.

— Quoi d’autre ?

— On n'a trouvé aucune empreinte dans le bureau à part celles de Blair et de Charlie. Je suis désolé Jim mais ça fait de lui le suspect numéro dans cette affaire

— Merci Rafe, laissez nous maintenant.

Rafe sortit de la pièce. Il était vraiment désolé pour Jim. Il n’arrivait pas à croire que Sandburg soit un assassin mais les faits étaient là.

— Je connais Sandburg. Ce n’est pas un meurtrier. Il déteste les armes et rien qu’à l’idée d’en avoir une dans les mains ça le rend malade.

— Je sais, Jim, mais je n’ai vraiment pas le choix. Je vais devoir lancer un mandat d’amener contre lui.

— Simon, j’ai besoin de temps. Si tu fais ça tous les flics de la ville vont se mettre en chasse. Tu sais très bien que les policiers en uniforme ne l’apprécient pas beaucoup, surtout depuis ce qui s’est passé dans le garage..

— Il a raison Capitaine, dit Sarah qui avait garde le silence jusque là.. Laissez-nous 72h. Si on n’arrive pas à démêler cette affaire, vous pourrez lancer les troupes après Blair.

— OK vous avez gagné, je vous laisse 48h et pas une de plus.

— Merci Simon.

Ils sortirent du bureau. Sarah chercha Jessica des yeux mais ne la vit pas à son poste.

— Joël, tu as vu Jess ?

— Elle est dans la salle de repos

— Merci

Elle fit un sourire à Jim et alla rejoindre son amie.

— Tout va bien ?

— Oui, pourquoi ça n’irai pas ? répondit-elle nerveusement. Des nouvelles de Blair ?

— Non, aucune mais Rafe a découvert qu’il avait fait un dépôt ce matin, de près d’un quart de million de dollars.

— Attends, Blair est fauché d’où peut-il sortir tout cet argent ?

— Je n’en sais rien, dit Sarah en faisant les cent pas dans la pièce. On pourrait lui demander si on savait où il se cache.

— Je te l’ai déjà dit, je n'en sais rien.

— Dommage, ça aurait pu faire avancer l’enquête. Blair est dans de sales draps cette fois.

— Je sais. Il faut que je retourne à mon poste, la journée n’est pas encore terminée et j’ai encore pas mal de travail en retard avant de partir

Sur ces mots, elle sortit laissant Sarah plantée au milieu de la pièce.

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Le soir venu, Jess rentra chez elle. Elle trouva Blair endormis sur le canapé. Elle l’observa et sourit. Il semblait encore plus jeune et plus fragile quand il dormait. Elle se souvint de la première fois où elle l’avait vu. Vêtu d’une chemise à fleurs et d’un jeans qui avait vu des jours meilleurs, il était en train d’expliquer à Brown et Rafe comment certaines tribus d’Amérique Centrale traitaient leurs prisonniers. A voir la tête des deux inspecteurs, cela ne devait pas entre agréable à entendre. Elle l’avait trouvé gentil et plutôt mignon.

Elle se dirigea vers la cuisine et commença à préparer le dîner. Quand elle en sortit une demi-heure plus tard, Blair dormait toujours. Elle décida de le réveiller tout en douceur

— Blair, dit-elle doucement en lui caressant le visage.

Il bougea et mais ne se réveilla pas

— Blair, réveilles toi, dit-elle d'une voix douce.

Il ouvrit un œil. Il regarda autour de lui. Il était désorienté et il avait l’impression d’avoir un marteau piqueur dans la tête.

— Bonjour, ou devrais-je dire bonsoir, dit Jessy. Bien dormi ?

— Je suis désolé, je ne t’ai pas entendu rentrer. Comment s’est passé ta journée ?

— Ça aurait pu être mieux. Jim et Sarah ne m'ont pas lâché. Je crois qu’ils se doutent que tu m’as contacté.

— Je n’aurais jamais dû te mêler à cette histoire, dit-il en essayant de se lever mais il retomba sur l’oreiller. Il ferma les yeux un instant en espérant que la pièce s’arrêterait de tourner.

— Tout va bien ?

— Juste un peu mal a la tête, sans doute parce que je n’ai rien mangé depuis ce matin.

— Va faire un brin de toilette pendant que je sors la viande du four.

Après le dîner, ils s’installèrent devant un verre de vin et discutèrent de la situation.

— Tu comptes faire quoi, Blair ?

— Je n’en sais rien…. Si je ne fais pas ce qu’il dit, je meurs mais si je le fais rien ne me garantie qu’il me donnera l’antidote. Et puis il y a la mort de Charlie…. Ils vont m’accuser de l’avoir tué… Ca on peut dire qu’ils ont bien préparé leur coup.

— Attends, tu ne parles pas sérieusement ? Tu ne vas tout de même pas tuer ton meilleur ami ?

— Non, bien sûr que non, tu sais que je ne pourrais jamais faire une chose pareille.

— Tu devrais appeler Jim et tout lui raconter…

— Non, je ne peux pas le mêler à toute cette histoire. Tu ne comprends pas, il voudra prendre les choses en main…. Le connaissant comme je le connais, il doit être en train de remuer ciel et terre pour me retrouver…. Je ne peux pas le prévenir cela le mettrait en danger.

— Je vois ce que tu veux dire mais il faut trouver une solution.

— La première chose à faire c’est de prendre un peu de repos. Demain il faudra que je trouve un autre endroit où me cacher parce que si Jim se doute de quelque chose c’est le premier endroit où il viendra me chercher. Il faudra aussi que je trouve contre qui il doit témoigner la semaine prochaine.

— Ça c’est dans mes cordes… Je me mettrais au travail dès demain matin.

— Plus vite je le saurais, plus vite je pourrais sortir de cette impasse…. Il est temps de se coucher. Tu es épuisée, je le vois bien.

— J’espère sincèrement que tu as raison. Tu seras bien sur le canapé ? Sinon tu peux prendre ma chambre…

— Ne t’inquiète pas je serai très bien ici…. Fais de beaux rêves, dit-il en souriant tristement.

Il se demandait si un jour il aurait le courage de lui avouer ses sentiments. Il se recoucha et essaya en vain de trouver le sommeil. Celui-ci ne vint pas, il ne pouvait s’empêcher de penser aux événements des dernières 24h. Et puis il y avait ce mal de tête lancinant, il se sentait nauséeux et sa vue se troublait par moments. Il se doutait bien que ce n’était que les premiers symptômes. Il allait enfin s’endormir quand le portable se mit à sonner. Il regarda l’heure au magnétoscope, il était 4h30 du matin. Son chronomètre indiquait qu’il lui restait 19h à vivre.

— Sandburg

— Bonsoir mon jeune ami…. Alors comment vous sentez-vous ?

— J’ai connu mieux…

— Les premiers symptômes ont dû faire leur apparition maintenant….

— Que me voulez-vous ?

— Il est temps pour vous de faire ce pourquoi vous avez été engagé.

— Et comment suis-je censé procéder ? dit-il en jetant un regard inquiet à la porte chambre de Jessica

— Vous trouverez une arme et un silencieux dans le fond de votre sac à dos. Je n’ai pas besoin de vous préciser l’adresse vous la connaissez, dit l’homme en s’esclaffant.

— Et si je refuse ?

— Vous irez rejoindre votre ami Charlie à la morgue et mes associés s’occuperont de votre petite amie…. Comment s’appelle-t-elle déjà ? Ah oui! Jessica Wardfield…

— Si vous touchez à un seul de ses cheveux je vous jure que….

— Allons, allons M. Sandburg, un peu de tenue… De plus vous n’êtes pas en position d’exiger quoi que ce soit.

— D’accord, vous gagnez pour l’instant mais laissez Jessica en dehors de tout cela.

— Oh, une dernière précision…. N’essayez pas de nous rouler… Mes hommes ne vous quitteront pas d’une semelle et n’essayez pas de les semer comme hier, vous avez vu que cela ne vous avait avancé à rien, bien au contraire puisque vous avez impliqué votre petite amie… Je reprendrais contact quand vous aurez accompli votre mission.

Il raccrocha. Blair regarda l’appareil avant de le remettre dans la poche de son blouson. Il prit le sac qu’il avait abandonné plus tôt dans la journée et le fouilla. Comme le lui avait dit son interlocuteur, il y trouva une arme et un silencieux. Il mit l’arma à sa ceinture et le silencieux dans sa poche. Il prit un bloc note et laissa un mot à Jessy. Il ouvrit doucement la porte et lança un dernier regard à l’appartement.

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Il arriva devant le 852 Prospect Avenue. Il opta pour l’escalier, il trouvait que l’ascenseur faisait trop de bruit. Il se retrouva devant la porte du loft. Je ne peux faire cela, se dit Blair. Il prit néanmoins la clef dans sa poche et l’introduisit dans la serrure. Il entra à pas de loup et jeta un coup d’œil au séjour. Blair aperçut le sac de Sarah sur le canapé. Je ne peux pas le tuer devant Sarah. Il fit demi-tour et s’arrêta devant la porte pour repartir. Indécis, il décida de profiter de son passage au loft pour changer de vêtements. Il entra dans sa chambre et se déshabilla. Son regard se posa sur le chronomètre, il lui restait…d’heures à vivre. Il mit des vêtements propres et retourna dans le séjour.

Il monta les marches et sortit l’arme munie du silencieux de son blouson. Il arriva devant le lit. Jim était allongé sur le dos, la femme qu’il aimait reposait entre ses bras. Ils forment vraiment un beau couple, se dit Blair Il pointa son arme sur sa sentinelle. Ses mains tremblaient. Je ne peux pas faire ça, se répéta-t-il. Il préférait mourir plutôt que de tuer sa sentinelle mais il y avait Jessy. Les mots de son interlocuteur résonnaient dans sa tête. " Mes associés s’occuperont de votre petite amie ". Il n’aurait jamais du la mêler à cela, pourquoi s’était-il tourné vers elle ? Tu sais pourquoi… Parce que tu l’aime, dit une petite voix dans sa tête. Ca lui paraissait tellement évident maintenant. Il tenait toujours son arme pointée sur Jim, son doigt tremblait sur la gâchette. NONNNNN ! ! ! ! Lui hurlait son esprit. Des larmes coulaient le long de son visage et lui brouillaient la vue. Il secoua la tête et laissa tomber l’arme par terre

— Je suis désolé, murmura-t-il et il dévala l’escalier quatre à quatre.

Jim se réveilla en sursaut. Le bruit de l’arme tombant sur le sol l’avait tiré de son sommeil. Il regarda autour de lui et vit le pistolet par terre. Il fut assailli par une odeur très familière. C’était celle de son guide. La porte d’entrée claqua. Jim repoussa doucement Sarah et prit sa robe chambre. Il descendit et se lança à la poursuite de Blair. Il dévala les marches quatre à quatre quand il sortit du loft. Il atteignit la porte de l’immeuble et sortit dans la rue mais c’était trop tard son guide était déjà loin. Deux hommes dans une voiture garés non loin de là observaient la scène. L’un prit son portable et composa un numéro

— Il ne l’a pas fait…

— Tant pis pour lui. On va s’occuper de la fille. Retrouvez-moi devant son appartement.

— Oui monsieur.

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Il était 6h quand Jessica émergea de sa chambre. Elle fut surprise de trouver le canapé vide. Elle alla dans la cuisine pour mettre en route le café et trouva le petit mot de Blair

Jess,

Je n’arrive pas à dormir. Je vais faire un petit tour pour me calmer.

Ne t’inquiète pas, tout va bien.

A tout de suite pour le petit déjeuner, je ramènerais les croissants

Blair

Elle prit sa douche, s’installa sur le canapé avec une tasse de café et mit de la musique douce. Elle aimait profiter de la tranquillité que lui offrait ce moment de la journée. Un bruit sourd se fit entendre. Elle se leva et vit que la porte avait volé en éclat. Quatre hommes entrèrent et trois se précipitèrent sur elle. Elle tenta de se réfugier dans sa chambre où elle avait laissé son arme. Le plus grand lui coupa le chemin. Il tenta de lui attraper le bras mais elle lui décocha un coup de genoux dans le bas ventre. Le deuxième homme, un petit blond, l’attrapa par la taille et la maintint fermement. Elle se débattit comme un beau diable. Le troisième homme, celui qui semblait mener l’opération, s’approcha et la gifla. La surprise fut telle que Jessica resta un moment immobile.

— Hum... ce monsieur Sandburg a vraiment bon goût, dit-il en plongeant son regard dans le décolleté du peignoir de Jessy.

— Lâchez-moi…

Il la gifla à nouveau.

— Je ne t’ai pas donné la parole que je sache. Il semblerait que le jeune Sandburg ne tienne pas trop à votre vie…. Il n’a pas exécuté sa mission

— Et ça vous étonne ? Je dois dire que je n’en attendais pas moins de lui, dit-elle avec un sourire narquois

— Bien, bien….. Mais cela vous condamne à passer quelque temps avec nous jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il n’a pas le choix.

— C’est ce qu’on verra, répondit-elle.

D’un brusque mouvement elle se dégagea de son agresseur et l’envoya rouler sur le sol. Elle avait presque réussit a rejoindre la porte quand elle sentit un courant électrique lui parcourir le corps. Elle tomba à terre, les ténèbres menaçant de l’engloutir.

— Allongez là sur le canapé

Avec l’énergie du désespoir, elle recommença à se débattre et échappa à l’homme qui la tenait. Malheureusement pour elle le deuxième attrapa une chaise et la lui cassa sur le dos sur le dos. Jessica se recroquevilla a terre et ne fit rien quand ils l’installèrent sur le canapé.. C’est à ce moment qu’elle remarqua le quatrième homme, il avait une caméra dans les mains et filmait tout ce qui c’était passé depuis leur arrivée. Elle ferma les yeux un instant… Quand elle les ouvrit à nouveau, le chef qu’elle avait surnommé la Balafre à cause d’une cicatrice qui lui traversait la joue gauche, était penchée sur elle une seringue à la main.

— Vous voyez votre cher ami a peut-être échoué dans sa première tentative mais nous avons un moyen de nous assurer ses services.

— N’y comptez pas trop… Jamais vous n’arriverez à faire de lui un assassin !

— Même pas pour vous sauver ? Vous voyez ceci, dit-il en lui montrant la seringue, c’est le même produit que nous avons injecté à votre ami M. Sandburg. A une petite différence près cependant, celui-ci est plus concentré et agira par conséquent beaucoup plus vite.

Il lui planta l’aiguille dans le bras. La brûlure qu’elle ressentit fut telle qu’elle en perdit connaissance

— Bien, emmenez-la dans la voiture.

Il se tourna vers l’homme qui tenait la caméra et dit en s’adressant à celle-ci

— Vous comprendrez M. Sandburg que je ne puisse laisser votre amie en liberté. Elle va nous tenir compagnie pendant 12h environ c’est le temps que mettra le Denophoral à la tuer. Si vous n’avez pas accompli votre mission d’ici là vous pourrez lui dire adieu…. Vous vous rejoindrez dans la mort quelques heures plus tard…… Comme c’est romantique… Les Roméo et Juliette des temps modernes, dit il d’un rire cynique

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Au loft, Jim discutait avec Simon. Les gars du labo avaient quitté les lieux emmenant avec eux l’arme laissée par Blair.

— Je ne comprends pas pourquoi Blair est revenu.

— Ça me paraît très clair, Jim, répondit Simon. Il voulait te tuer.

— Non Simon, tu te trompes. Il ne ferait jamais ça !

— S’il voulait tuer Jim pourquoi ne pas l’avoir fait ? Dit Sarah. Je veux dire, nous dormions nous étions sans défense. Il aurait pu nous abattre mais il ne l’a pas fait.

— Alors pourquoi avoir pris le risque de venir ? Demanda Simon

— Un appel au secours je suppose. Il espérait peut être que je l’arrête.

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Quand Blair arriva à l’appartement de Jessica une demi-heure après, il ne put que constater les dégâts. C’était un vrai champ de bataille. Deux chaises avaient été réduites en miettes. La table basse du salon était renversée et une tasse de café était cassée en mille morceaux au pied du canapé. Il fouilla l’appartement minutieusement mais aucune trace de Jess. Il aperçut une feuille sur le magnétoscope où il pouvait lire " lisez-moi ". Il prit la télécommande et appuya sur le bouton lecture. Ce qu’il vit sur l’écran, lui glaça le sang.

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Au loft, Jim, Simon et Sarah tentaient toujours de démêler cette affaire. Le téléphone de Simon sonna.

— Banks… Oui… Quoi ?  Dit -il en se levant tellement brusquement que sa chaise bascula en arrière. On arrive… Oui mais n’entrez pas avant notre arrivée…. Me suis-je bien fait comprendre ?

— Qu’y a-t-il Simon ? demanda Jim soudain inquiet

— Il y a du grabuge chez Wardfield. Les voisins ont entendu des bruits de bagarre.

— Vous ne croyez pas que Blair s’en est pris à Jess ? Demanda Sarah en jetant un coup d’œil inquiet à Jim.

— Franchement je ne sais plus, dit le capitaine en enfilant son manteau

@@@@@@@@@@

Quand ils arrivèrent à l’appartement, deux policiers en uniforme les attendaient.

— Vous nous attendez ici…

— Bien monsieur.

Ils montèrent jusqu’au 3ème étage. La porte était grande ouverte. Jim entra le premier et fut stupéfait par ce qu’il vit. L’appartement était dévasté, dans un coin de la pièce il aperçut Blair. Son guide était assis par terre le front posé sur les genoux. Il se balançait doucement, tout en murmurant des mots que la sentinelle n’arrivait pas à comprendre. Jim s’approcha doucement de lui.

— Blair ?

Il n’obtint aucune réponse. Il tenta de le toucher mais le jeune homme eut un mouvement de recul. Il leva la tête mais ne sembla pas reconnaître sa sentinelle.

— Blair ? Qu’y a-t-il ?

Jim ne reçut aucune réponse. Blair avait déjà eut des crises de panique mais rien de comparable à ce qu’il voyait aujourd’hui.

— Blair ? Je t’en prie répond moi…

— Jim ? Dit en le regardant dans les yeux.

— Oui c’est bien moi….

— Ils l’ont emmené…. Ils veulent…. Ils veulent…

Il n’arrivait pas à dire les mots. Son mal de tête devenait de plus en plus difficile à supporter, sa vue se troublait de plus en plus souvent et les nausées presque impossibles à contrôler. Blair fut pris de panique, il ne pouvait pas rester là, il devait retrouver Jessica. Et surtout, il ne pouvait pas mettre Jim au courant. Si jamais ils lui faisaient du mal, Blair ne pourrait jamais s’en remettre. Il se leva et bouscula Jim qui, surpris, dû se retenir au mur pour ne pas tomber.

Blair se précipita dans la chambre de Jessica, il était arrivé à la porte quand il fut pris d’un vertige plus fort que les autres. Il essaya de se rattraper au chambranle mais le manqua et se retrouva par terre. Jim se précipita vers lui et fit signe à Simon d’appeler une ambulance.

— Non ! dit Blair en essayant de lutter contre son vertige

— Tu es malade grand chef, tu as besoin d’un médecin

— Il… Il ne pourra rien pour moi…S’il te plaît, Jim, fais-moi confiance, dit Blair avant de s’évanouir

Il se réveilla dix minutes plus tard en sentant que quelqu’un lui passait de l’eau fraîche sur le visage. Il ouvrit les yeux et vit Sarah qui lui fit un sourire en le voyant reprendre ses esprits.

— Tu te sens mieux ?

— Pas vraiment mais je n’ai pas le temps d’en parler

— Et pourquoi ça Grand Chef ? Demanda Jim

Blair garda le silence, il ne pouvait se résoudre à tout raconter à Jim.

— Sandburg, vous êtes en sécurité ici, dit Simon en s’approchant du jeune homme

— Vous ne comprenez pas ? Je ne peux rien dire…

Il regarda autour de lui et évalua ses chances de fuites. Elles étaient faibles mais il fallait qu’il sorte de là, il fallait qu’il retrouve Jessy.

— Blair que s’est-il passé ici ? Où est Jess ? demanda Sarah avec inquiétude

Il la regarda. Comment pouvait-il lui dire qu’à cause de son imprudence il l’avait condamné à mort. Non, il fallait qu’il sorte de là seul. Il essaya de se lever mais la pièce commença à tourner. Il se laissa glisser sur le sol et se prit la tête entre les mains. Cette migraine était en train de le rendre fou. Jim l’aida à s’allonger à nouveau sur le canapé et Sarah lui apporta un verre d’eau.

— Sandburg, tu veux prouver quoi ? Que tu peux te faire tuer ? Fais-moi un peu confiance, dit Jim en esquissant un sourire. Que s’est-il passé ici ?

— Jessica a été enlevée et c’est ma faute. Si je ne lui avais pas téléphoné hier, ils n’auraient jamais fait attention à elle, dit Blair en mettant sa tête entre ses mains, et maintenant ils lui ont injecté la même chose qu’à moi

— Ils ? Injecté ? De quoi parles-tu grand chef ?

— On m’a injecté un produit, qui s’appelle du Denophoral et, qui va me tuer si je ne prends pas l’antidote avant minuit, dit il en regardant le chronomètre

— Dans quel but ?

— D’après ce que ce type m’a dit j’ai deux missions, la première c’était de te tuer Jim mais… Je n’ai pas pu. C’est pour m’obliger à le faire qu'ils ont enlevé Jessica. Vous ne comprenez pas ? Ils vont la tuer…

— Comment ça, Grand chef ?

— Ils lui ont injecté la même saloperie. Tout est sur la cassette dans le magnétoscope, ce sont eux qui ont tué Charlie.

Simon alluma la télévision, rembobina la cassette et appuya sur lecture. La première image fut celle de la porte qui volait en éclat puis Jessy apparut essayant de s’enfuir. Blair ne put retenir ses larmes en la voyant se débattre dans les bras de ses agresseurs. L’homme lui injecta ce poison. La dernière image, les montraient franchissant ce qui restait de la porte. Jessica dans les bras d’un des hommes.

— On a la preuve de l’existence de ces hommes, mais cela ne vous disculpe pas du meurtre de Charlie Thomson, Sandburg

— Je sais capitaine, mais je n’ai pas de temps à perdre en discussions stériles. Ils doivent savoir que vous êtes là en plus, je suis suivi depuis le début.

— Tu connais ta deuxième mission ? demanda Jim qui réfléchissait au moyen de sauver son guide

— Non, ils doivent me rappeler dès que… Je t’aurais tué

— Je vois. Tu es sûr que ce qu’ils t’ont injecté est mortel ?

— Non, désolé Jim, je n’ai pas vraiment eu le temps de faire un petit tour par l’hôpital, dit Blair ironiquement, excuses-moi

— Je comprends, Blair. J’aurais juste aimé que tu m’appelles

— Dites-moi les enfants… excusez-moi de vous interrompre mais j’ai peut être la solution pour la prise de sang et ton assassinat, dit Sarah en regardant les trois hommes face à elle.

— Tu veux me tuer toi aussi ? Mais qu’est-ce que je vous ai fait à tous les deux, dit Jim légèrement vexé

— Ils veulent te tuer parce que tu dois témoigner contre un de leurs " amis " d’après ce qu’ils m’ont dit.

Simon regarda Jim, l’affaire Kennilson. Jim avait enquêté sur David Kennilson car le maire le soupçonnait d’attribuer les contrats de maintenance de la mairie, selon les pots de vin qu’il recevait. Effectivement, Jim et Brown avaient découvert le pot aux roses et Kennilson attendait son procès qui devait avoir lieu la semaine suivante. Jim était le principal témoin de l’accusation et s’il lui arrivait malheur le procureur n’aurait plus qu’à faire marche arrière. Sarah était en train de téléphoner quand elle raccrocha Blair eut l’impression qu’elle était contente d’elle.

— Alors ? Comment penses-tu me tuer ? dit Jim

— Donne-moi ton arme et je te dirais tout.

Jim regarda Simon, celui ci répondit par un haussement d’épaules car il savait qu’avec Sarah il pouvait s’attendre à tout.

— Merci. J’ai téléphoné à Maggie, notre ange-gardien au General Hospital, et lui ai demandé de faire venir une ambulance ici. Elle sera dedans et fera la prise de sang

— Ils vont trouver cela louche une ambulance qui vient sans raison, dit Blair qui ne saisissait pas

— Oh, rassure-toi, il va y en avoir une. J’ai besoin de quelque chose dans la cuisine, je reviens.

— Qu’est-ce qu’elle mijote ? Demanda Jim

Sarah revint une barquette de steak dans une main et du ketchup dans l’autre.

— Lequel imitera mieux le sang de loin ?

— Vous voulez bien nous expliquer ce que vous pensez faire ? dit Simon légèrement excédé

— Ils veulent voir Jim mort, eh bien, on va le tuer, enfin on va le leur faire croire. L’ambulance devrait arriver dans dix minutes, dit Sarah

Elle se tourna vers le canapé, demanda à Blair de se lever et tira deux coups de feu avec l’arme de Jim. Le bruit fut assourdissant mais les trois hommes virent Sarah sourire.

— Ne faites pas cette tête là, je vous explique. Nous sommes ici depuis dix minutes environ et les sbires qui suivent Blair doivent surveiller l’appartement. Ils nous ont vu entrer et ils doivent se dire qu’on va l’arrêter. D’ailleurs, je les imagine au téléphone avec leur patron, sauf qu’en entendant les coups de feu, ils ont du se dire que Blair avait changé d’avis après avoir vu la vidéo et donc tuer Jim. L’arrivée de l’ambulance appelée par les voisins paraîtra normale. Maggie fera la prise de sang à Blair pendant que Jim s’installera sur la civière, avec une jolie tâche de ketchup au niveau du cœur. Tous ceux qui sont ici devront descendre en ayant l’air triste car l’un des notre est mort. Comptez sur moi pour faire une jolie scène, j’ai toujours aimé le théâtre.

— Mais où est ce que vous trouvez vos idées, MacLane ?

— J’ai dû trop lire de roman policier quand j’étais gamine

— Je trouve ça pas mal, Simon, dit Jim

— Et si cela ne marche pas ? On ne peut pas laisser Warfield entre leurs griffes, Blair non plus.

— C’est vrai mais je voudrais bien savoir ce qu’on m’a injecté. Si cela se trouve, c’est le virus de la grippe et mes symptômes n’iront pas plus loin, dit Blair qui pensait le plan de Sarah réalisable

— Je vois que je n’ai rien à dire. Juste une chose Sandburg, je veux que vous restiez en contact avec nous. Prenez mon portable et s’il y a quoique se soit qui cloche ou si vous vous sentez trop mal, appelez-nous.

— Ok, capitaine

— Je t’appellerai pour te donner les résultats de ta prise de sang, dit Jim

Ils entendirent au loin les sirènes de l’ambulance, Sarah prit le ketchup.

— C’est dommage, je l’aimais bien cette chemise, dit-elle en étalant du ketchup sur le torse de Jim

— Tu crois qu’ils s’y laisseront prendre ? demanda Blair qui regardait ses deux amis

— De loin, cela devrait aller. Reste à savoir comment tu vas t’éclipser. Au fait Capitaine, il faudrait que vous fassiez venir quelques voitures supplémentaires pour que cela fasse plus réaliste. Le coin devrait grouiller de flics à la recherche de Blair.

— Ma parole, vous pensez vraiment à tout MacLane

— Je pensais m’enfuir par l’escalier de secours. J'ai remarqué qu’il donnait sur une ruelle peu éclairée la dernière fois que je suis venu.

— La dernière fois ? répliqua Sarah l’air mutin

Blair n’eut pas le temps de répondre, l’ambulance venait de se garer devant l'immeuble. Ils entendirent des bruits de pas dans l’escalier. Un petit moment après Maggie fit son apparition avec deux brancardiers.

— Alors dans quel guêpier vous êtes vous encore fourrer ? dit-elle en guise de bonjour

— Ravie de vous revoir aussi Maggie, répondit Simon, dommage que se soit en de telles circonstances. Il faudrait que vous fassiez une prise de sang à Blair.

— C’est ce que m’a dit Sarah tout à l’heure. Je dois aussi emmener un pseudo mort paraît- il ?

— Oui, moi, répondit Jim en regardant Maggie faire le prélèvement de sang.

— Au fait, que dois-je faire chercher dans le sang de ce mignon ? Vous savez Jim, vous devriez faire attention en mangeant, dit l’infirmière en lorgnant la tâche de ketchup que Jim avait sur sa chemise

— C’est censé être du sang, répliqua celui ci, et il faut nous signaler tout ce qu’il y a d’anormal. C’est une question de vie ou de mort.

— Vous aurez les résultats d’ici une heure environ. C’est quoi ce chronomètre que tu as au poignet ?

— Le temps qu’il me reste à vivre, répondit Blair d’une voix d’outre-tombe

— Cela devrait suffire. Messieurs, voulez vous mettre notre " mort " sur la civière que nous retournions à l’hôpital

Jim s’installa et essaya de se rappeler ce qu’il avait ressenti les quelques fois où il était sur un brancard. Sauf que cette fois je suis censé être mort, pensa t-il. Blair était assis sur le canapé, se demandant si ce cauchemar allait finir et surtout, si Jessy allait bien. Il s’en voulait terriblement de l’avoir impliqué dans ce cauchemar. Et maintenant ils sont tous en danger eux aussi, pensa Blair. Il espérait que le plan de Sarah allait fonctionner, c’était la seule chance de sauver Jessica. Sauver Jessica c’était le plus important, il sacrifierait sa vie pour cela s’il le fallait. Blair regarda sa sentinelle allongée sur le brancard, il se leva et se tint à ses cotés.

— Je suis désolé Jim, dit Blair en évitant de le regarder dans les yeux

— Tu n’y es pour rien si ces pourris ont décidé de se servir de toi pour m’atteindre. Tu sais, il y a des moments où je regrette d’avoir mes dons à cause de toutes les fois où je t’ai mis en danger.

— J’imagine que ça fait partie du boulot de Shaman. Quel dommage qu’Incacha n’ait pas laissé de mode d’emploi, rétorqua Blair un sourire hésitant sur ses lèvres

— On va s’en sortir. Il est hors de question que je te laisse mourir, pas comme cela, pas maintenant. J’accepterais que tu quittes ce monde à un âge respectable avec une femme et une ribambelle de petits Blair à cheveux longs autour de toi, tu as compris ?

— Oui, Jim, dit Blair qui imaginait la scène

— Désolée de vous interrompre les enfants mais il est temps de partir, annonça Maggie en approchant de la porte.

— Appelle- moi des que tu sais ce qu’ils veulent que tu fasses, surtout, ne coupes pas le contact, dit Jim pendant qu’on l’emmenait dans le couloir

— Dites donc Jim, vous savez que vous êtes censé être mort ? Alors taisez-vous ou alors c’est moi qui vous transforme en cadavre, ordonna Maggie d’un ton autoritaire

Jim lui sourit et ferma les yeux. Arrivé dehors, il concentra son ouïe sur les environs. Il cherchait un signe, afin de savoir si les hommes qui suivaient Blair, étaient convaincu de sa mort. Il entendit un groupe de gens massés aux abords de l’immeuble. Comme convenu, les ambulanciers laissèrent Jim bien évidence, le temps que Maggie fasse semblant de remplir des papiers avec Simon qui les avait suivi. Sarah était encore dans l’appartement de Jessica avec Blair.

— Tu m’as l’air pâle Blair. Tu devrais emporter quelque chose à manger

— Je devrais surtout prendre ce fichu antidote. Je n’y comprends rien Sarah. Je trouve qu’ils se donnent beaucoup de mal pour éliminer Jim, dit il en donnant un coup de pied dans ce qui restait de la chaise qui avait servi à frapper Jessy

— Pas vraiment, si cela leur permet de ne pas mêler Kennilson à la mort de Jim

— Sans doute, mais… De toute manière, ça n’a aucune importance, dit il en secouant légèrement la tête pour essayer d’éclaircir ses idées. Il faut que j’y aille avant que les voitures qu’a demandé Simon n’arrivent.

— Oui, et moi, je dois jouer la coéquipière éplorée

— Je suis sûr que tu joueras le rôle à merveille, dit Blair qui enjambait déjà la fenêtre de la chambre

— Merci. Eh Blair ? Ce n’est pas ta faute…

— Dis ça à Jess !

— Ne joue pas les héros solitaires ! OK ? On est là, ne l’oublie pas.

Sarah le regarda descendre l’escalier de secours et s’engager dans la ruelle sombre. Elle prit l’ascenseur et émergea en courant dans la rue. Elle aperçut un camion de la chaîne KLW354, le cameraman était entrain de filmer toute la scène. Sarah se précipita vers le corps de Jim en criant son nom. Simon tenta de l’en empêcher mais elle se dégagea, elle leva un regard plein de larmes vers Maggie qui répondit à sa question muette par un signe de tête négatif. Sa réaction ne se fit pas attendre, elle fondit en larme la tête posé sur le torse de Jim. Quand les ambulanciers voulurent la dégager pour enlever le corps, elle riposta pour la forme et finit par se retrouver sanglotante dans les bras de son capitaine, qui faisait grise mine comme tous les policiers présents. Jim attendait toujours un signe des hommes de main. Il se félicita d’avoir une coéquipière aussi douer pour la comédie et se demandait où elle avait appris cela, quand il entendit deux hommes parler.

— Ça y est, le chevelu a enfin compris

— Ils sont tous pareils, dit l’autre, tu menaces leurs nanas et ils obtempèrent. Appelle le patron.

— Ellison est mort

— Bien, je savais qu’il finirait par comprendre. Les flics l’ont arrêté ?

— Non, on ne l’a pas vu sortir. Ce matin, j’ai remarqué qu’il y avait un escalier de secours.

— Espèce d’imbécile ! Je vous ai dit de ne pas le quitter d’une semelle. J’espère pour vous qu’il a gardé son portable, dit l’homme en raccrochant

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Blair courrait pour s’éloigner le plus possible du quartier de Jessica. Son mal de tête devenait insupportable. Il se laissa glisser par terre contre un mur et chercha de l’aspirine dans son sac dos. Il se rappela qu’il avait fait tomber la boîte dans son bureau en voyant le corps de Charlie la veille. Et merde, se dit il. Le portable que les ravisseurs de Jess lui avaient donné sonna.

Il fut tenté de ne pas répondre, de tout laissé tomber mais l’image de Jessica l’attendant près de l’étang la veille s’imposa à lui. Elle avait accourut dès qu’il avait eu besoin d’elle, il n’allait pas l’abandonner. Il décrocha à contrecœur.

— Sandburg

— Vous êtes enfin devenu raisonnable à ce qu’on m’a dit ? Quel effet cela vous a fait de tuer votre meilleur ami ?

— ...

— Répondez ! ordonna l’homme

— Espèce de…. Je vous jure que je vous ferais payer tout ce que vous nous faites subir, dit Blair en colère

— On dirait que cela vous a plu, fit l’homme d’un ton narquois, nous allons donc pouvoir passer à votre deuxième mission.

— Pas avant d’avoir vu Jessica !

— Vous n’êtes pas en mesure de demander quoique se soit, mon jeune ami.

— Et pourtant, je ne bougerais pas tant que je ne l’aurais pas vu. Vous me manipulez depuis le début ! Vous kidnappez mon amie ! Vous lui injectez votre saloperie et je dois encaisser tout sans broncher ? Je ne suis pas votre toutou qui que vous soyez.

— On fait sa petite crise, monsieur Sandburg ?

— Arrêtez de me prendre pour un imbécile, je veux voir Jessica ! Si vous ne me donnez pas satisfaction, nous mourrons tous les deux et vous n’aurez qu’à faire votre sale boulot tout seul ! Comment avez vous dit déjà … Les Roméo et Juliette des temps modernes…. Et bien, Roméo en assez. C’est clair ?

— Calmez-vous, Roméo… Et si je vous passais Juliette au téléphone, cela vous rassurerait-il ?

— Non, je veux la voir en chair et en os. Qui me dit que vous ne l’empêcherez pas de me parler ? Nous avons encore 15 heures devant nous. Vous devez encore être à Cascade. C’est quand même avec notre vie que vous jouez, alors je trouve normal que vous nous laissiez trente minutes pour nous voir

— …

— Vous n’allez pas m’obliger à vous supplier, dit Blair qui n’en pouvait plus de ce mal de tête

— …

— Je vous en prie, fit-il d’une voix tremblante

— Très bien. Rendez-vous dans une heure dans le parking souterrain du Beldan’s Hôtel. Je vous conseille de venir seul où je me verrais dans l’obligation d’abréger le temps qu’il reste à mademoiselle Wardfield.

— Ne vous inquiétez pas, je sais ce que j’ai à faire. Amenez Jessy, c’est tout ce que je vous demande

— Mark

— Pardon ?

— Vous pouvez m’appeler Mark, le temps que nous finissions nos affaires

L’homme ne lui laissa pas le temps de répondre, il coupa la conversation. Blair resta assis par terre un court moment, le vertige ne passant pas. Il se leva doucement, en prenant appui sur le mur, et commença à se diriger vers le Beldan’s. Blair était tellement concentré sur ce qu’il faisait, qu’il ne pensa pas à appeler Jim pour le mettre au courant.

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L’ambulance se fraya rapidement un chemin jusqu’au General Hospital. Jim était assis et repassait la situation en revue avec Maggie.

— Si je comprends bien, ce pauvre Blair est piégé

— Oui, Maggie. Je ne sais pas ce qu’ils lui ont injecté mais les effets ont l’air assez inquiétant. En plus, comme il a refusé de me tuer la première fois, ils s’en sont pris à Jessica en lui injectant la même chose. C’est pour cela qu’on a besoin d’avoir les résultats le plus vite possible. Tout est une question de temps dans cette affaire

— Jessica ? C’est la dernière conquête de Blair ?

— Non, enfin pas que je sache. Jessica Wardfield est auxiliaire chez nous depuis 4 mois, tu as déjà dû la croiser. Grande, yeux bleus, longs cheveux châtains, toujours un peu triste.

— Effectivement, je me souviens d’elle. C’est vrai que je vous vois assez souvent dans mon service. Tu sais Jim, je n’ai jamais vu des policiers avoir autant de blessures que toi et Blair. Je vais finir par demander à l’hôpital s’ils ne veulent pas vous donner une carte d’abonnement, fit l’infirmière en souriant

— Non merci, Maggie. J’aimerai bien arrêter un peu de venir te voir aussi souvent. Enfin bref, Blair a appelé Jessica et elle l’a caché dans son appartement. Et ce matin, ceux qui veulent forcer Blair à me tuer l’ont enlevé pour faire pression sur lui.

— Et pourquoi cette fausse mort ?

— C’est une idée de Sarah. Elle pense que s'ils me croient mort, cela va nous donner un peu de temps

— J’aurais dû me douter qu’une telle idée ne puisse venir que d’elle. J’imagine que c’est Sarah qui t’a transformé en hot-dog avec ce ketchup ?

— Exact, acquiesça Jim qui ne put s’empêcher de sourire en pensant à Sarah

Maggie le regarda sourire. Il s’était enfin décidé à sortir avec Sarah, depuis le temps qu’elle les voyait se tourner autour ses deux là. Et maintenant, voilà que son petit Blair et sa future petite amie étaient dans une mauvaise passe. Maggie se souvenait très bien de Jessica à cause de son air triste justement. Elle ne lui avait jamais parlé plus que nécessaire mais elle devinait que son passé n’avait pas été très agréable. L'ambulance arriva à l'entrée des urgences, Jim se rallongea sur la civière et fut conduit dans une salle de soin. Maggie l'aida à se relever et emmena discrètement Jim à l'une des entrées de service de l'hôpital, où Simon et Sarah l'attendaient dans une voiture. Ils prirent le chemin du Central

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Jessica ouvrit les yeux. Elle était allongée sur un matelas à même le sol, les mains attachées dans le dos. Elle essaya de relever la tête mais dès le premier geste, elle ressentit une douleur fulgurante. Elle renonça et essaya de se concentrer sur l’endroit où elle était. Sur sa gauche, des cartons, une vieille bâche, quelques outils. A sa droite, un van noir, une table où étaient assis les 4 hommes qui l’avaient enlevée. Un entrepôt... je suis dans un entrepôt près des docks, pensa t elle en entendant le cri d’une mouette. Jessica ferma les yeux un instant, pour essayer de maîtriser la douleur qui lui martelait les tempes, quand elle les rouvrit l’homme qu’elle avait surnommé la Balafre se tenait devant elle. Il l’assit et se mit à sa hauteur.

— Vous n’avez pas l’air bien, beauté

— Et grâce à qui d’après vous ? répondit Jessy

— J’aimerais bien que vous deveniez raisonnable, après tout il est encore temps de changer d’avis. Ce serait dommage de laisser un si joli corps à l’abandon, dit en lui caressant la joue. Et puis... Si vous vous montrez gentille, je pourrais même vous éviter cette souffrance au fond bien inutile, continua-t-il avec un sourire entendu

— Mourir ne me fait pas peur, la Balafre, répliqua-t-elle en lui crachant au visage

La réponse de l’homme ne se fit pas attendre, il la gifla violemment. Jessica lutta contre la nausée et les vertiges.

— La Balafre ? J’imagine que je dois ce surnom à cette petite marque, répondit l’homme en montrant sa joue. C’est un vieux souvenir qui me rappelle d’être toujours attentif à mes arrières. Si vous tenez vraiment à m’appeler par un nom, utilisez celui que j’ai donné à votre ami, Mark.

— Vous avez parlé à Blair ?

— Oui, je l’ai appelé après qu’il a effectué sa mission, répondit Mark un rictus sur les lèvres

— Non, c’est …impossible, il n’a pas pu faire ça

— Eh bien si ma chère. La menace de vous voir mourir dans d’atroces souffrances lui a fait commettre l’irréparable. Il faut croire que vous êtes bien plus importante à ses yeux que ce cher Ellison.

— Vous mentez ! dit Jessica en criant. Ce n'est pas un assassin... Il préférerait mourir plutôt que de faire cela !

— C'est là que vous vous trompez ma chère et je peux vous le prouver

Il la releva et l'emmena jusqu'au coin cuisine où un téléviseur marchait en sourdine. Sur l'écran on pouvait voir la photo de Jim et la journaliste expliquer les faits. Mark monta le son

"Ce matin, l'inspecteur James Ellison a été mortellement blessé au cours d'une interpellation. Le suspect ne serait autre que le colocataire et partenaire de l'inspecteur : Blair Sandburg. Il semblerait qu'après une dispute au sujet de l'enlèvement d'une auxiliaire attachée au service de la Majors Crimes, M. Sandburg ait pris l'arme du policier et ait tiré sur lui à deux reprises, tuant l’inspecteur James Ellison sur le coup. Le suspect a pris la fuite et toutes les forces de police sont à sa recherche. Le capitaine Banks n'a souhaité faire aucun commentaire sur ce drame. Ici, Kim Chang pour KLW354, à vous les studios"

Derrière la journaliste on pouvait apercevoir Sarah en pleurs dans les bras de Simon. Des larmes roulaient sur les joues de la jeune femme. Jessy ne pouvait pas croire ce qu'elle venait d'entendre. Blair, son Blair était devenu un assassin.

— Je vois que vous êtes convaincue maintenant. De toute façon, vous allez pouvoir vous expliquer avec lui dans peu de temps

— Comment cela ?

— J’ai décidé de lui offrir une petite récompense avant qu’il n’effectue sa deuxième mission. Vous allez le voir dans le parking souterrain du Beldan’s d’ici trois quarts d’heure.

— Qu’allez-vous lui demander encore ? Quand ce cauchemar va-t-il finir ?

— Il finira rassurez-vous. Il finira par … Votre mort à tous les deux, dit Mark en éclatant d’un rire sinistre.

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Jim et Sarah entrèrent dans le bureau de Simon. Celui-ci était au téléphone avec l’adjointe du procureur.

— Oui madame, je sais très bien que le témoignage de l’inspecteur Ellison est nécessaire pour mettre Kennilson derrière les barreaux. Ecoutez, j’ai fait passer Jim pour mort provisoirement parce que deux de mes hommes ont été enlevés et empoisonnés. Ils sont vivants pour le moment mais je ne sais pas combien de temps il leur reste. Oui, vous aurez Ellison pour votre procès. Au revoir

Simon raccrocha brutalement le téléphone et pesta contre le procureur, son adjointe et tous ceux qui travaillaient pour lui. Il enleva ses lunettes, passa sa main sur son visage et les remit. Il aperçut Jim qui n’osait pas interrompre le moment de répit de son capitaine et Sarah qui consultait un dossier

— Ah Jim, alors du nouveau ?

— Pas encore Simon, on attend les résultats du labo pour savoir quel produit leur a été injecté.

On frappa à la porte.

— Entrez, répondit Simon d’une voix bourrue

— Je me demande si c’est bien le moment, dit une voix féminine

— Ecoutez, Cassie, je n’ai vraiment pas envie de plaisanter. Que voulez-vous ?

— J’ai les résultats de la balistique sur l’arme qu’on a trouvée chez Ellison, dit elle en faisant un clin d’œil à Jim

— Et alors ?

— Eh bien, il semblerait que ce soit l’arme qui ait tué Charlie Thomson.

— Il y a des empreintes ? demanda Jim

— Oui, uniquement celles de Blair, dit Cassie en lui faisant un grand sourire

— Ça ne veut rien dire, rétorqua Sarah qui avait repéré son manège. Les hommes qui ont empoisonné Blair et Jessica peuvent très bien avoir mis des gants pour tuer Charlie.

— Oui, bien sûr mais peut être que Blair a inventé toute cette histoire. Après tout cela paraît quand même un peu gros non ? On retrouve un de ses élèves assassiné dans son bureau, il est soi disant empoisonné, et comme par hasard, on enlève Wardfield ... Mais au fait vous savez où il est ? dit Cassie d’une voix mielleuse

— Il n’a pas encore appelé mais cela ne veut pas dire que… dit Jim qui n’arrivait pas à imaginer une seule seconde Blair monter un tel scénario

— Dites-moi Cassie, je suis sûre que vous avez encore beaucoup de travail au labo, dit Sarah en la prenant par l’épaule et en la poussant hors du bureau de Simon. Merci pour l’info, rajouta Sarah en claquant la porte au nez de la jeune femme.

— Tout cela ne me dit rien qui vaille Jim

— Je sais Simon. Je suis sûr que Blair va appeler

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Blair était dans la ruelle à côté du parking du Beldan’s, il s’assit un instant par terre. Il allait de plus en plus mal. Il transpirait énormément, il avait l’impression d’avoir un marteau-piqueur dans la tête et sa vue se troublait de plus en plus souvent. Il avait d’ailleurs faillit se faire renverser en traversant une rue car il n’avait pas vu une voiture. Il fouilla dans son sac et sortit le portable de Simon. Blair savait qu’il aurait du prévenir Jim plus tôt mais il était tellement en colère contre ce Mark qu’il n’y avait pas pensé.

— Ellison

— C’est moi Jim

— Blair enfin... mais où es-tu ?

— A côté du Beldan’s, ils m’ont permis de voir Jessica dans le parking souterrain.

— Dans combien de temps ?

— Trente minutes

— Très bien, on arrive.

Blair raccrocha et regarda autour de lui. Il y avait un café en face, il décida d’y attendre l’heure de revoir Jessy. Peut être que si je mange quelque chose, je me sentirais un peu mieux, pensa-t-il en se levant. Le paysage tangua un peu mais au bout d’une minute Blair retrouva ses esprits et entra dans le café

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— Banks !

— Capitaine Banks, c’est Maggie. J’ai les résultats de la prise de sang de Blair. Ce n’est pas réjouissant du tout

— C’est-à-dire ? dit Simon en mettant le haut-parleur

— Eh bien, on a bien retrouvé la trace d’un produit dans le sang de Blair. Le problème c’est qu’on ne sait pas ce que c’est.

— Comment ça vous ne savez pas ce que c’est ? dit Simon en haussant la voix

— Pas la peine de vous énerver Capitaine, je n’y suis pour rien. D’après le docteur Mickaels, c’est un virus de synthèse. Il est entrain de rechercher sa composition et de voir s’il peut faire un antidote.

— Excusez-moi Maggie, appelez-moi dès que vous avez du nouveau. Il ne nous reste que….

Le capitaine raccrocha et regarda ses deux inspecteurs. Jim serra les mâchoires. Non, son guide ne pouvait pas mourir. Pas comme ça, pas avant d’avoir le connu le bonheur d’être deux et de fonder une famille comme il commençait à le faire avec Sarah. Et que dire de Jessy…. Cette jeune femme qui n’avait pas hésité à risquer sa vie et sa carrière pour Blair. Non, il ne permettrait jamais cela. Il ne permettrait pas qu’ils meurent tous les deux.

— Bon, reprit le capitaine, il est temps de rejoindre Blair et d’essayer de mettre fin a ce cauchemar.

— Tout à fait d’accord avec vous capitaine, répliqua Sarah avec détermination.

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Blair sortit du café quand il vit un van noir s’engouffrer dans la rampe d’accès du parking. Cette rencontre risquait d’être mouvementée. Il savait que ce type... Comment l’avait-il demandé de l’appeler ? Ah oui, Mark ! Donc ce Mark ne s’était sûrement pas privé de tout raconter à Jess. Il allait entrer dans le parking quand il aperçut la voiture de Simon garée au coin de la rue. Celui-ci lui fit un signe discret et Blair hocha la tête pour lui signaler qu’il l’avait vu. Il descendit la rampe et fut aveuglé par les phares du van.

— Bienvenu mon jeune ami

— Où est Jessica ?

— Votre manque d’éducation me consterne, mon jeune Roméo.

— Disons seulement que je n’ai pas très envie de perdre du temps en civilités. Où est-elle ?

— Tout près. Il est temps maintenant que nous parlions de votre deuxième mission.

— Pas avant que je ne l’aie vu, répondit Blair. Il avait du mal à contenir sa colère. Je ne ferais rien avant d’avoir vu Jess !

Mark sembla réfléchir un instant. Il fit un signe en direction du van et la porte latérale s’ouvrit dévoilant trois hommes et Jessica allongée sur le plancher. Un grand type la releva et la fit sortir. Il la maintint fermement, les genoux de la jeune femme menaçant de céder à tout instant. Elle avait les mains attachées dans le dos. Elle était très pâle, son front était couvert d’une fine couche de sueur. Un bleu couvrait une partie de sa joue droite et sa lèvre inférieure était fendue. Elle avait les yeux mi clos et ses cheveux en bataille lui couvraient en partie le visage. Son peignoir était déchiré au niveau de l’épaule gauche et elle était toujours pieds nus. Blair la vit relever la tête. Elle le regarda un court instant et dans ses yeux, il put voir de la colère mêlée à une grande tristesse. Elle sait, se dit-il. Il avala sa salive et s’approcha de la jeune femme.

— Si j’étais vous, je ne m’approcherais pas plus près, dit Mark d’un air menaçant

Il s’arrêta et lui lança un regard glacial.

— Jess ?

Elle ne lui répondit pas

— Jess ? Comment te sens-tu ?

— Pourquoi ? Demanda-t-elle froidement.

Il prit une grande inspiration

— Je n’avais pas le choix, dit-il la gorge nouée.

Il ne voulait pas lui mentir mais il ne pouvait pas lui dire la vérité, pas maintenant.

— Tu as échangé une vie contre une autre Blair, dit elle glaciale. Est-ce que ça en valait vraiment la peine ?

— Jess, je… Je ne pouvais pas te laisser mourir, je t’aime trop pour cela. Je voulais que tu vives !

— Oui, mais à quel prix ? Dis-moi ? A quel prix ? dit-elle la voix pleine de colère

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Dans la voiture de Simon, Jim serra les dents. Cela ne s’annonçait pas très bien pour Blair. Jessica semblait très en colère.

— Comment va-t-elle ? demanda doucement Simon

— D’après ce que je peux entendre, sa respiration semble difficile et son cœur bat la chamade. D’après sa voix, elle n'a pas l’air très en forme

Sarah regarda les deux hommes. Comment Jim pouvait-il savoir tout cela ? Il faudrait qu’un jour elle lui en parle mais elle garda le silence, ce n’était pas le moment de poser des questions. Le plus important, c’était de tirer Blair et Jess de ce guêpier.

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Dans le parking, Blair essayait de garder son calme… Comment lui faire comprendre que tout ce qu’elle croyait savoir n’était qu’un mensonge.

— Jess, je t’en prie essaye de me comprendre... Je t’aime.

— Si tu m’aimais vraiment, jamais tu n’aurais fait cela. Tu ne comprends pas ? Je ne veux pas vivre… Pas ainsi … Le prix est trop élevé.

— Jess, je… répondit Blair des larmes roulant sur son visage

— Non c’est trop tard, c’est avant qu’il fallait choisir. Tu me dégoûtes.

— Eh bien, je vois que les retrouvailles se passent à merveille, dit Mark un sourire narquois illuminant son visage

Séparer les deux tourtereaux était encore plus jouissif que d’avoir mis au point ce petit plan pour tuer Ellison. Il était très fier de lui. Son patron allait être très content. Il fit signe à l’homme qui tenait Jessica de la faire remonter en voiture. Il l’a poussa à l’intérieur, elle grimpa sans même jeter un dernier regard à Blair. La porte se referma dans un lourd claquement.

— Bien. Maintenant que j’ai accompli ma part de marché, il est temps que vous accomplissiez la votre.

— Que voulez encore de moi ?

— Avez-vous des frères et sœurs, M. Sandburg ?

Blair sembla déstabilisé par cette question. Il se demandait où ce type voulait en venir

— Non, dit-il.

— Moi, j’en avais un…. Johnny, il était de 5 ans mon cadet. Pauvre Johnny…. Toujours au mauvais endroit au mauvais moment…

C’est toute l’histoire de ma vie, pensa Blair

— Toujours est-il qu’il a été tué par une personne que vous connaissez.... C’était un meurtre de sang froid. Et tout ce que ce meurtrier a eu, ce sont les félicitations de ses supérieurs.

— C’est dommage je vous l’accorde. Quel rapport avec moi ?

— Le rapport ? C’est que vous allez l’éliminer pour moi… Vous allez venger mon petit frère !

— Et qui suis-je censé tuer cette fois ci ? fit-il d’une voix fatiguée

— Mais votre cher ami... Le capitaine Joël Taggart.

— Non ! C’est hors de question !

— Alors, vous rejoindrez votre cher ami Charlie et Mlle Wardfield vous rejoindra dans la mort. Non sans avoir, auparavant, souffert atrocement. Et je ne parle pas seulement du Dénophoral, ajouta-t-il avec envie.

— Espèce de…

— Allons, allons, un peu de tenue mon cher. Si j’étais vous, je me mettrais à l’œuvre de suite. Votre chère amie n’a plus très longtemps pour profiter de ma charmante compagnie, dit-il en remontant en voiture

Le van démarra sur des chapeaux de roues et sortit en trombe du garage. Blair se laissa glisser le long d’un pilier et mit sa tête entre ses mains. Quand ce cauchemar allait-il prendre fin ? Il sentit une main se poser sur son épaule. Il leva la tête et vit Jim ébaucher un sourire.

— Eh Grand Chef…

— Elle ne me pardonnera jamais. Il y avait tellement de colère dans ses yeux.

— Une fois qu’on lui aura tout expliqué, je suis sûr qu’elle ne t’en voudra pas de lui avoir menti. C’est pour la bonne cause. Allez viens, ne reste pas assis par terre. Tu vas prendre froid.

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Il aida son guide à se mettre debout. Celui-ci vacilla, Jim mit son bras autour des épaules de Blair pour l’aider à regagner le café où Simon et Maggie les attendaient. Jim installa Blair sur une banquette. Maggie se précipita vers lui pour voir comment il allait, a première vue, ce n'était pas brillant.

— Alors mon grand, comment te sens-tu ?

— A ton avis, répondit Blair ironiquement. Excuses moi Maggie, je suis un peu a cran avec tout ça

— Ne t`inquiète pas pour ça.

— On a du nouveau ?

Maggie regarda Jim et Simon, se demandant qui allait lui annoncer la mauvaise nouvelle. Jim prit un air résigné et s`assit a cote de Blair. Maggie rangea l`échantillon de sang dans sa sacoche et retourna au General Hospital pour l`analyser.

— Hum... J`ai une bonne et une mauvaise nouvelle.

— Commence par la bonne

— Sarah a pris le van en filature et on va bientôt savoir ou Wardfield est retenue prisonnière

— Et après ?

— ... On a reçu les résultats de ton analyse...

— Et ?

— Et... Ce n'est pas bon, pas bon du tout

— Où est-ce que tu veux en venir ?

Jim ne répondit pas tout de suite et regarda Simon, impuissant.

— Blair... Ce qu’on t’a injecté est...

— Inoffensif ? Mortel ?

— On ne sait pas

— Comment ça vous ne savez pas !

— Tout ce que Maggie a pu nous dire, c'est que c'est un virus de synthèse. Elle a transmis tes résultats à un certain Mickaels qui est entrain de voir s'il peut créer un antidote.

— Ça veut dire qu'il ne me reste peut être plus que 12 heures a vivre, dit Blair en se prenant la tête dans les mains

— On ne va pas vous laisser mourir Sandburg ! Dit Simon compatissant

— Vous en avez de bonnes. Le plus important c'est de sauver Jessica... Je compte sur toi Jim au cas où...

— Au cas où quoi ?

— Jim... Si jamais tu ne pouvais sauver qu'une personne... Je veux que ce soit Jess

— Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser mourir !

— Jim... Promets-le moi...

— Non, c'est hors de question. Tu vas vivre que cela te plaise ou non, grand chef !

— C'est important pour moi... Tu ne comprends pas... J'aime Jessica

— Raison de plus pour ne pas mourir. Le sujet est clos, je ne veux plus t'entendre dire ce genre d'idioties. Tu as appris qui tu devais éliminer ?

— Joël... Il veut que je venge son frère

— Son frère ? demanda Simon

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Sarah suivit le van pendant trente minutes sans trop de difficultés. Elle ne fut pas étonnée de voir le van se diriger vers les quais. La filature fut un peu plus ardue mais elle les vit entrer dans un entrepôt abandonne des usines Delwecker. Elle gara la voiture a quelques mètres de Jessica, sortit son portable et appela Jim.

— Ellison !

— C'est Sarah. Jess est dans le vieil entrepôt des usines Delwecker sur le quai 42.

— On arrive, attends-nous dans la voiture.

— Oui, bien sûr, dit-elle en ouvrant sa portière

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Jessica avait envie de vomir et pas seulement à cause du Denophoral. Blair l'avait vraiment beaucoup déçu. Elle avait retrouve le matelas sur lequel elle s"était réveillée un peu plus tôt. Sa migraine avait empiré, elle avait énormément de mal à bouger la tête. Ses nausées ne la quittaient plus, elle frissonnait et dix minutes après elle avait trop chaud. Allongée sur le côté, tournant le dos a ses tortionnaires, elle ne vit pas Mark approcher d'elle. Elle trouva soudain que l'entrepôt était calme, trop calme. Elle était seule avec Mark. Il avait envoyé ses hommes dehors.

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— Il faut prévenir Joël. Il ne doit pas se montrer en public, dit Jim

— Je m'en occupe, dit Simon en prenant son téléphone

— Tu ne crois pas qu'ils me surveillent encore ?

— Non, j'ai vérifié avant de te rejoindre dans le parking et je n'ai rien entendu de spécial

— Ça voudrait dire qu'ils ne sont que quatre

— Comment ça, grand chef ?

— Dans le parking, il y avait ce Mark et trois hommes dans le van. J'en ai reconnu deux, ceux que j'ai semés en allant retrouver Jessica au MacArthur Park

— On ne devrait pas avoir de mal à les maîtriser dans ce cas

— J'ai pu joindre Joël, il va nous retrouver a l'entrepôt avec les renforts, dit Simon qui venait de raccrocher

— Bien alors en route

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Jessica ne bougeait pas. Mark s’assit près d’elle et lui caressa la joue. Il lui parlait mais Jess ne saisissait pas tout ce qu’il disait. Elle n’avait pas l’esprit clair, la seule chose qui lui semblait réelle dans tout cela, c'était les coups de marteau dans sa tête.

— Tu es si belle. Quel dommage que tu sois policier, nous aurions pu faire de grandes choses ensemble.

— Laissez-moi !

— Pourquoi, je ne te plais pas ? Tu préfères le genre hippie défraîchi ?

— Je ne crois pas que cela vous regarde, dit-elle en essayant de se dégager

— Regarde-moi, c'est la moindre des politesses

Mark glissa sa main sous ses reins et fit pivoter Jessica, qui se retrouva allongée sur le dos. Il fit glisser sa main sur la poitrine de la jeune femme et se pencha pour l'embrasser. Jess tourna la tête pour éviter ce baiser et lui mordit l'oreille. Mark rugit violemment et la gifla.

— J'avais décidé d'employer la manière douce mais apparemment ce n'est pas ce que tu veux, dit-il en ouvrant son peignoir d'un geste rageur dévoilant le corps tremblant de peur de Jess

— Espèce de lâche ! C'est comme cela que vous prenez votre pied ? En violant des femmes sans défense ? Vous prenez des grands airs mais en fait vous êtes aussi impuissant que tous les autres

— Je vais te montrer si je suis impuissant, dit-il en ouvrant sa braguette et en essayant de lui écarter les jambes

Bip ! Bip !

— Tu feras moins la fière tout à l’heure, je te le garantis

Bip ! Bip !

— Laissez-moi ! Je vais vous descendre, je vous le jure

Mark éclata d'un rire sinistre. Elle pensait s’en sortir... Les femmes étaient vraiment toutes les mêmes.

— Hum... Monsieur...

— Foutez-moi la paix !

— Je suis désolé, mais on a de la visite

— Comment ça de la visite ? dit Mark en se redressant. Il regarda Jess. Ne te réjouis pas trop vite ma jolie, je m’occuperais de toi après avoir réglé ce problème.

— Alors qu'y a-t-il ? demanda-t-il en s'éloignant et en se rajustant

— On a une invitée surprise, je sens que ça va vous plaire

— J'espère parce que j'ai horreur que l’on me dérange quand je courtise une femme

L'homme qui lui parlait haussa les sourcils. Il appelait ça " courtiser " ? Quel snob cet Anglais ! Il l'emmena néanmoins vers l'entrée où les attendaient le reste de l'équipe, et une grande rouquine qui se débattait comme un beau diable. Mark la regarda un instant avant de lui donner une gifle magistrale. Le bruit retentit dans l’entrepôt désert. La douleur ne calma pas Sarah, bien au contraire, elle se débattit de plus belle et réussi à donner un coup de pied dans le bas ventre de Mark. Il retint un cri et devint blanc. Sarah eut un sourire narquois. D'un autre côté, l’attitude de cet homme l’inquiétait. En général, ce coup les faisait se plier en deux et hurler comme des gorets or, l’homme était reste stoïque. Mark sortit son arme et la pointa sur la tempe de Sarah. Elle ne bougea pas et le défia des yeux.

— Fouilles-la !

L'homme qui avait prévenu Mark, le fit en prenant bien soin de laisser traîner ses mains sur les formes de la jeune femme. Il lui retira son arme de service et sa plaque.

— Tu vas payer pour ce que tu m’as fais, sale garce ! dit Mark d’une voix glaciale en dégainant le chien

— Attendez, c’est un flic ! On ne peut pas la tuer comme ça.

— Pourquoi ?

— Elle pourrait nous servir de monnaie d’échange. En attendant, rien ne vous empêche de la courtiser monsieur.

Mark jaugea l'inspecteur du regard. Il devait avouer qu'elle l'excitait beaucoup.

— Très bien, tu as la vie sauve pour le moment. Trouve de quoi l'attacher et mets-la avec l'autre.

L`homme se fit un plaisir de passer les mains sur les fesses de Sarah pour récupérer ses menottes. Il lui attacha les mains et la conduisit sur le matelas près de Jessica. Sarah sentit sa colère monter en voyant son amie nue devant elle. Elle essaya de la recouvrir avec les pans déchirés de son peignoir et posa sa tête sur ses genoux. Elle ne chercha pas à lui parler, simplement à la réconforter en lui caressant les cheveux.

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Jim était inquiet. Il avait tente de joindre Sarah sur son portable mais celle-ci ne répondait pas. Il avait un mauvais pressentiment, si elle ne l'avait pas écouté et qu'elle les avait suivit dans l'entrepôt ? Non, elle ne pouvait pas être aussi stupide. Il connaissait bien sa partenaire, il savait très bien qu'elle ne laisserait rien arrivera sa meilleure amie. Elle était capable d'avoir voulu les arrêter toute seule. Il serra les dents et demanda à Simon d'accélérer encore.

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— Sarah ?

— Jess ! Enfin j’ai bien cru que tu n'allais jamais te réveiller !

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— Oh rien j'ai vu de la lumière et je suis entrée. Comment tu te sens ?

— J'ai connu mieux. Je ne sais pas quelle saloperie il m'a injecté mais ça me rend malade comme un chien

— Et est-ce qu’il t’a....

— Non, ton arrivée providentielle l’en a empêché.

— Je n'aurais jamais cru être aussi contente de me faire attraper un jour

— Moi aussi, dit-elle en esquissant un sourire qui s'effaça aussitôt qu’elle repensa à ce qu’avait fait Blair

— Jess ?

— Je l'ai vu... Il m’a dit qu’il l’avait tué

— Chouette ça a marché !

— De quoi tu parles ?

— La fausse mort de Jim, répondit-elle en baissant la voix

— Il n'est pas mort ? Si c’est une blague, je ne la trouve pas drôle. Ce cher Mark m’a montré les infos. Tu pleurais dans les bras du Capitaine

— Tu ne trouves pas que je mérite un oscar ?

— Ah parce que...

— Ben oui qu’est ce que tu croyais ? Que Blair allait tuer son meilleur ami ?

— Je ne sais pas, je sais plus.

— Essaye de te reposer, les renforts ne devraient plus tarder

Jess ferma les yeux et se blottit dans les bras de Sarah. Celle-ci espérait que Jim ne tarderait pas, Jessica était vraiment à bout. Elle ne savait pas combien de temps celle ci pourrait encore tenir.

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Dans la voiture de Simon, le silence était assourdissant. Blair était allonge sur la banquette arrière et semblait dormir. A l'avant, le capitaine avait les yeux fixes sur la route comme si elle allait disparaître. Jim, assis à ses côtés, essayait de garder son calme. Chaque fois qu'il voyait Blair dans cet état, il avait des envies de meurtre. C'était son guide et il se devait de le protéger, il détestait se sentir désarmé. Un appel radio interrompit le cours de ses pensées.

— Taggart à Banks

— Ellison pour Banks

— Toutes les unités sont en place, on attend plus que vous

— On sera là dans cinq minutes. Prévoie les ambulances, Blair ne va pas bien du tout et Wardfield doit être dans le même état.

— Maggie Walsh m'a déjà appelé, elle est en route

— Bien reçu ! Termine

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Mark retourna voir les deux captives. Il eut un sourire sur les lèvres en voyant la petite amie de son jouet inconsciente. Il s'approcha néanmoins d'elle et commença à ouvrir son peignoir quand une voix l'interrompit.

— Dites donc, espèce d'ordure ! Vous pourriez vous en prendre à quelqu'un de votre gabarit !

— Mais ne vous inquiétez pas, votre tour viendra

— Plutôt mourir !

— Ceci aussi arrivera mais chaque chose en son temps

— Charmant programme mais je ne suis pas intéressée

— Qui vous a dit que vous aviez le choix ? dit Mark qui se repenchait sur Jessica

— Dans ce cas, commencez par moi et laissez-la tranquille !

— Vous vous croyez maline ? Vous croyez que le fait de jouer les martyrs va la sauver ? Balivernes, elle va mourir et dans très peu de temps.

— Justement vous ne préférez pas une femme bien vivante ? dit-elle en jouant les séductrices. Tout était bon pour épargner à Jess ce que ce fou pensait leur faire subir.

— En y réfléchissant bien, ça m'excite quand une femme se débat et me supplie d'arrêter, répondit-il se rapprochant d'elle.

— Alors viens mon grand, on va bien s’amuser.

Mark ne se le fit pas dire deux fois. Il vint s’asseoir derrière elle et commença à l’embrasser dans le cou. J'aurais mieux fait de me taire, pensa-t-elle en grimaçant. Il commença à faire courir ses mains sur le corps de la jeune femme quand il entendit une explosion.

— Qu'est ce que c’est encore ! Tony ! Qu'est ce qui se passe ?

Tony ne répondit, il était aux prises avec deux agents du SWAT qui le maintenait fermement à terre.

— Tony !

Mark se releva et toisa de toute sa hauteur Sarah qui ne pouvait s'empêcher de sourire.

— Ne te réjouis pas trop vite, je n’en ai pas fini avec toi

— Ça, c’est ce que vous croyez !

Mark fit demi-tour et alla rejoindre ses hommes. Il ne remarqua pas que Sarah lui tirait la langue en se rapprochant de Jessica. La fin de ce cauchemar était proche et il ne fallait pas qu'elle sombre avant de recevoir l'antidote.

— Police ! Haut les mains ! cria la Sentinelle

— Comment... ? Vous êtes mort ! Il vous a tué ! dit Mark en apercevant Jim

— Il faut croire qu'il n'est pas aussi efficace que vous le pensiez

— Alors il mourra et sa petite amie aussi !

— Je n'en serais pas aussi sûr, dit Blair en apparaissant derrière Jim. Il tenait à peine debout et avait une arme dans la main droite, avec laquelle il visait celui qui le tourmentait depuis presque deux jours.

— Si vous me tuez, vous n’aurez jamais ceci, dit Mark en sortant un petit tube de la poche intérieure de sa veste.

Blair aperçut un produit vert qui ressemblait à de la menthe à l'eau.

— Aucune importance, on a trouvé l’antidote.

— Vous bluffez ! Si vous aviez l'antidote, pourquoi ne l’avez vous pas déjà pris ?

— Il n'a pas encore eu le temps d'agir

— Bien essayé mais si vous l'aviez pris, vous ne trembleriez pas autant

Blair jeta un coup d’œil à Jim qui était à côté de lui. Il murmura très bas : rate. La sentinelle acquiesça de la tête. Mark les regarda, ils étaient pitoyables tous les deux. Il ne voyait pas comment s'échapper. Ses trois hommes étaient aux mains des policiers, l’issue de devant était la seule de l'entrepôt utilisable, les autres avaient été murées à la fermeture de l'usine. Il eut une idée. Il prit l'antidote et le lança le plus fort possible dans les airs. Tous les hommes retinrent leur souffle. Si le tube se cassait, les deux victimes mouraient. Blair s'élança mais ses forces le trahirent et il se retrouva face contre terre. Mark en profita pour aller vers le fond de l’usine. Simon qui avait assisté à la scène s'élança dans l’espoir de rattraper le tube. Jim fut plus rapide et le saisit au vol. Il fut déséquilibré et tomba lourdement sur le sol. Simon crut un instant que le tube s'était cassé, il poussa un soupir de soulagement quand Jim ouvrit la main et que l'antidote apparut, intact. Jim se releva et le confia à Maggie qui venait d'arriver.

La Sentinelle chercha à repérer Jessica, le temps pressait, son état devant être plus grave encore que celui de son guide.

Tiens bon Jess, ils sont là. N'abandonne pas maintenant

Jim repéra sans problème l'endroit où elles étaient. Il fit signe a Simon de le suivre, celui-ci ne chercha pas à comprendre et suivi son inspecteur. Ils arrivèrent assez vite au fond du bâtiment et virent Mark attraper violemment Sarah par le bras. Elle n'était pas d`'ccord et se débattait.

— Tiens-toi tranquille ou je mets une balle dans la tête de ta copine !

— Lâchez-la, dit Jim froidement

Mark pivota, utilisant Sarah comme bouclier entre les policiers et lui.

— N'approchez pas sinon elle y passe !

— Ne l'écoute pas Jim, fais ce que tu as à faire, dit Sarah en essayant de se dégager

— Ne faites pas l'imbécile ! Relâchez les et j'intercéderais en votre faveur auprès du procureur, dit Simon inquiet

— Allons, ne vous moquez pas de moi ! Je sais très bien que vous n'en ferez rien.

— Je vous avais dit que vous alliez devoir payer, dit une voix sèchement

Mark tourna la tête vers la voix et vit Jessica qui le regardait méchamment. Sarah en profita pour lui donner un coup de coude dans les côtés lui coupant le souffle. Elle se baissa aussitôt, laissant à Jim l'opportunité qu’il attendait. Il visa et toucha l’homme a l’épaule. Jim lui mit les menottes et se retint de le tuer. Ce type était une ordure mais il était trop pressé par le temps pour s’en occuper maintenant.

Maggie essayait vainement de convaincre Blair de prendre l'antidote. Celui ci refusait, il voulait que Jessica soit la première à en bénéficier au cas ou il n'y en ait pas suffisamment. Maggie allait le lui injecter de force quand elle vit Jim ramenant Jessica dans ses bras. Simon, Sarah et Mark le suivaient. La jeune femme ne se priva pas de lui donner un coup de pied dans le tibia quand le capitaine le confia aux policiers en uniforme pour qu'ils l’emmènent au Central.

— J'espère que tu auras beaucoup de prétendants, et qu’ils te courtiseront de la même manière que tu as voulu nous courtiser !

Jim et Simon la regardèrent sans comprendre mais il n’était pas encore temps de demander des explications. Le plus pressé était d’injecter l’antidote et d’emmener les deux malades à l'hôpital.

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Devant la vitre des soins intensifs, Simon et Jim regardaient Blair et Jessica dormir. Ils avaient eu beaucoup de chance que Maggie ait pu leur injecter l’antidote à temps.

— J'ai eu un appel du FBI, figure toi que Mark Smith est recherché dans trois Etats pour meurtres et kidnappings. Ils vont passer le prendre ce soir.

— Tant mieux sinon je ne pourrais répondre de rien. Apres ce qu'il vient de faire leur endurer, je suis capable de le tuer a mains nues si nos routes se recroisent.

Des éclats de voix les firent se retourner. Sarah était entrain d'accourir vers eux une infirmière sur ses talons. Ils ne purent s'empêcher de sourire en voyant la scène.

— Mais qu'est ce qui se passe MacLane ?

— Ce qui se passe ? Vous voulez savoir ce qui se passe ? dit-elle, sa voix pleine de colère. Cette maudite infirmière veut me coller une seringue longue comme le bras !!!

— Vous ne croyez pas que vous exagérez un peu ?? répondit Simon un énorme sourire sur le visage

— C'est franchement pas drôle, dit-elle vexée

— MacLane vous avez de la chance que je ne vous colle pas un rapport. Allez faire cette prise de sang sinon je vous mets aux archives pour les six prochains mois !

— Mais capitaine...

— Je serais toi, je n'en rajouterais pas..., reprit Jim un sourire en coin

— Si toi aussi tu t'y mets.

— Et tu n’as encore rien vu.

— Ok vous avez gagné pour cette fois. Mais dites moi d'abord comment vont-ils ?

— Ils sont hors de danger mais il leur faudra un peu de temps pour s’en remettre complètement

— Il n'y aura pas de séquelles alors ?

— Non et maintenant je te conseille vivement de suivre cette gentille dame.

— Oui, dit-elle résignée en faisant demi tour.

Elle réussit à éviter Joël qui déboulait en trombe dans le service. Maggie n'eut pas cette chance et percuta le capitaine, un plateau de soin dans les mains. Joël aida l'infirmière à ramasser ses affaires et au moment ou il la regarda, il bafouilla quelques mots d'excuses. Maggie n'y fit pas vraiment attention, elle venait de voir Joël sous un nouvel angle. Celui de l'homme de sa vie. Sarah les regarda étonnée mais reprit bien vite le chemin des urgences quand Jim lui fit un regard menaçant. Maggie devint rouge pivoine quand Joël l'invita à dîner, mais ne refusa pas l'invitation.

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Blair s'était réveillé. Il avait aperçu Jim et Simon par la vitre de séparation mais ne leur avait pas vraiment prêté attention, il avait une chose plus importante à faire avant de s’expliquer avec eux. Il ouvrit le rideau et vit Jessica endormie. Sans faire de bruit, il vint s’asseoir au bord du lit. Il savait qu’elle était sauve mais avait l'air encore mal en point. Son visage était pâle, ses cheveux dénoués s'étalaient sur l'oreiller et des cernes étaient visibles sous ses yeux. Il contempla la femme qu’il aimait tout en se demandant si elle partageait ses sentiments et aussi, si elle arriverait à lui pardonner un jour de l’avoir entraîné dans cette histoire. Il lui prit la main et commença à lui parler. Ce serait beaucoup plus facile de tout lui dire si elle était endormie.

— Jess... Si tu savais à quel point je m’en veux de t'avoir mise en danger. Je sais bien que tu ne me pardonneras jamais mais un jour... Peut-être que tu le feras. J'ai tellement de choses à te dire et tellement peur que tu me rejettes. J'ai lu tellement de haine dans tes yeux quand tu as cru que j'avais tué Jim...

— Parce que je ne savais pas la vérité.

Blair eut un sursaut quand il s'aperçut que Jess le regardait. Il ne savait pas à quel moment elle s'était réveillée mais il se sentait tout d'un coup gêné. Elle le remarqua et prit la parole.

— Je ne t'en veux pas, tu ne pouvais pas savoir qu'il allait me kidnapper et m'injecter du Denophoral.

— J'aurais dû m'en douter quand j'ai retrouvé Charlie mort.

— Arrête de culpabiliser Blair, dit la jeune femme en lui serrant la main

— Si je ne t’avais pas appelé...

— Je n'aurais jamais su que tu m'aimais

Un silence s'installa entre eux. Blair n’arrivait pas à sortir les mots qu’il avait si souvent dit. Il n’avait jamais eu de problème pour les dire mais là, c’était différent car il espérait construire quelque chose avec Jessica Wardfield.

— Tu le pensais vraiment ?

— ... Oui, dit-il en osant à peine la regarder dans les yeux

— Ça fait longtemps que tu sais ?

— ... Dès la première fois où je t’ai vu. Tu étais si belle dans ton tailleur gris quand tu as franchi le seuil de la crime que mon cœur en a raté un battement.

La jeune femme rougit en entendant ce compliment.

— Je t’ai trouvé pas mal non plus, répondit Jess d’une toute petite voix

Blair sourit, elle avait l’air d’une gamine prise en faute. Il se leva et s’approcha lentement d'elle. Jess ne le quittait pas des yeux, impatiente et appréhendant ce qui allait se passer. Blair lui caressa la joue et vint déposer un léger baiser sur ses lèvres. La jeune femme sentit une vague d'émotions l’envahir et lui passa les bras autour du cou. Il ne résista pas longtemps et l’embrassa passionnément. Jim et Simon se détournèrent en voyant la scène.

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Quelques mois plus tard, tout le monde était réuni dans la petite église de Brenanstreet. Les conversations allaient bon train. Les premiers accords de la marche nuptiale retentirent et tout le monde reprit sa place en silence. La mariée apparut dans un tailleur blanc casse. Elle tenait un bouquet de roses blanches dans les mains. Simon la conduisit jusqu`a l`autel, il avait été honore quand elle le lui avait demande. Les futurs mariés écoutèrent religieusement le prêtre Thomson faire son sermon.

— Monsieur Joël Michael Taggart, voulez-vous prendre cette femme pour légitime épouse ?

— Oui, je le veux, dit-il un grand sourire aux lèvres

— Mademoiselle Margaret Estelle Walsh, voulez vous prendre cet homme pour légitime époux ?

— Oui, je le veux

— Par les pouvoirs qui me sont conférés par l'Etat de Washington, je vous déclare unis par les liens sacres du mariage. Vous pouvez embrasser la mariée, dit le père Thomson en faisant un clin d'oeil a Joël

Quand ils s’embrassèrent, un déluge d'applaudissements retentit dans l’église. Blair et Jessica étaient au premier rang avec Jim et Sarah. Ils étaient tous les quatre heureux de voir leurs deux amis se marier. Joël avait eu du mal à décider Maggie qui pensait qu’à son âge se remarier était une folie. Son fils, David, avait réussi à la convaincre en organisant un dîner aux chandelles sur la péniche d’un ami. Sa mère avait été surprise quand elle avait découvert que c’était lui qui avait organisé tout cela avec son prétendant et qui assurait le service. C'était pour David une manière de lui dire qu'elle avait sa bénédiction pour se remarier. Les mariés sortirent sur le parvis de l'église sous une pluie de pétales de rose et de riz.

 

FIN